Örth - Nocturno Inferno
Chronique
Örth Nocturno Inferno
On a tout dit ou presque sur les débuts de la scène Black Norvégienne, sur ses groupes originels, sa philosophie et les excès en tous genres qui en ont découlé, pourtant il arrive parfois que l’on découvre encore des objets rares et collectors, qui sentent le soufre et qui nous font faire un bond en arrière comme c’est le cas avec ce trio aujourd’hui exhumé. Celui-ci faisait partie justement de ses formations totalement oubliées alors qu’il était parmi les pionniers du genre, notamment à Bergen d’où il était originaire (à l’instar d’IMMORTAL et GORGOROTH), dont d’ailleurs le destin mêlera les trois groupes via des membres en communs. En effet fondé en 1992 ÖRTH (devenu depuis ARVAS) comptait à l’époque en son sein le chanteur/guitariste Vassago Rex (toujours dans l’aventure aujourd’hui), le bassiste Ares et surtout le mythique et regretté batteur Grim (disparu en 1999 – et dont le suicide mettra fin à l’existence du combo), qui n’enregistreront ensemble que ce seul et unique album, avant que la mort ne frappe à leur porte et que le duo restant décide de changer de nom. Tout en étant toujours membres du combo, le bassiste et le frappeur apparaîtront aussi avec la bande à Infernus (sur le mythique « Under The Sign Of Hell »), ce dernier amènera également ses baguettes sur trois disques de BORKNAGAR et sur la fameuse tournée « Pure Holocaust » avec Abbath et Demonaz. Autant dire que niveau qualité c’est du lourd, et c’est ainsi qu’avec son membre fondateur tout ce petit monde arrive en 1996 aux mythiques studios Grieghallen pour mettre en boîte ce disque, qui finalement ne sortira jamais pour d’obscures raisons de contrat et de problèmes de distribution, pour se faire progressivement oublier et mieux réapparaître plus de deux décennies après.
Car bien que les années soit passées, on va avoir droit durant quasiment trois-quarts d’heure à une vraie plongée dans les ténèbres et un voyage dans le temps vers une époque sulfureuse, car après la traditionnelle introduction « The Silence Of The Guide » nous met directement dans l’ambiance avec ses riffs glaciaux d’une noirceur extrême, conjugués à des cris inhumains et une batterie hypnotique et répétitive qui alterne entre parties mid-tempo, passages de doubles carrés et blasts ravageurs. Ce résultat très bon met d’entrée la barre très haut, et la suite va être du même acabit avec d’abord « A Sign In Time » qui en moins de trois minutes et en étant plus directe que la compo précédente réussit à prouver que le trio est tout aussi à l’aise, ici c’est plus rapide et entraînant, voire même remuant, le tout avec quelques ralentissements au milieu d’une vitesse générale assez élevée. Mais comme on a pu l’entrevoir les gars ne sont pas du genre à répéter indéfiniment le même schéma sur le même rythme, et « Bonded » ne fait pas exception à la règle car ce quasi-instrumental peut presque faire office d’interlude, vu qu’ici hormis quelques rares mots susurrés avec délicatesse l’ensemble reste sur une base plutôt calme tout en gardant sa froideur et son obscurité palpable. Le tout permettant une accroche totale et apaisante idéale avant d’entamer la suite qui va encore grimper en intensité et qualité. Tout d’abord avec « The Worshipper » où toute la palette de jeu des gars est étalée au grand jour pour là-encore aucune linéarité ni répétition, à l’instar de l’excellent « Moonstorm » (qui porte très bien son nom) qui sous son air primaire et simple se révèle être un triptyque plus qu’intéressant. Après un démarrage en trombe et hyper agressif, l’ensemble va se calmer et s’alourdir pour apporter un côté neigeux pour annoncer la tempête à venir, celle-ci finit par arriver en conclusion en balançant des blasts particulièrement énervés, le tout avant d’entamer une nouvelle courte pause. Car pour repartir au combat il est agréable de se poser un peu pour reprendre des forces et sa respiration, et celle-ci tombe à pic et fait du bien avec cette guitare acoustique calme et angoissante qui nous prépare à plonger dans l’inconnu comme avec « Path Of Sorrow ». Plus lent et entraînant que le reste il nous gratifie en prime d’un solo à l’arrache et désespéré, où l’on sent que les Scandinaves mettent leurs ultimes forces dans la bataille, ces dernières étant en train de les quitter, du coup ils mettent tout ce qu’il leur reste en y ajoutant un côté épique très agréable, pour un résultat différent de ce qu’on a pu entendre, et qui sonne comme le chant du cygne.
Malgré que cet opus ne soit pas encore terminé on a l’impression que ses géniteurs ont tout donné et ça n’est pas la troisième partie de l’interlude (« Hymn Des Mortes Pt. 3 ») qui prouvera le contraire, car pendant plus de huit minutes on a droit à une série de riffs et notes quasi-identiques, où les autres instruments sont absents. Bien quel quelques chœurs y soient intégrés à la fin l’ensemble se révèle bien trop long et ennuyeux pour que l’on s’y intéresse, tout comme « Den Gamle Manns Profetier » qui clôt les hostilités de manière honnête mais néanmoins moins inspirée, où se mêle quelques relents de Punk au milieu de voix superposées pendant les couplets et dont on ne voit pas l’intérêt. Cependant il ne faut pas résumer cette galette à cette fin en dessous du reste, car outre une écriture imparable et un vrai sens du riff il faut aussi saluer la production typiquement 90’s à la fois Raw et crade mais totalement audible (où la basse ronflante permet aux titres de gagner en épaisseur), et dont on ne peut nier l’homogénéité générale. Sans grosses faiblesses et malgré une pochette rudimentaire qui fait plus penser à un bootleg qu’autre chose, il est temps de découvrir cette œuvre qui sent bon les fjords et les églises calcinées, et aurait pu avoir son heure de gloire à l’époque, afin de s’offrir une séance nostalgie forte agréable et bienvenue où l’on se rappellera l’héritage des grands anciens et l’apport des chers disparus.
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