River Black - River Black
Chronique
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Je ne suis pas certain qu’il y ait grand monde qui se souviennent ici de Mike Olender. D’abord chanteur pour Endeavor, celui-ci se fera surtout remarquer pour ses prestations rageuses au sein des excellents Burnt By The Sun. Une histoire qui durera un peu plus de dix ans puisque le groupe finira par mettre fin à son aventure deux ans après la sortie du très bon Heart Of Darkness. Mais depuis 2009 et la sortie de cet ultime album, Mike Olender s’était montré très discret allant même jusqu’à disparaître des radars. Un silence radio qui aura duré quelques années, sept pour être exact, avant de prendre fin l’année dernière.
Car début 2016, Olender annonçait à la surprise générale qu’il était de retour avec un nouveau groupe du nom de River Black. Et avec lui, quelques anciens membres de Burnt By The Sun tels que Dave Witte (batterie) et John Adubato (guitare). Pour compléter ce line-up particulièrement alléchant, on trouve le bassiste Brett Bamberger déjà vu et entendu chez Revocation, East Of The Wall, Publicist UK ou The Postman Syndrome. Un retour inattendu scellé par la sortie d’un premier album éponyme paru cet été non pas sur Relapse (comme ce fût le cas avant pour Burnt By The Sun) mais sur le label Season Of Mist.
Avec un tel line-up, pouvait-on imaginer que River Black puisse proposer autre chose qu’une suite logique aux albums de Burnt By The Sun ? Car c’est bien de cela dont il s’agit ici. Passé en effet la surprise du retour de Mike Olender et de ses acolytes, on se retrouve ici en terrain connu. Pour les non-initiés qui n’auraient jamais posés leurs oreilles sur un disque des Américains, River Black pratique lui aussi un Metal/Hardcore plutôt virulent et assez chaotique marqué par des rythmes chaloupés et épileptiques (Dave Witte toujours en très grande forme), des riffs nerveux et saccadés auréolés par quelques dissonances ainsi qu’un chant enragé particulièrement abrasif. Produit par Eric Rachel, un nom qui rappellera de vieux souvenirs aux amateurs de Metal/Hardcore des années 90 pour avoir travaillé avec des groupes tels qu’Every Time I Die, Ensign, Vision, Nora, Atreyu, Zao, Twelve Tribes et même Burnt By The Sun, ce premier album de River Black joui d’un son moderne et puissant tout à fait adapté à ce genre de musique aux nuances quasi inexistantes et à l’immédiateté évidente. Une production en béton-armé qui va ainsi mettre en lumière cette force de frappe dont fait preuve ici le groupe tout au long de cette grosse demi-heure.
Car loin de s’embêter avec le superflu, Olender et sa bande sont plutôt du genre à rentrer dans le lard sans se soucier des formules de politesse. A l’aide de morceaux relativement courts compris le plus souvent entre 2:30 et 3:30, River Black entend bien frapper fort et surtout mettre tout le monde à genou dès les premières écoutes. Il est vrai que si l’on est un tant soit peu sensible à ce genre de Metal/Hardcore moderne et chaotique, il me paraît bien difficile de ne pas succomber face à ce concentré d’efficacité. Et ce n’est pas tant aux riffs qu’on la doit cette efficacité mais plutôt à ce sens du rythme. En changeant de cadence fréquemment, en ponctuant ses titres par des breaks à devenir complètement maboul (comment ne pas avoir envie de tout défoncer sur ceux de "Honor", "Low" ou "#Victim" ?) et en hachurant ses riffs à la manière d’un épileptique en pleine crise, River Black nourrit une frénésie tout au long de ces trente-six minutes qui donne à ce premier essai des allures d’exutoire formidable.
Bien moins subtile qu’un album de Botch ou de Converge avec lesquels le sticker promotionnel tente de faire le lien, River Black tente à sa manière d’apporter tout de même un soupçon de mélodie et de relief à l’ensemble. D’abord de façon plutôt sympathique avec ce titre instrumental qui a donné son nom à l’album. Ce violon à la mélodie triste et hivernale offre un court moment de répit dans la progression de ce premier album. Il est suivi par un titre plutôt orienté mid-tempo qui va d’ailleurs reprendre cette même mélodie. L’espace de quelques minutes, les Américains se font moins pressants et ce n’est pas un mal. Par contre, là où ces derniers auraient probablement pu s’abstenir c’est sur le titre "Haunt" et notamment ce passage très étrange entonné par Brann Dailor de Mastodon qui semble tiré d’un album de Korn... On ne peut pas dire que ce soit particulièrement bienvenu.
Mais ce tout petit reproche ne doit pas vous faire oublier le reste de ce qui a été dit et suggéré, à savoir que River Black est un premier album particulièrement solide et efficace qui, s’il marche sans trop d’originalité dans les pas de ce qu’a pu faire Burnt By The Sun par le passé, n’en reste pas moins extrêmement bien ficelé. Voilà donc un disque sans prétention qui (re)donnera aux auditeurs un goût de ce que peut être le Metal/Hardcore lorsqu’il est bien fait.
| AxGxB 20 Novembre 2017 - 1208 lectures |
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