Un conseil : si vous avez l'occasion de voir Satan en concert, foncez. Non, je ne parle pas des Anglais auteurs de
Life Sentence déjà connus par ici mais bien des Français nous intéressant aujourd'hui (vérifiez bien avant de vous engager : au pire, si Keyser est dans la salle, fuyez, car vous êtes tombé dans une soirée heavy metal et c'est un malheur que je ne souhaite à personne). Car en live, Satan, c'est quelque chose. C'est d'ailleurs suite à la vision d'une de ses performances (complètement par hasard lors du festival Yell Fest) que j'ai décidé de suivre de près les réalisations de ce jeune groupe de Grenoble, ayant alors sorti de nombreux splits avec des formations telles que Sete Star Sept, Whoresnation ou Grinding, toutes proches du grind et dont Satan paraît s'extirper avec
L'odeur du sang, son premier album paru cette année.
Car si je retrouve sur ce disque cette fureur particulière qu'ont les Français sur scène, leur musique s'est resserrée vers un assemblage donnant envie de crier « OUI » à quelqu'un comme moi, appréciant particulièrement quand le punk mêle sa teigne au metal le plus too old, too cold. Et malgré le jeune âge de ses membres, Satan se situe clairement dans cette optique-là : aussi véhément, froid et black metal que la pochette de
A Blaze in the Northern Sky de Darkthrone (que vous allez imiter durant les seize minutes – oui, seize – que dure l'ensemble), aussi paranoïaque, cru et punk qu'une illustration signée Nick Blinko de Rudimentary Peni,
L'odeur du sang réussit parfaitement sa synthèse entre assaut frontal et folie exacerbée, prêt à se battre aussi bien contre le ciel que dans sa tête. Dès « Der Amokläufer », la violence est constante, balançant blasts, d-beat, tremolos et hurlements à peine démoulés des eighties (comprendre extrêmes et naturels, allant même jusqu'à rappeler Hellhammer et les premiers Celtic Frost – cf. le « OUH » jouissif de « La rose de fer »). Le genre historique et insaisissable qui, au-delà de ses accès grind, noise, black, fait surtout écrire « metal » sur les murs de sa cellule blanche capitonnée.
Ce qui fait qu'à la place des parents traditionnels qu'il faudrait citer et que Satan écoute sans doute à toute blinde, j'ai tendance à voir en
L'odeur du sang un Nekrofilth qui serait allé jusqu'au bout des choses, à la fois vers l'ultra-punk et l'ultra-metal, tout en ayant une petite saveur bien de chez nous. C'est que les diablotins sont français et que cela se ressent, de la production certes puissante et abrasive mais surtout terne au possible (désolé, toutes les couleurs ont été utilisées pour la pochette, rupture de stock, reste le noir et le gris pour les riffs !) à des paroles qui, quand elles sont intelligibles, paraissent issues d'un délire de lettré s'endormant saoul sur les œuvres de Lautréamont et Albert Caraco chaque soir.
En cela, il serait réducteur de décrire Satan uniquement comme une occasion de lâcher la pression pendant un gros quart d'heure. Les Grenoblois décapitent autant qu'ils entêtent, par ce vice punk aussi bien que français, fait de mauvais vin et d'hygiène discutable. Si les écoutes répétées éteignent un peu la déflagration des premières fois, la faute à une durée très brève et un manque de moments marquants (il y a tout de même de quoi faire ici, à commencer par « Industrielle », « La femme écarlate » ou encore le morceau-titre),
L'odeur du sang est tant marqué par ce qui fait l'attrait des musiques underground hargneuses, sans superflus et galvanisantes qu'il rejoint directement la section des « petits » groupes dont on se demande au final pourquoi ils ne sont pas plus grands.
En téléchargement à prix libre
à cette adresse mais attention : avec Satan, l'offre paraît souvent trop belle pour être à sens unique. Sûr, vous allez payer.
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