Nordjevel - Gnavhòl
Chronique
Nordjevel Gnavhòl
Devenu désormais un outsider sérieux et crédible au sein de son pays comme de la scène noire internationale le combo d’Askim a pris l’habitude de revenir régulièrement avec de la musique à offrir, histoire de ne pas se faire oublier et prouver que le temps n’altère pas la qualité de ses sorties. C’est exactement le cas de ce troisième album qui succède au sympathique
« Necrogenesis » et à l’Ep
« Fenriir » qui montraient de biens belles choses tout en conservant une base très conservatrice qui sied parfaitement à l’entité, et ce même si un soupçon de nouveauté va pointer le bout de son nez et faire de ce disque le plus long jamais sorti par elle jusqu’à aujourd’hui. Car avec cinquante-cinq minutes au compteur on peut dire que les Norvégiens se sont fait plaisir et offrent de la matière à écouter pour leur auditoire, un choix qui sur le papier est franchement plaisant mais qui va de fait montrer certaines lacunes via notamment certains titres beaucoup trop longs et répétitifs. Si on savait que le quatuor était capable d’allonger sa matière assez régulièrement sur les conclusions de ces deux précédents opus il ne s’en est ici pas seulement contenté, n’hésitant pas à sortir la rallonge à plusieurs reprises sans que le rendu ne soit franchement convaincant quand c’est le cas.
En effet sur trois des plages présentes ici le ressenti est exactement le même, à savoir une écriture bien foutue à défaut d’être géniale mais dont la durée va plomber l’intérêt jusqu’à faire plus ou moins décrocher en route et donner envie de zapper rapidement. Pourtant il y’avait des arguments à faire valoir ici entre la brutalité de « Of Rats And Men », le côté rampant et neigeux bien troussé de « Gnavhòl » ou encore la seconde moitié remuante et addictive de « Endritual » (qui ne remplacera hélas pas une introduction lente et interminable, où l’on a la sensation d’écouter en boucle la même chose). Pourtant il serait dommage de réduire ce nouveau volet des nordiques à ces passages mitigés car quand ceux-ci se montrent plus directs et courts ils sont tout de suite plus accrocheurs et vindicatifs, donnant instantanément l’envie d’en découdre. Cela est le cas d’entrée sur le redoutable et violent « I Djevelens Skygge » qui tabasse à mille à l’heure (avec un débit de mitraillette impressionnant), durant la plus grande partie de son temps… et ce même si l’on peut entendre un court ralentissement pour reprendre son souffle au milieu de ce déluge sans concessions direct et brutal, qui sent bon la noirceur et l’obscurité des longs hivers locaux. Cette vision musicale exacerbée et virulente va se retrouver également sur les très bons « Satans Manifest », « Within The Eyes », « Antichrist Flesh », « Gnawing The Bones » ou encore « Twisted Psychosis », qui bien que marqués du sceau du classicisme absolu vont être parfaitement exécutés et faire le boulot comme il faut, en intégrant à la violence latente des ambiances glaciales tempétueuses ainsi que de courts ralentissements comme du mid-tempo implacable pour taper du pied et aux accents épiques (ce dernier point trouvant encore plus sa place sur le redoutable « Spores Of Gnosis » à l’introduction douce et gelée).
On aura donc compris que l’alternance est majoritairement la règle ici et c’est tant mieux, tant le rendu général reste très balisé et sans surprises même si c’est parfaitement exécuté et d’une grande justesse technique. Si l’on regrettera l’attractivité inégale entre les compositions de ce long-format et qu’on aurait apprécié plus de sobriété temporelle, on ne va cependant ne pas faire la fine bouche et écouter sans problème le dynamisme général qui en transparait quand les cheveux sont lâchés (surtout avec ce son de batterie très sec). Si tout cela ne fera toujours pas monter le groupe plus haut dans la hiérarchie nationale autant qu’à l’étranger il n’en a cure visiblement, vu qu’il se contente apparemment très bien de son statut de seconde division qui fait le boulot avec passion et l’amour du travail bien fait… même si rien ne se démarque du lot et que tout sera oublié dès l’écoute terminée. Ces points déjà présents auparavant seront là-encore actifs aujourd’hui avec ce cru 2022 loin d’être indispensable même s’il trouvera sans soucis sa place parmi les autres réalisations en commun de ces vieux briscards, néanmoins bien qu’il contienne des bons moments on retournera rapidement vers les classiques immortels et indémodables beaucoup plus mémorables et jouissifs et aux sensations décuplées à chaque fois.
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