Son In Curse - Trivnviratvm
Chronique
Son In Curse Trivnviratvm
En conclusion de ma chronique de l'EP de Uttertomb il y a quelques semaines, je vous avais prévenus qu'il me restait encore du Chili sur le feu. On va donc à nouveau s'en resservir. C'est que ces choses là se consomment sans modération! Cette fois, la bête se nomme Son In Curse. Formée dès 2002, je ne découvre pourtant la formation que tout récemment avec ce premier full-length Trivnviratvm sorti en début d'année sur le label national Melippuli Records (Coffin Curse, Inanna, Saviour, Homicide...) auprès duquel je me le suis procuré. Il faut dire que les Sud-Américains n'avaient rien sorti depuis dix ans si ce n'est une compilation en 2015 réunissant leurs deux démos de 2002 et 2004, leur single de 2005 et leur EP de 2007, agrémentée de quelques inédits. C'est donc l'heure du retour pour le combo de Puerto Montt, sous la forme d'un duo toujours mené par le chanteur/guitariste/bassiste Matt Suhmery, épaulé d'un nouveau batteur en la personne de Richard Smoje (Abrekadaver).
Et quel retour! Affriolé par le logo et la pochette ultra death metal de Daniel Hermosilla (Cenotafio, autre entité obscure chilienne aux qualités déjà louées en ces pages) ainsi que par un extrait aguicheur, j'ai été pleinement convaincu par l'écoute complète de ce Trivnviratvm qui a tenu toutes ses promesses. La cover illustre d'ailleurs fort bien son contenu. Imposant, sombre, destructeur, belliqueux, menaçant et brutal. Les Chiliens ont décidément un don pour composer du death metal noir et énervé. Ça n'est jamais très original, l'ombre des seigneurs Incantation et Immolation planent toujours plus ou moins, mais ils possèdent cette étincelle qui fait la différence. Si ce premier album de Son In Curse n'a donc rien de surprenant, il remplit tous les critères de réussite. À commencer par une bonne dose de sauvagerie. Avec des morceaux courts et directs pour la plupart de moins de trois minutes sur un total de moins d'une demi-heure, le duo sud-américain ne s'embarrasse pas vraiment de préliminaires, si ce n'est une petite introduction abyssale sur le titre instrumental d'ouverture "Rise Of The Ancient Nephilim" et le court interlude ambiancé "Anu's Piety", pour envoyer la sauce. Ça ne rigole pas du tout chez Son In Curse qui prend un malin plaisir à blaster à tour de bras. Vous connaissez mon amour pour les blast-beats! Le petit plus, ce son naturel de caisse claire qui rebondit bien, rendant les blasts d'autant plus jouissifs, surtout sur ces riffs dark bien méchants et le growl caverneux à souhait par-dessus. La production globale s'avère d'ailleurs idéale, massive et puissante mais sans colorant artificiel.
À la différence de leurs collègues de Diabolical Messiah toutefois, Son In Curse varie tout de même un minimum son jeu et ne passe pas non plus son temps à blaster comme un veau, même si j'avoue que quand ça bourre ça me rend dingue. Pas mal de semi-blatouille un peu trop "ploc ploc" cela dit, un peu de tchouka-tchouka, du groove plus ou moins mid-tempo ou quelques ralentissements plus pesants, on pourra trouver suffisamment de diversité rythmique pour éviter une certaine redondance souvent de mise chez les plus radicaux. La qualité du riffing, sans surprise du tremolo sinistre la plupart du temps, permet aussi de s'assurer de passer un bon moment et de se repasser la galette sans lassitude, même si les riffs pourraient encore s'améliorer car certains passages se démarquent nettement comme "Rise Of The Ancient Nephilim" à 1'03 bien furieux, "Incinerator Of Visceral Belief" à 1'08 (mais pourquoi sont-ils aussi méchants?!), "Chaotic Soul Devourer à la deuxième minute (on dirait du Dead Congregation!), le démarrage du feu de Satan de "The Arrival Of The Empire" et à 2'44 (encore un petit goût de Dead Congregation là!), "The Rebirth Of The Gods" qui est juste un carnage du début à la fin ou encore "Divine Subliminal Pray" à 0'26 après un début plus posé ou en seconde moitié avec un côté plus mélodique carrément entêtant sur la fin. Comme quoi on peut bourrer méchamment et composer de bonnes mélodies de riffs! Côté solos par contre, c'est du vibrato chaotique qui colle bien à l'atmosphère sulfureuse mais pas très intéressant, comme les harmoniques sifflées par chance pas trop fréquentes. À l'inverse, les petits slides à la Morbid Angel, ça je valide!
Je ne sais pas ce qu'ils bouffent au Chili mais ça les rend pas contents! Des rafales de blasts infernales aux riffs malfaisants en passant par le chant du fond des âges qui se fait parfois plus vomitif ou grogné, le ton n'est pas non plus à la plaisanterie chez Son In Curse. Le duo possède encore une marge de progression, notamment dans le domaine des riffs qui pourraient se faire encore davantage mémorables, on le voit bien sur leurs meilleurs passages, ou au niveau du développement des compositions parfois un peu trop courtes, mais voilà encore une très bonne découverte made in Sud-Am' qui ravira ceux sensibles à l'acrimonie des milices Incantation, Immolation, Dead Congregation et autres soldats de Satan qui obscurcissent l'horizon. Pour rester en bas du globe, on remarquera aussi des accointances avec les excellents Exanimatvm et pas que pour cette tendance à mettre des "v" à la place des "u" également partagée avec les Polonais, pour faire plus occulte. Une dernière pensée pour Magnanimvs, pas pressé pour invoquer un deuxième album. Bref, rien de nouveau sous le soleil noir et méphitique du Chili mais encore du lourd à se mettre dans les esgourdes!
| Keyser 22 Décembre 2017 - 685 lectures |
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