Krigere Wolf - Eternal Holocaust
Chronique
Krigere Wolf Eternal Holocaust (EP)
Ce qu’il y’a de formidable avec la scène Metal italienne c’est qu’elle ne cesse de surprendre par ses bons côtés comme par les mauvais, car souvent le meilleur y côtoie le pire, mais dans tous les cas elle ne fait jamais les choses à moitié. En effet nos amis transalpins ont le don pour créer des formations improbables où le kitch côtoie le grand-guignol, voire carrément le ridicule et le néant total (nous tairons les noms mais ils sont nombreux). Mais une fois un tri nécessaire effectué celle-ci laisse apparaître un bouillonnement de combos obscurs et motivés, dont certains finissent un jour par faire parler d’eux et heureusement d’ailleurs tant il aurait été dommage que leur acharnement et leur qualité musicale ne soit pas reconnus. C’est le cas ici pour ce projet originaire de Catane et actif depuis déjà une décennie autour de son leader et créateur Rick Costantino, qui s’est acharné à le maintenir en vie malgré les changements incessants de personnel autour de lui, et des sorties régulières sur des labels de seconde zone qui ne l’ont pas aidé à diffuser son contenu.
Désormais signé chez les polonais de Lower Silesian Stronghold au catalogue particulièrement vindicatif, le binôme semble s’en être visiblement inspiré tant cet EP contient le son le plus radical jamais enregistré par ses soins. Si certains considèrent cette galette comme un album complet de par sa durée (pratiquement trente minutes montre en main) celle-ci ne comporte pourtant que quatre compositions originales, complétées par une reprise de DISSECTION et une introduction d’usage. Si ce point de détail va sûrement en faire tiquer certains il serait néanmoins regrettable de ne pas se pencher dessus, vu qu’il s’agit ni plus ni moins de la meilleure livraison des siciliens à ce jour, et qui ne va pas débander du début à la fin. Si l’on se doute bien pendant l’introduction (où se côtoient pêle-mêle les loups, la pluie, le vent, les chevaux, cris dans le lointain etc…) que l’on n’est pas là pour rigoler et que les amateurs de finesse pourront passer leur chemin, on est quand même loin de penser à la déferlante qui va arriver et à la boule d’énergie qu’elle contient. D’entrée le morceau-titre va mettre les points sur les i et balancer la purée à grands coups de blasts dévastateurs et passages ultra-rapides qui ne vont pas laisser un instant de répit, enchaînant sans coup férir ces deux passages où les gars sont complètement déchaînés. Preuve en est (outre la musique) le chant très inspiré où les deux acolytes alternent entre voix criardes et growl d’outre-tombe pour ajouter encore à la densité ambiante, qui renvoie vers un passé remis régulièrement à l’honneur, via une production assez brute et sèche au rendu naturel et par un jeu de batterie très rétro où les roulements fréquents et les frappes de cymbales intensives font plaisir à entendre.
Ne ralentissant jamais l’allure cette compo d’ouverture va servir de tremplin aux suivantes, car elles ne comporteront également aucun ralentissement où passage lent, à l’instar du sauvage « Blasphemous Chaos Magnificence » qui reprend les mêmes éléments entendus auparavant, mais en proposant un soupçon de variété supplémentaire. Bien que continuant son œuvre en mode brutalité on perçoit ici un riffing légèrement épique calé au milieu d’un déferlement de tabassage en continu, où la vitesse ne ralentit à aucun instant tout en conservant une accroche imparable, renforcée par un solo joué à l’arrache (une constante que l’on va retrouver régulièrement). Cette ambiance de combat entraînant va là-aussi apparaître sur le monstrueux « Vision Of Death » où là-encore le sens du riff et des leads de Salvatore Leonardi font des merveilles, et où l’envie d’en découdre avec ses ennemis est bel et bien présente tant le tempo varie comme il faut, complété par la construction simple d’une efficacité sans nom. Car le duo ne s’encombre pas de surenchère inutile et privilégie toujours la simplicité comme avec l’excellent « Mystic Genocide » qui simplifie encore son jeu et qui grâce à des variations subtiles du frappeur trouve le moyen de densifier et aérer des passages blastés, sans lassitude aucune. Passant sans écueil les écoutes multiples ces créations originales se révèlent sans accrocs montrant à la fois la rage déployée par ses géniteurs et leur qualité d’écriture indéniable. D’ailleurs même quand il s’agit de rendre hommage à d’autres musiciens avant eux le résultat est toujours aussi jouissif, comme ici avec le « Night’s Blood » créé à l’origine par Jon Nödtveidt et ses camarades, et repris de façon fidèle et explosive.
Si ce genre de cette galette expéditive et sans concessions peut devenir rapidement lassante les mecs ne sont pas tombés dans le piège, grâce à une habileté et un feeling imparable qui ne donnent pas l’impression de taper dans le vide (contrairement au rendu famélique proposé par leurs compatriotes de TOTALITARIAN), d’où un ennui inexistant. Si l’on était un peu tatillon on pourrait reprocher à l’ensemble d’être un peu trop court (on aurait bien repris un ou deux morceaux supplémentaires) mais cela ne nuit en rien à la qualité de la baffe que l’on prend tout au long de l’écoute, sans pour autant être fracassé. Du coup inutile d’abuser des superlatifs une fois cette expédition punitive terminée qui s’impose comme un grand cru extrême de 2019, et place la barre très haut pour la concurrence qu’elle provienne aussi bien de l’intérieur de son pays comme de l’extérieur, confirmant du coup que quand ils font dans la sobriété nos voisins latins de l’autre côté des Alpes s’avèrent être redoutables.
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