Bloodhammer - Kuusi hymniä syvyyksistä
Chronique
Bloodhammer Kuusi hymniä syvyyksistä
Et si le Diable dansait ? Qu’est-ce qu’il danserait ? Je veux dire... il bougerait son corps comment ? Je n’y avais pas spécialement réfléchi jusqu’à maintenant, d’abord parce que s’il y a bien quelque chose que je trouve ridicule et futile, c’est bien la danse. J’avoue, j’ai tenté aussi, il y a plus de 20 ans j’ai fait des mouvements excités avec mes membres dans ce charmant espace désormais disparu qui s’appelait La Locomotive... J’ai pu constater que cet exercice semblait nécessaire pour convaincre une personne du sexe opposé de notre potentiel intérêt. Je n’ai pas dû être assez doué, je suis rentré seul.
Le Diable, lui, j’ai l’impression qu’il se tape tout ce qui passe, pas une ne lui résiste. Donc je me disais qu’il devait se débrouiller pas mal en danse. Ou alors que lui, c’est pas à la Loco qu’il va chercher ses proies... Enfin, quoi qu’il en soit, je me disais que s’il dansait, ça devait de toutes façons être plus tribal que dance floor. Je l’imagine plus se trémousser comme un Indien qui veut faire tomber la pluie que John Travolta dans Pulp Fiction. Ou alors il se contente de taper du pied, assis sur son trône. Je ne le vois pas non plus sauter dans tous les sens. Il réserve ça aux aliénés qui ont fini chez lui. Dur donc de deviner ses gestes, mais il y a une chose dont je suis sûr désormais, c’est la musique qu’il écoute dans ces moments-là. C’est BLOODHAMMER.
Le groupe finlandais a toujours servi notre Maître avec ferveur, et tout en lui sue le monde des Flammes. Il suffit de voir la pochette du premier album sorti en 2003, celle de Abbedissan saatanalliset houreet, que je n’ose même pas reproduire ici ! Une sœur en train de tenir un généreux pénis dans la main. Pas un dessin, mais une photo. C'est pas très miam. Et le nom des pistes non plus n’a jamais laissé place au questionnement : « Nail, Rape & Desecrate », « 666 Manics » sur ce premier essai, « After the Fall of Human Race » ou encore « Omega Beast » sur le second, les deux membres ensemble depuis bientôt 20 ans ne sont pas vraiment des saints. Et oui, près de 20 ans les loulous ! Et c’est seulement leur troisième album qui sort en toute fin 2016, malgré de nombreux EP et surtout splits.
Le temps n’a rien altéré à leurs intentions. Et bien que la pochette soit plus sage et finalement peu connotée « Satan », tout le reste l’est bel et bien. À tel point que le CD est brûlant. Il a la chaleur de l’Enfer. Difficile de le sortir de son boitier et de le glisser dans la sono sans se cramer la main. Et ce sont des brûlures en forme de croix de saint Pierre qui restent à chaque doigt ! Six pistes. Uniquement six pistes, le 6 du chiffre de la Bête sans doute. Et des titres évocateurs comme « Leviathan Rising », « Chapel of Burning », « Black Exorcism »... Les paroles ? Petit florilège :
“I summon thee to return
I summon the with might
Our cult shall rise again
This I have sworn”
“Burning in chapel
Burning for devil
Burning to ashes
Burning forever”
“Open the graves to baptize the dead
Open the graves… with goat’s blood
Open the graves… with black exorcism
Open the graves… the holy spirit dies”
Ça, c’est sûr que c’est pas vraiment le programme de Mélenchon ou Macron ! C’est celui du Malin, qui nous attend bien au chaud. Et il exulte face à ces compositions qui ne sont pas particulièrement survoltées, pas si rapides qu’on pourrait le penser, mais totalement evil. On y sent du BATHORY occulte, du black metal crade et possédé. Et le démon ne résiste pas à danser, de la danse que vous lui accorderez. Mais même si je parle de noirceur, il y a bien des mélodies, et même des chœurs qui se cachent discrètement dans les coins de chaque piste. La première commence d’ailleurs avec des riffs plutôt clairs, mais la lourdeur de la basse, la batterie assommante et les vocaux possédés tirent bien l’ensemble vers le bas. Les chœurs se trouvent sur les pistes 2 et 3, légers. Ils sont comme des draps de velours. Doux, superposés aux cris principaux, ils caressent les jambes du démon. Très éthérés, ils ne rendent pas les ambiances douces car suffisamment mis en retrait. Et puis le rythme est plus lent sur « The Void and Abyss », nous happant peu à peu tout au fond de sables mouvants noirs et crasseux. « Black Exorcism » a quant à lui un groove dérangeant. C’est sûrement sur celui-ci que Satan bouge le plus. Laid, mais donnant envie de faire des mouvements incontrôlés tout en écarquillant les yeux au maximum.
BLOODHAMMER sort alors un album de qualité, mais qui doit s’écouter avec parcimonie, destiné principalement aux moments de détente du Diable. Je ne suis pas le Diable, donc je ne suis pas constamment touché, mais les ambiances savent convaincre !
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