Eh bah, on aura attendu cette fois-ci ! 4 ans pour un nouvel album de
PURE, c’est long. C’est long pour deux raisons. D’abord parce que 4 ans, cela avait été le temps écoulé entre le 1er et le 4ème album ! 4 albums entre 2014 et 2017, aucun entre 2017 et 2021 ! Pourquoi ? Peut-être que Bornyhake, l’homme seul aux manettes, voulait privilégier ses 238 autres projets. 238 ? Bon, j’exagère un peu, il en a moins, mais nul ne sait exactement combien car il aime aussi jouer à cache-cache dans la scène black metal. Ce qui est sûr, c’est qu’il a beaucoup travaillé durant ces dernières années pour le plus connu de ses projets :
BORGNE.
[∞] en 2018,
Y en 2020,
Temps Morts en 2021 ! Je ne m’en suis pas plaint parce que de toute façon quoi que fasse le monsieur c’est de qualité, mais le temps m’a quand même paru long parce que c’est la musique de PURE que je préfère parmi toutes les palettes musicales du Suisse. Du coup
Kingdom of Wrath a eu 8/10,
Art of Loosing a eu 8.5 et J’aurais dû a eu 8. Et le petit nouveau,
Seeds of Despair, ne change pas les bonnes habitudes, il reçoit 8.5 grâce à des compositions simples, mais tellement efficaces, tellements propres à
PURE !
Mais avant la musique, ce qui a toujours caractérisé
PURE, c’est la valse des labels, et jamais il n’avait sorti deux albums sur la même écurie. Eh bien en 2021, il parvient presque à briser cette tradition ! « Presque » parce que cette offrande est une coproduction et ne sort donc pas chez une, mais chez deux maisons : une nouvelle et une ancienne. La nouvelle c’est Satanath Records, Russes bien réputés, et l’ancienne c’est l’Allemand Obscure Abhorrence Productions qui avait sorti le troisième album. Des semi-retrouvailles donc… Autre petit retour en arrière, l’utilisation de l’anglais pour le nom de l’album et des morceaux. Des noms tels que « J’aurais dû », « Je tuerais le monde pour ta lumière », « Le jour où je suis mort » laissent leur place à des « Seeds of Despair », « Speak in Silence », « Somewhere in the Night, Loneliness Dwells ». Là non plus je ne m’en plains pas, j’ai l’impression que l’anglais colle mieux aux ambiances de
PURE. Par contre, ceux qui veulent de la langue française seont comblés avec le livret. Il ne contient pas les paroles des morceaux mais un message qui se dévoile à chaque page. Un message que les cinéphiles reconnaitront tout de suite :
« On nait seul, on vit seul, on meurt seul. Et même quand on baise on est seul. Seul avec sa chair, seul avec sa vie, qui est comme un tunnel qu’il est impossible de partager.
Et plus on est vieux, plus on est seul, face à quelques souvenirs d’une vie qui se détruit au fur et à mesure. Une vie, c’est comme un tunnel. Mais au bout du tunnel, il n’y a pas de lumière. Il n’y a plus rien. Même la mémoire se décompose avant la fin.
Naître malgré soi, bouffer, agiter sa queue, faire naître, et mourir. La vie est un grand vide. Elle l’a toujours été, et elle le sera toujours. Un grand vidé, qui pourrait parfaitement se dérouler sans moi.
Mais moi, je n’ai plus envie de jouer ce jeu. Je veux vivre quelque chose de personnel, d’intense. Je ne veux plus être le dernier boulon interchangeable d’une énorme machine.
Le jour de ma mort, je ne veux pas avoir l’impression d’avoir vécu les mêmes conneries que tous les millions de crétins qui s’entassent sur cette planète. En somme, ce que j’ai vécu, le dernier des trous du cul l’a vécu lui aussi.
Soit t’es né avec une bite, et tu n’es utile que si tu te comportes comme une bonne bite bien dure qui bourre des trous. Soit t’es né avec un trou, et tu ne seras utile que si tu te fais bien bourrer. Mais dans les deux cas t’es tout seul. Oui, moi je suis une bite. C’est ça. Je suis une misérable bite. Et pour me faire respecter, il faudra que je reste toujours bien dur. »
Bornyhake s’approprie ces mots de Gaspard Noé, mais il y a une grande différence entre le personnage qui les dit dans le film et lui-même, c’est que son black metal a fait de lui autre chose qu’un simple « bite » et qu’il a déjà réalisé des choses fortes qui resteront gravé dans la mémoire de nombreuses personnes. Mais voilà,
PURE se fait un représentant idéal de ce dialogue et parvient à en retranscrire fidèlement les sentiments. Il y a de la haine, mais il y a aussi tellement d’impuissance, de résignation, de rébellion désespérée…
Le black metal incorpore donc aussi bien des passages « purs », ainsi que beaucoup de moments torturés. La souffrance est palpable et les passages plus lents et plus lourds symbolisent bien cette impression de tunnel qui ne débouche sur rien d’autre qu’un vide nu. Car si la musique est pesante, c’est parce que notre existence aussi. Encore une fois le groupe trouve l’efficacité dans la simplicité, sachant faire parler chaque note, sachant créer des ambiances en quelques secondes. Parce que la simplicité de
PURE est finalement de l’authenticité. Très belle réussite, évidemment.
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