Nightbringer - Apocalypse Sun
Chronique
Nightbringer Apocalypse Sun
Fatiguant, éprouvant. Comme l'Alpe d'Huez en vélo ou comme un examen sur table de six heures chrono. Voilà comment apparaît de prime abord « Apocalypse Sun », second full-lenght des américains mystérieux (et aimant mettre des capuches noires dans le désert visiblement...) de Nightbringer.
Rarement il m'aura été donné de voir un disque aussi long, impénétrable et presque pénible lors des premières écoutes. Soixante-six minutes de voyage dans un enfer lissé et incantatoire d'une exigence à toute épreuve. Prenons un exemple : Nightbringer est le chauffeur d'un bus dans le Colorado, de dernier part avec cinquante fans de Black Metal au début du trajet. À la fin, il n'en restera plus que cinq. Pourquoi ? Parce que la formation a le don pour volontairement larguer ses auditeurs au fil de l'album. Un trip totalement « Attrape-moi si tu peux » que n'aurait certainement pas renié Leonardo Di Caprio.
Et c'est bien pour cette raison qu'il est exténuant d'écouter « Apocalypse Sun », de chercher dans le son quelque chose d'attirant ou au moins quelque chose de connu à quoi nous raccrocher. Il faut s'investir, ne pas se laisser décourager alors que pourtant on a farouchement l'impression de chercher un MacDonald en plein Sahara. Le plus fourbe dans toute cette histoire, c'est qu'on ne trouvera rien mais qu'on y retournera bien content de tenter une nouvelle fois l'épreuve colossale et labyrinthique que nous propose le quartet.
Si on aime être largué alors on aimera Nightbringer pour cette sécheresse et cette absence totale d'attrait qui paradoxalement nous pousse à remettre le couvert. C'est en cela que beaucoup de mélomanes vous dirons que « Nightbringer est un groupe qui chercher à percer mais ne réussit pas ». Et bien non. « Apocalypse Sun » teste son auditeur. « Tu aimes Marduk ? Darkthrone ? Tu vas voir ailleurs parce que si tu m'écoutes, c'est pour m'aimer moi... » pourrait presque nous dire le CD. C'est sûr, la musique est élitiste, à tel point qu'elle semble pousser le pauvre auditeur à bout jusqu'à ce qu'il revendique le plaisir masochiste qu'il éprouve à se perdre dans cette procession volontairement chaude, hallucinée et occulte.
« I Am I », premier titre, introduit en lui seul ce concept de Black Metal semblant ralentir le temps et l'espace. Alors qu'il dispose d'une longueur certes conséquente sans être pour autant énorme, « Apocalypse Sun » paraît infini : croupi, déshydraté et asservi comme un rituel millénaire qui semble ne jamais finir. Certains diront tout simplement qu'on s'emmerde et ils n'auront à mon sens pas compris que c'est l'essence même d'un titre comme « Found The Ninted God-Head » de donner ce sentiment d'infinie temporalité. « Réussiras-tu notre test, résisteras-tu au temps qui s'écoule ? », il m'est avis que c'est là que la formation veut aller comme si elle était à la fois contemplative et contemplée par le sablier lui-même.
Dans cette nuit blanche hors de tout repères connus, ne comptez pas sur la lumière. Comme l'indique son patronyme, l'entité mise absolument tout sur un univers seulement éclairé par les reflets de la lune sur les pierres arides ou sur le sol craquelé. « Serpent of The Midnight Sun » ou encore « Goblet of Sulphur And Poison » illustrent à mon sens parfaitement cet image de groupe dont le côté nocturne est impénétrable.
Alors certes, au bout d'un nombre conséquent d'écoutes et d'une plongée plus précise et contrôlée dans le disque, ce dernier vous révélera quelques secrets, quelques mélodies que vous pourrez identifier facilement. Comme le riff de départ qui est identique au riff final de l'opus, un détail qui ne vous frappera qu'au bout de deux ou trois écoutes. Néanmoins, « Apocalypse Sun » restera toujours un disque flou, étouffé et compacté sans quoi il perdrait bien évidemment son intérêt.
Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Ce disque est particulier, complexe et c'est éreintant de s'y plonger sans être lassé par ses multiples passages complexes et rébarbatifs. Si tu aimes te perdre dans tes pensées, dialoguer avec ton cerveau en regardant par ton Velux les nuages qui défilent ou t'allonger dans la terre quand il fait trente-cinq degrés : « Apocalypse Sun » est fait pour toi. Pour le reste, je pense que tu dois passer ton chemin...
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