Mais qui es-tu, ô Melissa ? Avec ton logo dégoulinant, ces lipsticks dressés comme des armes de destruction massive, ce rouge pétant assorti aux cheveux de la jeune femme sur la photo, qui es-tu ? Un être malfaisant protéiforme ? Une démone ? Une sorcière ? Faut-il y voir une quelconque référence à Mercyful Fate – ou à Julien Clerc (« Rimes et Humour») ? Ou non ? Toujours est-il que tu es bien urbaine, tout droit venue de New-York City. Fraîchement formée l’an dernier, tu t’es lancée avec ce court format sans-titre paru dans la foulée. Une première demo sans prétention aucune mais qui déborde de sincérité et de bonnes intentions.
Si des questions restent en suspens, notamment concernant les relations entre le groupe et son premier label ainsi que le premier pressage cassette (cf. lien en fin de texte), l’artwork et la description faite sur la page Bandcamp ne laissent aucune place au mystère quant à la musique délivrée par Melissa. Du bon Black/Punk cradingue joué à buste découvert qui fleure bon le sang, l’alcool et l’ammoniaque. Rhâ quel petit plaisir coupable ! Un peu plus de 15 minutes à se laisser porter par un son raw des familles et la voix éructée, bardée de réverb, totalement habitée de l’excellente Jane Pain (Appetite, Safe Word). Allant tantôt vers les aigus, toute hargne dehors, ou encore éructant (dans la douleur) comme une junkie en manque comme sur « Jennifer », elle varie son timbre avec aisance et vous accroche irrémédiablement. La fureur et la débauche ! Voilà ce qui ressort à l’écoute des morceaux. Ils semblent avoir été composés et enregistrés d’un trait, dans une espèce de fièvre collective. D’où cette authenticité et ce sentiment d’urgence qui s’en dégagent. Les racines de la formation ne sont également pas étrangères à ce ressenti. Tout comme leur frontwoman, les musiciens ont un bon background punk, hardcore et noise, évoluant dans des groupes tels que Hüstler, Conduit ou encore Hank Wood & The Hammerheads (pour ne citer qu’eux). Une oreille attentive sur certaines parties de batterie et sur le très catchy de « Breonna » suffit pour s’en convaincre.
Melissa prend clairement racine dans la scène underground new-yorkaise (du hardcore en passant par le punk), d’où elle est elle-même originaire. Toutefois, à cette essence le groupe va y ajouter moultes gouttes de poison noir histoire d’obscurcir davantage l’ensemble. En résulte un univers bien sombre dans lequel vous basculez tête la première dès l’introduction instrumentale horrifique. Les cris d’effroi continuent de résonner dans votre tête lorsque les sonorités black viennent vous frapper, incisives. Elles sont à la fois délicieusement crues et rétro, vous transportant vers la fin des années 80 et la première moitié des années 90, que ce soit via la production, l’intro guerrière de « Christopher » mais aussi les riffs aux atours simplistes mais terriblement entêtants comme sur « Jacob » – qui renvoie à « Beholding the Throne of Might » de Darkthrone. L’influence de la scène norvégienne est prégnante mais les forêts ont laissé place ici aux immeubles et aux squats cradingues, l’air vicié en prime (rencontre entre
Deathcrush et Warthog). L’entité crée ses propres images faites de chaînes, de cuir, de substances illicites, de subversif et de mélange des genres – le titre de clôture en étant le meilleur exemple. Si quelques longueurs se font sentir (sur « Jennifer » en particulier), le travail effectué par Jane Pain au chant ainsi que les accélérations bien senties, portées par des lignes de guitare nerveuses à souhait, permettent malgré tout à vous tenir en haleine.
Outre le fait que l’écoute de cette demo aura été salvatrice de mon côté (oui, c’est très subjectif), les nombreuses qualités de ce court format et la personnalité singulière du groupe laissent entrevoir pas mal de perspectives pour la suite. Certes tout n’est pas parfait et la place pour l’originalité dans ce style musical est plutôt restreinte mais Melissa joue avec ses tripes et le fait de fort belle manière. Pour tout cela, je dis merci !
https://echoesanddust.com/2021/09/melissa-melissa/
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