Warfist - Grünberger
Chronique
Warfist Grünberger
Il se passe de bien belles choses en Pologne. Au-delà du fait que le pays ait donné naissance à l’un des monstres les plus en vue de la scène actuelle, j’ai nommé Behemoth, et que Mgla et Batushka jouissent d’une hype assez impressionnante, toute une floppée de groupes très recommandables participent à faire la réputation du pays. On ne va pas revenir sur l’exceptionnelle qualité du culte black metal en Pologne, mais plutôt aller plaider la cause d’une formation qui m’était inconnue jusqu’à la sortie de son dernier et excellent album, sorti ce 27 Février chez Godz of War Productions.
Warfist s’inscrit dans la lignée des groupes de black/thrash traditionalistes, qui portent une certaine vision du metal on ne peut plus rétrograde, basée sur les riffs qui démontent, Satan, le blasphème, la bière et la violence. Pas un atome d’originalité donc, mais, encore une fois, on s’en fout. Quand on écoute du black/thrash, ce n’est pas pour être surpris, c’est pour faire la bagarre.
Grünberger est, paraît-il, un concept album qui revient sur le passé de la ville d’origine du groupe, Grünberg. Bon, vu la discographie et l’esprit du groupe, on les aurait foutu à Mantes-la-Jolie qu’ils auraient aussi trouvé des histoires sataniques à nous raconter sur la ville. Ce qui compte vraiment, ce sont les riffs. Et ils démontent, ma bonne dame. Ne vous fiez pas à la petite intro à la guitare acoustique, on prend juste quelques mesures pour vous amadouer et BAM, on fait tomber les grosses rythmiques punk. On remarque tout de suite la production, bien puissante et plutôt propre sans faire dans le plastique. Ça donne des guitares massives, chaudes et bien grondantes, qui font plaisir à entendre et donnent ce qu’il faut de force aux riffs pour les rendre vraiment percutants. On entend la basse qui fait « blong blong » en fond sans trop se fatiguer, et on a un enrobage parfait pour une petite quarantaine de minutes de furie.
La force de Warfist, c’est son dynamisme. Le groupe est très majoritairement client des tempi rapides, mais arrive à garder une énergie jouissive même sur les baisses de vitesse. L’excellent « The Chapel of Death » par exemple, qui se fait plaisir à coup de D-beat et de riffs rock’n’roll et son gros refrain est parfait pour illustrer l’idée. On note au passage un jeu de batterie vraiment bien fichu, varié, percutant, un peu gâché par la seule faiblesse de la production. Ça sonne un peu timide, un peu timoré tout ça. Mais enfin, ça ne gâche vraiment pas l’écoute.
Warfist aime les structures simples. Certains refrains sont quasiment identiques d’une chanson à l’autre, et le disque est dans l’ensemble assez prévisible … Mais tout pareil que tout à l’heure, on s’en fout. Si je veux tomber de ma chaise, j’écoute Deathspell Omega. Si je veux la fracasser sur mon voisin, j’écoute Warfist. Au rayon des morceaux de choix, « Death by the Cleansing Fire », révélée en avance, est une vraie boucherie. « Drinking with the Devil » assure aussi son rôle de casse-nuque ultra entraînant. On ne peut qu’imaginer le carnage que ce genre de titre fera en concert ! Je vois déjà le public gueuler le refrain en cœur. Et puisqu’on parle de gueuler, il faut absolument mentionner ce chanteur d’exception, avec sa voix grasse et virulente. Le gars n’a même pas l’air de forcer pour sortir des lignes de chant galvanisantes et furieuses au possible. Bon Sang que c’est bon !
Allez, s’il fallait sortir quelques pistes plus faiblardes, on dira que « The Punishment » est un peu lourdingue, avec son refrain binaire pas foufou, ainsi que « March of Death », qui reste très correcte mais accuse quelques riffs moins percutants. Vraiment pas de quoi en faire un fromage.
Warfist sort ce qui s’appelle un putain d’album. Amateurs de black/thrash, de l’esprit early Bathory et des riffs teutons, vous êtes ici chez vous. Honnêtement, il y a peu de chance pour que cet album fasse date, le groupe n’a clairement pas l’envergure nécessaire, mais c’est le genre de disque qu’on se repasse sans faim, et qui défile à une vitesse folle. On est même étonné de voir à quelle vitesse on en arrive à la fin ! Une excellente découverte, que j’attends avec impatience de découvrir en concert.
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