Sans doute avez-vous vu
la vidéo mise en ligne récemment où Sakrifiss, notre tête de jeans à nous, apporte sa vision du black metal. Si oui, vous vous êtes certainement dit que vous étiez heureux de ne pas habiter dans le même pays que ce psychopathe (c'est compréhensible) mais que ce qu'il disait valait d'être entendu. Oui, le black metal peut être plusieurs choses et exprimer diverses émotions, finalement assez éloignées des clichés satanistes ou dépressifs souvent cités. Cependant, si on permet mon intervention de non-vrai, j'ai quand même envie d'apporter un complément. Mon Stupeflip mordu par le froid, pourquoi n'as-tu pas parlé de ce que le black metal a de punk ? Rageur, déçu, rêveur, urbain, NS, oui et encore oui, mais ce qu'il a de mal lavé, clochard et déchiré, non ? Tu-tu-tu, bourgeois, va !
Et donc, Renard (Sakripan), tu aurais très bien pu évoquer ce premier album de Nag dans tes nombreux exemples de sorties récentes captant un « certain » black metal. Ho, je ne doute pas un instant que tu contesteras l'A.O.C. à l'écoute de ce premier album des Norvégiens, recherchant dans ton congélateur à quel Mister Freeze le rapprocher. Pourtant, je t'assure qu'une fois croqué à pleine dent, ce disque te fera le même choc au cerveau que quand on mange une glace trop vite et ce, dès « Mute ». C'est dire comme le thermomètre prend cher ici.
Reprenons : Nag, qui fait honneur à sa configuration « power trio », prend le parti de faire du punk comme du black metal (et vice et versa, comme chez Les Inconnus), mélangeant les deux de telle manière qu'on ne sait plus si l'on écoute l'un ou l'autre. Les tremolos qui donnent envie de courir dans le froid ? Check. Les accords toujours à deux doigts d'être hors tempo ? Check. L'impression hypnotique de se faire poncer le crâne à coups de notes aiguës ? Check. L’exécution fastcore « Strong as Ten » ? Check. La voix enfiévrée, prise dans sa propre tourmente ? Che... Ah, on me dit dans l'oreillette que ce poing mérite un point. Sûr, Arnfinn ne joue pas, sur la forme, dans la même cour que ce qu'on peut imaginer de peinturluré habité par la neige (on se situe plus, à mon sens, proche du Ceremony de la période Powerviolence / Punk) mais le lien se fera rapidement de lui-même, par des backing vocals éructés (la jouissive « What is Punk? » en tête) ainsi qu'une folie appuyée transmettant des impressions similaires au metal le plus schwarz.
Tornade, il y a, soyez-en assuré ! Nag joue vite, très vite. Plus furibard que moribond, il possède, lors de ces vingt-sept minutes, une raideur qui me rappelle cet autre hold-up qu'est l'album
L'odeur du sang des trop méconnues teignes de Satan. Les Norvégiens alignent au départ les perles noires sans discontinuer, une grande partie de ce premier essai se déroulant dans une fureur devenant la nôtre. Il parvient même à posséder une ambiance particulière, à la fois rageuse et paranoïaque, montrant que son mix punk/black metal ne s'est pas arrêté à un exercice de style. Il est d'autant plus regrettable que le vent nous arrachant les oreilles s'essouffle en fin, des titres comme « Ancient Wisdom » ou « What if you are Right » étant moins convaincants et bien trop simplistes dans leur synthèse. Malgré un grand écart gardant l'essence des genres sur lesquels il s'appuie, Nag ne sonne que rarement cliché et il est d'autant plus dommage de l'entendre tomber dans certains travers faciles (cf. la trop skateboard « The Last Viking »). D'abord destructeur et indispensable (attendez-vous à ce que l'album revienne régulièrement dans votre lecteur), son effet finit par s'étioler, tout en nous décidant à suivre ce groupe de près.
Un album à l'image du label sur lequel il sort, Fysisk Format étant spécialisé dans ce type de formations reprenant un certain héritage national à leurs sauces (Årabrot, Haust ou encore Okkultokrati) et porteur d'une certaine passion faisant qu'on tombe vite sous le charme. Mais aussi un album qui n'est pas toujours à la hauteur des expériences qu'il mène, bien que ces dernières méritent clairement d'être écoutées. Le black metal, au final, est un peu ce qu'on veut, tant qu'on y fait ce qu'on veut. Et Nag, de ce côté, est indiscutablement black metal.
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