Blodhemn - Mot Ein Evig Ruin
Chronique
Blodhemn Mot Ein Evig Ruin
Décidemment malgré les années et la concurrence de plus en plus exacerbée à l’international, la Norvège reste encore aujourd’hui incontournable dans le style qu’elle a popularisé dans les années 90 et qui continue de se porter comme un charme. Si certaines de ses vieilles gloires poursuivent une carrière pourtant sur le déclin des petits jeunes émergent d’un peu partout, que ce soit à Trondheim avec les excellents WHOREDOM RIFE ou à Bergen avec BLODHEMN, qui malgré d’évidentes qualités reste encore trop méconnu. Car avec quinze ans d’ancienneté le projet solo d’Invisus a déjà deux albums au compteur (les très bons « Holmengraa » et « H7 »), et une petite notoriété dans l’underground local, même s’il mériterait incontestablement une reconnaissance plus élevée. Sur le fond comme la forme il n’y a pas de surprises à avoir tant on est dans un pur Black-Metal qui sent bon le grand air des fjords et se révèle être sans surprises ni compromissions, tout en conservant la qualité de ses précédents longs-formats. Car avec ce troisième volet le multi-instrumentiste va continuer le travail entamé par le passé, qui va se faire encore plus dense et homogène chose qui va sauter aux oreilles une fois l’introduction atmosphérique terminée.
Celle-ci au côté tribal affirmé va se retrouver sur le court et radical « Det Gjekk Ein Faen » où ça va tabasser pratiquement en continu, et dont l’ensemble ne se calmera que via l’apparition en son milieu de cette ambiance de percussions éthérée qui va servir de pause avant de repartir à fond la caisse jusqu’au bout. A la fois basique et primaire ce morceau n’a rien de franchement transcendant tant il semble avoir été écrit et enregistré à l’arrache, mais heureusement dès que résonne « Døgenikt » les choses vont être mises dans le bon sens, et le resteront par la suite. Car bien que conservant la brutalité entendue auparavant celle-ci montre une grosse densité, tant les variations y sont nombreuses sans que le tempo global ne s’en trouve affecté, vu qu’ici le concepteur du projet se déchaîne totalement et y montre une rage que l’on n’a rarement entendu si affirmée chez lui. Les plus de quatre années d’absence ont visiblement besoin d’être exorcisées et ce titre est un bon exutoire pour lui tant la violence ne le quitte pas, mais dont les divers changements de rythme permettent de garder une cohérence, avant de lever le pied avec « Østfront » qui arrive. Ici la musique va s’alourdir pour se caler majoritairement sur un mid-tempo d’une efficacité sans nom qui permet de montrer une facette épique entraînante, où la vitesse n’est active que de manière éparse, laissant la place à un riffing impeccable qui envoie l’auditeur vers les forêts enneigées et le froid pénétrant. Le résultat de l’ensemble est imparable et confirme que le compositeur n’a pas besoin de blaster en permanence pour être efficace, au contraire on le sent ici arrivé à maturité et il n’hésite pas à lorger vers l’immense DISSECTION (qu’il avait déjà eu l’occasion de reprendre en studio comme sur scène). Cette compo ne sera d’ailleurs pas la seule de ce type sur cette galette, car le redoutable « Mod Midnatt » reprend les mêmes éléments tout en les poussant plus loin, et poussant le cheminement à son paroxysme. Glacial à souhait et conjugué à une grosse dose de passages épiques on se prend même à sautiller tant l’addition des instruments donne envie de rejoindre les troupes vikings contre l’envahisseur. Si les parties furibardes sont absentes, les guitares coupantes à l’entrain contagieux compensent largement ce point de détail, d’autant plus qu’un soupçon de mélodie apparaît pour aérer le tout et donner ainsi une sensation de beauté hivernale et de plénitude.
Au milieu de tout cela on a droit à un mélange de toute la palette du norvégien qui continue de se faire plaisir et de réjouir son auditoire par l’attractivité proposée, à l’instar de « Nordhavs Speil » tout en pression et montagnes russes. Voyant à plusieurs reprises des cassures qui servent de tremplin à des moments explosifs, ceux-ci ralentissent et redémarrent fréquemment mélangeant ainsi instants de violence et de calme relatif. Si celle-ci voyait apparaître une construction plus travaillée, le magnifique « Uante Krefter I Fra Nord » en est le prolongement logique où les deux extrémités se côtoient sans empiéter l’une sur l’autre. Si un long passage mélodieux permet de respirer après un déluge ultra-rapide, il est complété par des mid-tempo entraînants et légèrement atmosphériques qui sont une incitation au voyage, avant un retour à la réalité plus brutal que jamais avec l’agressif « Dra Te’ Helvete ». Si l’ombre de TAAKE est ici mise en avant par une ambiance Punk primitive et assumée son compatriote ne se contente pas de répéter les créations de Hoest, car en plus du côté crade et sans concessions on ressent une légère influence Thrash pour rajouter à l’énergie contagieuse, et ainsi confirmer l’homogénéité sans failles de cette galette.
Si les deux premières étaient déjà d’un excellent niveau cette nouvelle livraison est sans aucun doute la plus aboutie de son géniteur, et la meilleure qu’il ait réalisé à ce jour, vu qu’il n’avait jamais été si loin dans le mélange des genres où rien ne se perd et où la ligne directrice reste inchangée. Simplement il a osé densifier son propos, preuve qu’il a gagné en maturité et expérience, et c’est cela la force principale de cet opus qui suit le chemin entamé par ses prédécesseurs et qui s’améliorent à chaque fois. Rien de neuf donc, juste une maturité et évolution qui vont de paire confirmant donc que BLODHEMN mérite une attention plus poussée et une mise en avant de sa musique (à la production crue et homogène) qui n’a rien à envier aux ténors de son pays, et qui perpétue une certaine vision originelle du Metal noir, sans pour autant tomber dans des travers (musicaux comme extérieurs) qui ont pu lui nuire à une certaine époque.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène