Heir - Au Peuple de L’Abime
Chronique
Heir Au Peuple de L’Abime
La ville Rose chère à Claude Nougaro ne cesse de prendre l’ampleur au sein de la pléthorique scène Metal Française, car avec les livraisons réussies d’INSANE VESPER, FLESHDOLL et BLACK MARCH ces derniers mois y ont été particulièrement prolifiques et de haut niveau. Tout ceci crée une émulation bienvenue où chacun sent qu’il est obligé de se surpasser ou de faire dans l’originalité, afin de se faire remarquer dans le bon sens du terme. C’est ce qu’a su le faire HEIR qui malgré son peu d’expérience et sa relative jeunesse va marquer les esprits de 2017 qui se termine, en signant tout simplement une des plus belles réussites hexagonale de cette année, décidemment très riche en qualité comme en quantité. Avec une thématique générale qui parle de l’échec de l’homme face aux forces obscures qui l’entourent, sans forcément comprendre ce qui lui arrive et dont il ne peut changer le cours de choses, on se retrouve emporté en plein concept philosophique qui mélange habilement les contradictions et les tourments de l’âme humaine. Celui-ci se retrouve mélangé avec une infinie finesse par une musique à la fois lumineuse et obscure, où le soleil et la nuit apparaissent chacun leur tour au milieu d’une masse de nuages ou d’un brouillard épais et pratiquement impénétrable.
L’ensemble démarre avec « Au Siècle Des Siècles » au titre religieux par excellence, où dès le départ on est happé par une grande ligne de blasts (seulement interrompus furtivement par des parties de doubles) qui sert d’introduction sans en avoir le nom, avant que le rythme ne ralentisse et ne se fasse plus lourd et brumeux tout en conservant sa froideur. Ce tempo plus posé va rester un petit moment afin de renforcer l’impression de voyage entre deux eaux, avant que quelques courtes et légères explosions ne s’entendent afin de ne pas tomber dans la monotonie, mais comme pour prendre l’auditeur par surprise la musique va se calmer de nouveau afin d’offrir un break tout calme. Celui-ci nous gratifie de quelques notes coupantes, fines et désespérées, avant que les guitares ne repartent de plus belle, tout en gardant ce côté posé et massif jusqu’au bout, afin d’offrir un résultat magnifique et un titre à tiroirs passionnant. En effet ici se mêle intelligemment différentes parties qui s’accordent avec soin, et qui ne s’étirent jamais inutilement, pour un rendu exaltant à la fois brutal et posé. On va retrouver plus ou moins le même schéma de construction avec l’excellent « L’heure d’Hélios », ce dernier étant la personnification du Soleil pour les Grecs (et également le mythique Colosse de Rhodes), et le moins que l’on puisse dire c’est que la lumière est nettement présente durant l’introduction. A la fois douce, mélodieuse et lumineuse elle offre une parenthèse reposante avant l’arrivée des blasts et de la vitesse, cependant ceux-ci savent s’effacer et offrent de la place aux parties plus écrasantes et aux guitares planantes, qui se mélangent dans un ballet à la fois spatial, aérien et détonant d’une grande diversité d’influences et qui se bonifie au fil des écoutes. Avec « Meltem » on continue le voyage à travers la Grèce (ce mot désigne un vent violent des Cyclades qui souffle sur la mer Egée) qui privilégie ici les ambiances et l’onirisme à la brutalité extrême (l’explosivité et le tempo élevé sont peu présents), grâce à un gros boulot sur les guitares qui savent se faire oublier et presque disparaître pour laisser plus de place à la mélodie et au chant.
Il faut d’ailleurs souligner la qualité des textes et de son rendu vocal qui ne varie certes pas beaucoup, mais arrive à conserver une vraie authenticité, tout comme le choix d’écrire en Français qui permet de s’imprégner encore mieux de la musique du groupe et d’entrer totalement dans son univers sonore. « L’Âme des Foules » montre lui une facette plus directe et moins complexe, avec une écriture plus spontanée et directe, où les variations sont moins nombreuses, mais sont compensées par un gros passage épique qui donne instantanément envie d’en découdre. Parfait pour headbanguer ce morceau voit également l’apparition de solos magnifiques, déchirants et tout en feeling, pour un résultat différent de tout ce qu’on a entendu jusqu’à présent. D’ailleurs « Cendres » va également aller dans cette direction, tout en faisant le grand écart entre hammerblasts étouffants et chœurs aériens en arrière-plan, le tout entre cassures, puissance et volupté, pour offrir un petit bijou de clôture où ce mille-feuille se mélange à merveille.
Moins hermétique qu’il peut en avoir l’air de prime abord, ce premier album des Hauts-Garonnais est une vraie surprise qui s’écoute facilement d’une traite, et dont l’effet d’attraction ne retombe pas ensuite, tant il est riche en découvertes et se montre attractif. Sans être d’une violence folle il emmène vers un monde tourmenté et désespéré, renforcé en cela par une production naturelle qui permet aux compositions de garder un certain aura et mystère, de par une rythmique lancinante où l’on ne sent que peu d’espoir pour le présent et le futur. Alors certes on pourra reprocher une construction globale assez semblable entre chacun des cinq titres, et une certaine similitude au niveau des riffs, mais ces défauts sont largement compensés par l’homogénéité générale de ce disque et surtout par le talent indéniable de ses géniteurs, qui maîtrisent leur sujet et montrent une nouvelle fois le talent de défricheur et de découvreur de leur label.
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