Koldbrann - Ingen Skånsel
Chronique
Koldbrann Ingen Skånsel
Avec bientôt un quart de siècle au compteur le combo basé à Drammen fait clairement partie aujourd’hui des vétérans de la scène norvégienne, et pourtant malgré ses efforts il reste encore aujourd’hui particulièrement méconnu au sein de celle-ci comme de la part du public. Car quand on évoque le Trve Norwegian Black Metal KOLDBRANN n’est pas le premier nom qui nous vient à l’esprit, et c’est finalement assez logique tant celui-ci a toujours privilégié la qualité à la quantité au sein d’une discographie finalement assez légère, vu que ses membres prennent désormais le temps de la réflexion avant de repasser par le chemin du studio. En effet si le groupe a été assez prolifique durant son début de carrière en publiant trois albums, deux Ep et une poignée de singles en une décennie à peine... en revanche ce quatrième long-format aura mis onze ans à voir le jour, période où seul deux nouveaux morceaux publiés en fin d’année dernière ont permis de confirmer que la formation était toujours active. Evidemment ce 7" vinyl n’était pas suffisant pour rassasier les amateurs de ce style indémodable, mais néanmoins la qualité entrevue permettait d’être plein d’espoir pour ce nouvel opus qui devait succéder au très bon mais surprenant « Vertigo », qui voyait l’apparition de solos et de légères influences industrielles et synthétiques.
Rien de tout ça ici car visiblement les gars ont décidé de revenir aux fondamentaux entendus sur le réussi « Nekrotisk Inkvisition » et surtout le redoutable « Moribund » qui avait permis à ses auteurs de sortir de l’ombre (tout en en se payant le luxe d’une mini-tournée européenne avec URGEHAL et TAAKE – avec en prime un passage mémorable dans la petite salle de La Loco devant une audience très clairsemée), et de se faire une réputation d’élève appliqué et sérieux. Et s’il y a tout à parier que ce « Ingen Skånsel » ne va pas changer la donne pour la formation, le moins que l’on puisse dire c’est que cette interminable attente en valait la peine vu qu’elle signe un disque redoutablement efficace, à la fois sans fausses notes et à l’homogénéité permanente où l’on va naviguer en continu entre les longues nuits hivernales typiquement scandinaves et la neige épaisse qui ne semble vouloir jamais s’arrêter de tomber. Preuve en directement avec le morceau-titre glacial qui va nous abreuver de passages lents et pénétrants au début et à sa fin, et calés entre une déferlante de vitesse et de blasts en son centre... comme pour nous mettre en condition de la météo locale, où les tempêtes succèdent à des moments où la température évolue légèrement et où le brouillard émerge du néant. Puis doucement le quatuor va accélérer la cadence, tout d’abord sur le plus brutal et frontal « Et Uomtvistelig Falsum » au riffing particulièrement coupant puis via l’excellentissime « I Unaturens Vold » remuant et dynamique à souhait, où les accents épiques et guerriers font ici des merveilles. On a donc compris que malgré un classicisme total et une écriture sans aucune surprise on adhère complètement au contenu proposé, qui nous renvoie dans les grandes heures du genre vu que ça n’a même rien à envier à certains classiques proposés à cette période. Car quand on écoute encore le bridé et obscur « Prosesjon Under Blyhimmel » on navigue en plein dans les fjords sous une pleine lune mystérieuse et inquiétante, avant que le vent ne se lève et n’amène avec lui des accélérations de tempo foudroyantes et des plans propices au headbanging via du médium racoleur et implacable.
Si le court interlude « Det Kryper Kaldt » va amener une légère touche de nostalgie, il va aussi donner le ton de la seconde partie de cette galette qui va encore gagner en force et attractivité, et en premier lieu sur le varié et dense « Maskiner av Nihil » suivi du simple et entraînant « Forstanden Seiler Sin Egen Sjø » où le mid-tempo est mis plus en avant, et exécuté de façon impeccable et entêtante. Si ces deux plages montraient déjà de biens belles choses de par leur relative simplicité et la façon qu’elles ont de donner envie de prendre les armes, le furieux et tempétueux « Fortærer av Minne og Form » va encore grimper plus haut dans la hiérarchie de cette galette décidément pas avare en compositions réussies. Si le gris et le blanc se mélangent ici allègrement ça n’en oublie pas de jouer sur l’obscurité, et de fait ici l’ensemble rythmique est mis sur un même pied d’égalité afin d’embarquer les courageux et les volontaires dans une odyssée furieuse où les dieux païens nordiques sont fortement présents, scotchant ainsi tout le monde dans ces aventures rafraîchissantes et jouissives vu que rien ne semble pouvoir arrêter ce vent frissonnant et pénétrant, mais qui arrache toujours un sourire tant on apprécie le moment musical ici présent... comme cela sera le cas jusqu’à l’ultime seconde. En effet que ce soit avec « Rykk Skaperverket Opp med Roten » comme « Serenade til Dødens Elende », l’entité va conserver cette lancée et termine ainsi les hostilités par des plages sans chichis mais suffisamment accrocheuses et efficaces pour qu’on ne relâche pas son attention, et ce malgré une durée générale qui avait de quoi faire peur au départ.
Si les presque cinquante minutes au compteur pouvaient effectivement faire flipper du fait d’un gros risque de lassitude il n’en est heureusement absolument rien, certes à force tout cela peut se révéler être un peu répétitif et prévisible mais la qualité de l’écriture et les nombreuses variations proposées permettent ainsi d’éviter facilement cet écueil. Du coup on peut aisément dire qu’on est en présence d’un des enregistrements de l’année dans ce registre toujours concurrentiel d’où il est difficile désormais d’émerger, et aidé en cela par une production impeccable et aiguisée (à la basse d’ailleurs bien audible) idéale donc pour rendre grâce à l’ensemble à des compos proposées. S’il faudra du coup s’accrocher pour bien tout mémoriser en revanche le temps d’écoute va se révéler imposant et personne ne s’en plaindra, tant on en redemandera avec délice de repartir dans ces contrées respirables où la chaleur n’est jamais trop élevée... ce qui en ces périodes de canicules répétées est toujours fort agréable. Autant dire qu’à l’heure où les leaders historiques sont à la retraite ou ne semblent plus guère inspirés (et ce alors que la nouvelle génération a du mal à émerger comme à proposer du contenu intéressant), le binôme mené par Lloyd Hektoen et Øyvind Knutsen Nystad est parmi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle dans la contrée nordique, et donc il est clair qu’il va falloir désormais s’intéresser plus à lui... si ça n’était pas déjà fait, tant il fait vivre avec brio l’esprit du Metal noir dans ce qu’il a de plus beau et mystérieux... mais aussi d’inquiétant et d’impassible.
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