Suppression - Repugnant Remains
Chronique
Suppression Repugnant Remains (EP)
Formé en 2012, Suppression est un groupe de Thrash sud-américain qui jusque-là n’avait pas vraiment réussi à attirer l’attention sur sa petite personne. Il faut dire à sa décharge que la formation n’avait rien sorti depuis sa première démo parue il y a bientôt huit ans. La faute à qui, à quoi ? Difficile à dire même si je pense que les Chiliens ont été quelque peu plombés par l’agenda chargé de son effectif. En effet, on trouve notamment chez Suppression Daniel Poblete (guitare) et Pablo Cortés (basse), deux anciens membres des excellents Ripper qu’ils ont tous les deux quitté en début d’année, les libérant naturellement de certaines contraintes logistiques.
Du coup, sept ans après sa première démo le groupe revient à la charge avec un EP Intitulé Repugnant Remains. Disponible en cassette (Burning Coffin Records), en vinyle (Unspeakable Axe Records) et bientôt en CD grâce à Apocalyptic Productions, nul doute que l’on devrait en entendre un peu plus parler dans les jours et les semaines à venir. Il faut dire que cet artwork, aussi simple soit-il, suffit à taper dans l’œil (hin hin) du chaland, invitant naturellement à y poser une oreille attentive ou en tout cas curieuse. Errant pour ma part sur le Bandcamp du label Unspeakable Axe Records après ma découverte des excellents Aggravator (dont je vous parlerai prochainement), je me félicite d’avoir eu la présence d’esprit d’y jeter un œil (hin hin bis) même si le label d’Eric Musall a rarement pour habitude de décevoir.
Certes, il ne s’agit là que d’un EP quatre titres (dont une introduction instrumentale) mais si on aime le Thrash dans ce qu’il a de plus dynamique et de plus efficace alors je vois mal comment on pourrait ne pas être emballé par ces quatorze minutes absolument fantastiques. Car outre ces deux ex-Ripper, on trouve également chez Suppression des membres de Totten Korps, Hellish (live) et Putrid Yell. Un line-up particulièrement alléchant qui va s’occuper de mettre les pendules à l’heure dès le morceau "Repugnant Remains", un titre instrumental dans la plus pure tradition Thrash des années 90. Outre ces riffs qui puent le old-Pestilence, Death ou Sepultura à plein nez, on est tout de suite sous le charme de cette basse Steve DiGiorgio-esque. Le jeu particulièrement expressif et tout en rondeurs de Pablo Cortés m’avait déjà très largement séduit chez Ripper et, une fois de plus, il contribue ici grandement aux charmes de ce Thrash virulent qui pourtant ne manque pas d’arguments pour convaincre. Mais comment voulez-vous ne pas être enthousiaste face à ces notes qui ne cessent de rebondir sous les doigts expérimentés du Chilien et à ce groove absolument délicieux qui s’en dégage ? En ce qui me concerne, c’est peine perdue, prenant mon pied systématiquement dès que résonne cette basse frénétique et généreuse.
A la manière d’un Ripper mais avec une fibre old school plus évidente, notamment grâce à cette production plus abrasive, Suppression élimine toutes formes de résistances possibles grâce à des riffs ultra efficaces et ces quelques solos qui vont avec, un jeu technique mais naturel qui a effectivement le bon gout de ne pas en faire des caisses et un sens de l’attaque particulièrement développé, notamment grâce à ces séquences de tchouka-tchouka effrénés mais aussi de blasts haletants. C’est donc effectivement pied au plancher que les Chiliens mènent la danse à coup de compositions explosives et frontales qui ne s’embarrassent d’aucune fioriture (pas d’introduction ni de sample ici). Lorsque le groupe lève le pied c’est soit pour mieux briser des nuques à coup de breaks particulièrement bien sentis comme celui de "Human Rotting Flesh" à 2:29 ou "Fruit Of Sickness" à 1:12 ou tout simplement pour calmer le jeu comme sur "Human Rotting Flesh" à 2:47, le premier tiers moins tendu de "Self-Eating Alive" ou à 1:53 sur "Fruit Of Sickness". Et si cette liste de bons points ne suffisait pas, on peut y ajouter le chant écorché et rugueux de Claudio Rojas qui ressemble à s’y méprendre à celui d’un certain Martin van Drunen. Le résultat, plutôt confondant, renforce encore un peu plus le côté à l’ancienne de ce Thrash mâtiné de Death Metal, dressant au passage un parallèle encore plus évident avec l’album Consuming Impulse).
Vous l’aurez compris, je ne taris pas d’éloges à l’égard de ces Chiliens dont le talent me paraît absolument évident. Tout y est, les riffs inspirés, le groove irrésistible de certaines séquences, l’ambiance late 80’s grâce à cette production à l’ancienne et ce chant rappelant celui du early-Pestilence, l’efficacité à chaque seconde, l’intensité exacerbé, une basse incroyable, des solos plein de feeling... Il n’y a tout simplement rien à jeter dans ce que propose ici Suppression. Un Thrash extrêmement virulent touché par la grâce des Saints Patrons du genre et qui, je l’espère, se verra transposer sur un album digne de ce nom. En attendant, ces quatre titres restent tout à fait indispensables pour quiconque se prétend amateur de Thrash.
| AxGxB 4 Décembre 2019 - 1754 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Top ! Du thrash comme j'aime. Des riffs de partout et la haine dans le chant....
Mauvaise nouvelle pour Ripper en fait. Espérons qu'ils trouvent des remplacants à la hauteur. |
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1 COMMENTAIRE(S)
04/12/2019 17:15
Mauvaise nouvelle pour Ripper en fait. Espérons qu'ils trouvent des remplacants à la hauteur.