Master - Vindictive Miscreant
Chronique
Master Vindictive Miscreant
Après trente-cinq ans d’aventures musicales liées encore et toujours au bon vieux Metal de la mort Paul Speckmann continue de mener son vaisseau amiral contre vents et marées, et ce malgré un intérêt du public qui ne cesse de baisser de manière continue depuis déjà un bon moment. Car après un début de carrière mené sur les chapeaux de roue où la doublette éponyme et « On The Seventh Day God Created… Master » font encore aujourd’hui figure de référence, la suite va lentement mais sûrement tâtonner jusqu’au début des années 2000, avant de franchement décliner depuis. Faut-il y voir un signe depuis qu’il s’est installé en République Tchèque et qu’il a recruté les locaux Alex Nejezchleba et Zdeněk Pradlovský en 2003 ? la question peut légitimement se poser tant les albums réalisés avec ce line-up sont loin d’être convaincants, le summum étant atteint avec les très moyens « Slaves To Society » et « The Human Machine ». Pourtant après avoir écumé un grand nombre de labels l’arrivée de l’américain chez les allemands de F.D.A. Records semble lui avoir redonné un coup de fouet, car « The Witchhunt » et surtout « An Epiphany Of Hate » tendaient à confirmer un regain d’inspiration que l’on pensait ne plus revoir. Désormais signé chez les indiens de Transcending Obscurity le trio semble vouloir continuer à raccourcir ses disques, ce qui a pour effet d’améliorer sensiblement la qualité de ce dernier-né qui est sans doute un des plus réussis depuis fort longtemps, vu qu’il avait la fâcheuse habitude de les remplir de façon exagérée, faisant du coup de son Death déjà simplissime quelquechose de linéaire et d’ennuyeux.
On s’aperçoit du retour en forme de la bande dès le départ avec le redoutable morceau-titre qui ne lève quasiment pas le pied durant toute sa durée, étant tout en rapidité et en maîtrise tout en récitant ses gammes. Pas de surprises à avoir en effet on reconnaît tout de suite la marque du vétéran d’outre-Atlantique digne de ses plus belles heures, et réhaussé par un jeu au pied de son frappeur tout en groove et des solos au feeling immédiat, pour un rendu impeccable et entrainant. Ce bon démarrage se poursuit dans la foulée avec le tout aussi accrocheur « Actions Speak Louder Than Words » qui reprend les choses là où elles en étaient restées sur la compo précédente, tout en proposant un soupçon de variété via l’ajout de passages mid-tempo affûtés bien calés au milieu des déferlantes de vitesse. Avec son entrain communicatif et son côté sautillant l’ensemble est impeccable et confirme les bonnes choses entrevues jusque-là, et cela continue avec l’excellent et ultra-basique « Replaced » à la vitesse continue et seulement interrompue par un léger alourdissement, évitant ainsi les longues et répétitions.
Cependant à jouer une musique aussi dépouillée et minimaliste il est difficile de ne pas tomber dans la redite et la baisse de régime, c’est hélas ce qui intervient avec « The Inner Strenght Of The Demon » et « The Book ». Proposant plus de lenteur et de noirceur la première d’entre elle a le mérite de démarrer plus longuement que les compos entendues précédemment (avant de reprendre son tempo sous amphétamines) mais avec plus de six minutes au compteur ça aurait pu facilement être raccourci, tout comme pour la seconde. Celle-ci épurée à l’extrême ne lésine pas sur les accélérations mais s’étire inutilement en reprenant indéfiniment le même riffing et le même jeu de batterie, ce qui finit par rapidement lasser avant que l’accroche ne revienne dès ce titre terminé. Car le dernier tiers de cette galette va retrouver les bonnes sensations entrevues au démarrage, via notamment l’excellent et diversifié « Engulfed In Paranoia » qui aura toute sa place sur scène, tant ses accélérations et ralentissements (ainsi que sa clôture très scénique) montrent que les gars sont tout de suite plus convaincants quand ils restent en mode express, tout comme avec le très bon « Stand Up And Be Counted ». Excité et sautillant durant sa première moitié il fait preuve ensuite d’une plus grande diversité en alternant les tempos sur la seconde, tout en ayant une accroche immédiate qui donne envie de secouer la tête sans se la prendre justement.
Car depuis toujours c’est le but recherché de l’œuvre du barbu, à savoir faire une musique vite assimilée et digérée qui ne demandera pas une attention particulière, c’est encore le cas de ce quatorzième épisode qui redonne de l’intérêt à la bande que l’on croyait condamnée à s’enfoncer lentement mais sûrement dans des abîmes d’ennui. Montrant qu’elle a encore des choses à dire on s’aperçoit que c’est toujours quand elle lâche les chevaux qu’elle est la meilleure tout comme quand elle ne s’éternise pas trop longtemps. Pas parfaite (mais c’est une habitude récurrente) cette galette fait quand même plaisir par ce retour inspiré totalement inattendu et qu’on n’espérait plus, ce qui provoque un vrai plaisir auditif qui passera très bien le cap des écoutes, même si comme d’habitude on en aura exploré toutes les subtilités très rapidement.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Tout à fait d'accord avec cette chronique. On accroche rapidement, et les titres s'enchainent de façon très sympathique.
L'ensemble apparait de temps en temps un peu linéaire mais l'impression globale reste positive. |
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1 COMMENTAIRE(S)
24/12/2018 15:24
L'ensemble apparait de temps en temps un peu linéaire mais l'impression globale reste positive.