Nag is back avec la gnaque, et les Norvégiens sont bien décidés à le faire comprendre ! J’avais particulièrement apprécié
le premier album du trio en 2016 et son humilité à casser la baraque sans fioritures, par un mix entre black metal et punk qui rendait honneur aux racines de la bande. Sans pour autant marquer les esprits, le projet avait su me tatouer par endroits, le souvenir de « What is Punk? » me trottant encore aujourd’hui dans la tête.
Seulement, les choses ont un peu évolué. Car ici, Nag fait tout pour mériter sa pochette de monstre affamé, décidant d’appuyer encore plus fort pour peindre sur les différents tableaux dont il se sert comme supports, une crête hirsute en guise de pinceau. Simplement,
Nagged to Death reprend la formule dévorée il y a deux ans mais pousse encore plus loin le jeu de cache-cache, liant punk vicieux, entêté et entêtant (ce n’est pas « Dumb Little Life » et ses paroles en boucle qui vont faire pousser des neurones), morsure par le froid lors d’apparitions furieusement black metal (cette montée sur « Sorry », pouah !), ainsi qu’un côté hardcore noisy école fysisk format encore plus présent qu’auparavant. Maniant grain noise, son rude et mixage lourd avec efficacité (miam, cette basse sur « Who Will Save Us from Rock’n’Roll »), le projet semble avoir accentué l’efficacité à toute épreuve de son brassage des genres, donnant envie de sacrifier par le feu ces vikings à petites roupettes de
Kvelertak, décidément dépassés par tant de puissance.
Mais il serait injuste de comparer outre-mesure Nag à ces autres Norvégiens semblant pourtant jouer des mêmes codes – bien que ces derniers se soient décidés rapidement à mêler un rock vintage ennuyeux à une soupe pas si mauvaise au départ. Car c’est bien en direction d’une formation comme
Oozing Wound que les regards se font les plus embarrassés.
Nagged to Death possède une telle raideur, une telle colère, qu’il fait rapidement oublier les frustrations ressenties à l’écoute de la discographie post-
Retrash des Ricains, tant il présente un certain amour pour la noise derrière son mélange actuel et convenu en apparence. C’est que la sensation « jadis et Nag guerre » donnée par les « Destroyer six-six-six » scandés lors de « Black Wizards » laisse rapidement place à celle de se faire détruire la tête à coups de répétitions, les riffs tournant et retournant avec une simplicité n’ayant rien de facile et tout du filet de bave s’échappant par la bouche. Béta au premier abord, ce deuxième album est bien la petite bête teigneuse que j’attendais des Norvégiens, jusqu’à des voix aussi naturelles que véhémentes.
Ce qui fait que j’ai bien du mal à trouver à redire au sujet de ces trente-cinq minutes jouissives au possible, pour peu qu'elles soient accueillies avec l’attention qu’elles méritent. Sans être particulièrement mémorable dans une année qui aura vu planer d’autres albums nettement plus profonds,
Nagged to Death n’en reste pas moins un exutoire de choix pour qui est prêt à s’y faire béqueter, sa cervelle devenue plat principal. De toute façon, disque aussi punk annonce la couleur : entre perdants, qui s’attend à gagner quoi que ce soit ?
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