[
insérez ici une intro contenant les mots confinement, covid et claustrophobie schizoïde]
...Non mais commencer par parler du virus, tout le monde le fait, et si on attaquait autrement ? Vous savez, ce moment où vous écoutez votre style de metal préféré en vagabondant par les champs dans la fraîcheur de l'aube, tandis que le soleil rougeoie à l'horizon de toute son élégante timidité, et que sur une perle de rosée du matin le viril papillon lutine la frêle papillonne, en clamant du bout de ses antennes « qui c'est qui va s'esbaudir ?!? »
Ouais, ça marche pas, hein ? Bon, dans ce cas : toi aussi tu es enfermé, toi aussi tu te languis devant ta fenêtre avec l'irrépressible envie de te jeter la tête contre les murs, eh ben ça tombe bien, Calligram sont là.
Leur premier effort, l'EP
Askesis sorti il y a trois ans, était déjà très prometteur. Une bonne élancée de black crusty à souhait, bien ficelée, avec une voix assez particulière qui ne gâchait rien. Ce premier album, signé Prosthetic Records (en général, ça sent bon ça) est entièrement chanté en italien, par un groupe londonien composé de membres anglais, brésiliens, français et italiens. Ouf. Pourtant, en l'écoutant, on ne voit pas de vols en avion (surtout pas en ce moment – comment ça c'est pas drôle ?), ni de conférences Skype (non, toujours pas ?), mais plutôt une cave sombre surchauffée, avec cinq gars qui crachent tout ce qu'ils ont, la tête dans les amplis.
Plus que dans un cercle, c'est dans une spirale qu'on est pris avec Calligram, comme sur l'intro de 'Carne' ou tout au long de 'Serpe', entre blasts et riffs trémolos tourbillonnants et obsédants. Ajoutez des salves d-beat hargneuses à souhait avec batterie touka-touka et guitare chugga-chugga (mais heureusement aucune trace de waka-waka) sur 'Vivido Perire' notamment, et vous obtenez un mélange ravageur qui emporte tout sur son passage et donne autant envie de serrer les dents pour le black que de taper du pied pour le hardcore. Et la voix ne gâche rien, quasi inhumaine, éraillée jusqu'au sang et elle aussi constante équilibriste entre rage punk et désespoir beumeu.
Evidemment, avec ce mélange, on est tenté de penser aux premiers efforts d'Oathbreaker, ou même à Young And In The Way (groupe cher à mon cœur dont il faudra que je finisse par causer sur Thrasho, malgré leur split dans des circonstances pour le moins... peu glorieuses). Mais Calligram fait son propre mélange et réussit à se faire une identité bien à lui, se donnant le luxe de poser des ambiances de fin du monde réussies qui calment un peu le jeu et rythment l'album sur 'Serpe' et 'La Cura'. Ou plutôt, qui donnent l'impression de souffler un peu pour mieux vous sauter à la gorge après. Ca s'essouffle un peu sur la fin, avec la doublette 'Anedonia' – 'Pensiero Debole' qui aurait peut-être pu gagner à être écourtée, mais la dernière piste vient sauver la mise en clôturant le tout d'une dernière salve enragée. Ce petit « pfiou » qu'on lâche quand s'éteint le dernier cri, accentué par deux grosses pêches de cymbales, est toujours le bon signe d'un album délicieusement éprouvant.
Un peu claustro, constamment hargneux, servi par un son profond et très clair malgré la crasse,
The Eye Is The First Circle réussit le saut du premier longue-durée avec brio et fait un bien fou dans un style un peu bondé et uniforme ces derniers temps. Si
l'artwork de l'EP donnait mille fois plus faim que celui-ci, ne vous y méprenez pas : Calligram vous attend au tournant et ne vous lâchera pas avant la dernière note. On en redemande, même.
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