Master - Saints Dispelled
Chronique
Master Saints Dispelled
On a tout dit ou presque sur l’histoire de MASTER et de son leader inusable Paul Speckmann, capitaine au long cours d’un bateau qui a connu bien des traversées et des tempêtes depuis quarante ans maintenant et qui est surtout toujours en vie encore aujourd’hui… un véritable exploit quand on connaît la quantité de soucis qui ont émaillé sa carrière. Si on avait retrouvé l’entité en pleine forme sur l’impeccable
« Vindictive Miscreant » (qui faisait suite à une période compliquée et de disques assez quelconques voire mêmes ratés) on finissait en revanche par se demander si son successeur verrait le jour, vu qu’il lui a fallu presque cinq ans et demi pour accoucher de ce quatorzième album... un record dans son histoire tortueuse. Car depuis toute cette période hormis quelques Split et un Ep aucun long-format n’était intervenu dans le processus créatif, qui a encore vu pas mal de remous en interne entre changement de label (pour débarquer désormais chez les néerlandais d’Hammerheart Records), et mouvement de personnel... chose à laquelle on n’était plus habitué. Si pendant longtemps les musiciens ont défilé aux côtés du chanteur-bassiste ce dernier avait trouvé la stabilité depuis 2003 autour de ses deux acolytes tchèques, un record inégalé qui s’est aujourd’hui terminé avec le départ du frappeur Zdeněk Pradlovský et du guitariste Ales Nejezchleba. Si ce dernier est depuis revenu au bercail après une pause de trois années en revanche la tête-pensante du groupe a été dégoter de la nouveauté derrière la batterie avec l’arrivée du jeune mais expérimenté Peter Bajči, qui ne va pas dépareiller par rapport à ceux qui l’ont précédé à ce poste.
Pour le reste on va retrouver une formation en relative bonne forme, et même si ce nouveau chapitre va s’avérer être en dessous de son prédécesseur il va quand même figurer dans le haut du panier des disques post-2000… période où le chanteur-bassiste a décidé de s’installer à Uherské Hradiště. Car d’entrée on va être totalement embarqué par l’entrain communicatif des trois acolytes et leur style immédiatement reconnaissable (avec les qualités et défauts que cela implique), entre le simple et limité « Destruction In June » ou encore les Thrashy et débridés « Walk In The Footsteps Of Doom » / « Saints Dispelled », qui se montrent redoutables et remuants avec leurs accents guerriers frontaux et leur rapidité permanente. Alors évidemment s’enquiller les cinquante minutes proposées ici ne va pas se faire sans baisses de régime et sentiment légitime de redondance et de copier-coller permanent, mais cela ne va pas être rédhibitoire malgré un deuxième-tiers d’opus un peu plus décevant et quelconque (« Minds Under Pressure », « Find Your Life », « Marred And Diseased »), et ce même quand la bande propose un soupçon de changement comme via « The Wiseman » où des notes acoustiques apparaissent au milieu d’une écriture plus travaillée… mais où le rendu final sonne légèrement mitigé voire bancal.
Heureusement la dernière partie va retrouver les bonnes ondes et cela va s’entendre directement sur le remuant et mid-tempo « The Wizard Of Evil » idéal pour secouer la tête avec sa rythmique entraînante, et ce malgré une durée beaucoup trop longue sans qu’on explique cela… tant il s’éternise inutilement en proposant le même plan en boucle. Néanmoins avec « Nomads » tout cela va se finir comme il se doit tant cette tuerie hargneuse et débridée nous renvoie aux origines du Maître vu que cela semble tiré de ces fameux deux premiers longs-formats aujourd’hui cultes et considérés comme ses meilleurs. Nul doute que cette plage trouvera facilement sa place sur scène tant elle a tout pour faire un carton avec son gros côté Punk et cette batterie à fond la caisse… tout le contraire de la conclusion « Alienation Of Insanity » qui ralentit totalement la cadence, mais sans jamais parvenir à capter l’auditoire, malgré une noirceur plus affirmée et une place plus grande laissée à la lourdeur et ambiances massives. Malheureusement ça se montre rapidement ennuyeux et linéaire et il manque clairement quelque chose à cette ultime session pour captiver véritablement, au lieu de ça on en termine de cette galette avec un petit sentiment d’inachevé et de relative déception.
Du coup même si elle aurait gagné en attractivité en évitant ces longueurs et en supprimant quelques passages qui ne servent à faire que du remplissage, pour le reste on appréciera quand même cette livraison qui a plus de positif que négatif et dont il est toujours plaisant d’entendre ses auteurs qui maintiennent une vision pure et intègre du genre malgré les années et les coups durs. Relativement homogène ce « Saints Dispelled » ne sera certes qu’une réalisation de plus au sein d’une pléthorique et interminable discographie, même si elle figurera quand même parmi les meilleures choses produites durant ces quatre décennies par le vieux barbu qui n’a jamais perdu la foi ni l’envie d’en découdre. Rien d’indispensable mais parfaite pour donner de l’énergie et se défouler sans penser à autre chose que la musique, cette réalisation continue de faire vivre le culte autour de son frontman qui malgré ses soixante ans ne semble pas disposé à prendre sa retraite dans l’immédiat, tant il est toujours actif et occupé de par ses nombreux projets différents… et personne ne se plaindra de cela même s’il fait peu de doutes qu’on aura presque le même ressenti lors de la prochaine livraison, on prend les paris ?!
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | 50 minutes c'est un peu long pour du death comme celui de Master, Speckmann et sa clique devraient s'en tenir à un confortable 30-35 minutes. Mais ce dernier skeud est comme les précédents : sans surprise mais très efficace, et ça ne viendra à l'esprit de personne d'en demander plus à Speckmann. Depuis une dizaine d'années, le niveau de leurs sorties est quand même haut (ça n'a pas toujours été le cas) et ça fait plaisir de les retrouver en forme à chaque fois. |
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1 COMMENTAIRE(S)
07/04/2024 16:24