Nordjevel - Necrogenesis
Chronique
Nordjevel Necrogenesis
Malgré des plannings musicaux plus que chargés les membres de NORDJEVEL continuent de trouver le temps de s’occuper de ce projet, qui depuis ses débuts en 2015 nous a habitué à proposer une sortie par an ou presque. Cependant on sait trop bien que qualité et productivité ne font pas toujours bon ménage, ceci était le cas sur l’album éponyme qui montrait un Metal noir brut et sans concessions particulièrement énervé mais aussi un peu trop générique, surtout quand on voit le pedigree des mecs. L’attente envers eux était peut-être trop forte et ce qui aurait fait un excellent disque pour un groupe débutant devenait une déception pour les scandinaves, d’où une certaine impatience pour cette suite histoire de voir si cela n’était qu’une erreur de parcours ou au contraire un mal qui perdure. Mais malgré tout l’espoir restait présent car des manœuvres se sont effectuées en interne avec plusieurs arrivées marquantes, et pas des moindres car à la guitare l’expérimenté Destructhor (MYRKSKOG, et ex-ZYKLON, MORBID ANGEL, 1349 et d’autres) a rejoint le leader Doedsadmiral, tout comme le batteur Dominator (ex-DARK FUNERAL, NETHERBIRD, SOULDRAINER …) qui reprend le siège laissé vacant par Fredrik Widigs qui a préféré se concentrer sur MARDUK et RAGE NUCLEAIRE.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que le démarrage de cet opus va se faire sous les meilleurs auspices avec l’excellent « Sunset Glow » qui va montrer toute la palette technique du combo, ainsi que son expérience pour jouer une musique simple, brutale et ultra-efficace. Misant ici principalement sur la vitesse on y retrouve de nombreux blasts où s’entremêlent des parties mid-tempo entraînantes et idéales pour donner de l’entrain. Alternant entre ces deux moments l’ensemble va ne va pas faiblir et lancer idéalement la machine qui va conserver le même enthousiasme avec le tout aussi réussi « Devilry », plus rentre-dedans mais tout aussi varié. Si quelques parties plus lentes apparaissent c’est pour mieux relancer l’allure et ainsi gagner en explosivité et en noirceur, et conclure ainsi cette doublette très classique sur le fond mais accrocheuse sur la forme. Pourtant après cette entrée en matière très convaincante la suite va connaître une baisse de régime regrettable, la faute à un manque d’idées et des longueurs évitables, car avec « The Idea Of One-Ness » (malgré un début et une fin où des notes douces et froides se font entendre) on perçoit déjà une certaine répétition des idées qui passent plus difficilement via une inspiration déclinante. Et même quand le niveau reste assez élevé une durée un peu excessive fait baisser l’attention, c’est le cas avec « Black Lights From The Void » qui a le mérite de ralentir fortement le rythme (les blasts y sont d’ailleurs absents), mais qui justement reste trop engoncé là-dedans pour s’y intéresser de fond en comble tout en voyant les ambiances y être mises trop en avant, au détriment de l’agressivité qui s’étiole progressivement et de l’ensemble qui s’essouffle à cause de plans répétés trop fréquemment.
Si à ce moment-là l’opus joue les montagnes russes au niveau de la qualité, celle-ci va remonter grâce à un retour en force de la vitesse et du tabassage réglementaire, via les redoutables « Amen Whores » qui ne laisse pas une seconde de répit (et montre toute la dextérité et la précision du nouveau frappeur derrière son kit) et permet ainsi de retrouver une efficacité imparable, tout comme pour « The Fevered Lands » qui reprend à peu près le même schéma, tout en le dépouillant encore plus en mettant de côté les quelques moments plus posés que l’on entendait auparavant. Certes là-encore il aurait été préférable de densifier un petit peu tout cela mais on ne peut que se réjouir de ce retour à une certaine simplicité, qui va s’achever avec l’épique et très bon « Nazarene Necrophilia ». Avec ses plans qui jouent l’alternance, donnent envie de taper du pied et de partir au combat, la réussite est ici présente et l’on se surprend à arpenter les fjords et forêts enneigées avec un grand sourire tant il n’y a rien à reprocher ici, c’est certes basique au possible mais ça emmène l’auditeur vers des contrées sauvages et rudes. Mais il était dit que cette livraison n’arriverait pas à être solide en permanence, car elle se termine de nouveau en eau de boudin, d’abord via l’ennuyeux et répétitif « Apokalupsis Eschation » (dont la construction reste invariablement plate et sans imagination), et surtout avec le surprenant « Panzerengel » qui ose l’originalité mais au final n’amène rien de plus. Il faut signaler qu’outre ses presque neuf minutes au compteur il comporte de (trop) longs passages légèrement tribaux ennuyeux au possible, et surtout voit l’apparition d’un break aux relents symphoniques (qui aurait eu toute sa place dans une bande originale de film) à l’intérêt franchement limité.
Du coup il est difficile de s’enthousiasmer dans ce dernier quart de l’album qui se termine de façon décevante, tant son démarrage laissait présager du meilleur. Si le tout est loin d’être parfait il y’a heureusement d’excellents moments qui permettent de regagner un certain intérêt (principalement quand ils lorgnent du côté de la radicalité de la bande à Morgan Steinmeyer Håkansson), à défaut de véritablement marquer les esprits. A cheval entre le très bon et l’anecdotique ce long-format sympathique confirme en tout cas que le quatuor reste un bon challenger de deuxième division, et qu’une superposition de grands noms en son sein n’est pas forcément signe de chef-d’œuvre. Si l’on appréciera revenir dessus de temps en temps, il fait malheureusement peu de doutes que ce second chapitre s’oubliera aussi vite que le précédent et se placera au même niveau que le récent DØDSFALL. D’ailleurs en guise de conclusion on pourra reprendre celle donnée récemment au duo par mon confrère Sakrifiss, qui résume ainsi très bien les choses : « Au final, c’est juste un bon petit album bien exécuté et sincère, sans plus ».
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