Khragkh - Ersatz
Chronique
Khragkh Ersatz
La Biélorussie. Avant de chroniquer le premier album du projet de Black Metal Biélorusse KHRAGKH, je ne connaissais pas grand chose de cet état balte indépendant depuis le début des années 90. Tout en écoutant leur premier album Ersatz ici chroniqué, j'ai un peu amélioré mes connaissances. Sans rentrer dans le détail, ce pays a beaucoup de choses en commun avec la Russie frontalière : un passé communiste, un président - dictateur indéboulonable, un régime autoritaire, un goût immodéré pour la vodka, un hiver long et glacial, de grandes steppes battues par les vents et une langue gutturale. Le pays est considéré par certains gouvernements et médias occidentaux comme étant le dernier régime autoritaire d'Europe, la vague de démocratisation des pays d'Europe centrale et orientale consécutive à la chute des régimes communistes en Europe ayant été rapidement réprimée dès 1992 sous la présidence de Stanislaw Chouchkievitch. L'actuel président biélorusse Loukachenko ainsi que la majorité de ses proches collaborateurs sont interdits de visa au sein de l'UE et des États-Unis depuis février 2011 en raison de leurs pratiques politiques qualifiées de dictatoriales et répressives (Wikipedia).
En synthèse, la Biélorussie dispose de tous les éléments constitutifs d'un bon Black Metal. Si vous en doutez, je vous invite à écouter Ersatz, premier album de KHRAGKH, groupe formé en 2013 qui n'avait jusqu'à aujourd'hui sorti qu'une démo éponyme. Le nom du gang se prononce kra (comme souvent c'est plus facile qu'il n'y parait) et signifie évanouissement en biélorusse, langue dans laquelle le disque est interprété. Les informations disponibles sur la formation sont rares et chiches. Rien sur Facebook, pas de site internet, un compte twitter anémique, une page Bandcamp spartiate. Il n'y a pas grand chose d'autre que les sept pistes de l'album à se mettre sous la dent et c'est tant mieux car elles se suffisent à elle-mêmes.
Sans être un concept album, Ersatz est un disque avec un fil conducteur. Les sept pistes traitent de l'aliénation, la torture, l'esclavage, la mort, la guerre, la domination du gouvernement sur les opprimés. C'est un manifeste en faveur de la liberté et un appel à la rébellion.
Plus guttural que le russe et assez voisin en sonorités des langues scandinaves, le bielorusse se marie à merveille avec l'atmosphère de Ersatz. C'est une langue qui n'a vraiment rien à voir avec la nôtre et qu'il est difficile (voire impossible) de décrypter pour un non slave. Les paroles sont disponible en anglais sur la page Bandcamp de l'album, mais il n'est absolument pas nécessaire de tout comprendre mot à mot pour entrer dans l'univers délétère de KHRAGKH. Les chansons sont si bien ficelées qu'elles vous cueillent dès les premières notes et vous emmènent en voyage sans effort ni contrainte pendant les trente petites minute de l'album.
La plupart des morceaux s'ouvrent avec un sample introductifs pour poser le contexte : gémissements masculins et féminins, bruits mécaniques d'engins de torture, souffle rauque d'une énorme bestiole. La musique quant à elle démarre sans introduction ni progression chromatique. Une seconde avant il n'y a rien, une seconde après vous êtes au beau milieu d'une instrumentation obsédante, comme un rituel. La batterie est mixée discrètement : le rythme de la grosse caisse est plus perceptible qu'audible, il vient battre dans votre tympan sans jamais prendre le dessus sur le riff répétitif qui se prolonge sur tout le morceau. Là-dessus, le chant geignard et plutôt aigu déroule sa litanie. C'est minimaliste (une guitare, une batterie), le mixage est au poil : le dosage entre instruments est parfait, l'espèce de reverb poussiéreux qui recouvre le tout est juste comme il faut, ni trop épais ni trop mince.
Même si le chant n'a rien à voir et bien que les thématiques soient très différentes, l'ambiance de Ersatz me fait penser à INQUISITION. Il y a dans les travaux des deux groupes ce côté un peu sériel de compos élaborées à partir d'ingrédients simples et dont la construction rituelle et répétitive fait tout le charme. Je n'irai pas jusqu'à dire que si vous aimez l'un vous aimerez l'autre, mais si vous aimez l'un, je vous conseille d'écouter l'autre.
| rivax 21 Juin 2017 - 1012 lectures |
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