Idle Hands - Mana
Chronique
Idle Hands Mana
Vous savez, cela fait bientôt un an que j’ai rejoint les rangs de Thrashocore mais vous ne devez pas vraiment me connaître: je n’arpente pratiquement jamais les forums, ne suis pas très présent dans les commentaires ou sur d’autres groupes de discussions… au final, ma présence ici se résume à poster mon travail et à lire au maximum celui des autres, en fonction du temps que j’ai, en laissant quelques fois mon avis, mais c’est tout. Cela dit, dans un sens, il n’y a pas vraiment grand-chose à connaître sur moi, tout ce qu’il faut savoir est résumé sur ma page de profil. Une chose, cependant, n’y apparaît pas, une chose qui pourtant est cruciale pour un chroniqueur: mon système de notation. Chaque chroniqueur a un système de notation! D’ailleurs, il varie très souvent de l’un à l’autre! C’est ce qui rend intéressant la multiplicité des chroniques sur une même oeuvre, pour pouvoir ainsi la cerner sous tous les angles.
Je n’aurai pas la prétention de parler au nom des autres mais me concernant, je n’ai pas vraiment de barème – il serait absurde de noter un album avec la même rigueur scientifique qu’un devoir de mathématiques. Certes, beaucoup de critères techniques font balancer la note sur l’échelle mais, au final, tout se résume à une pure question de goûts. On juge de la musique, donc de l’art, et en soi juger de l’art est déjà quelque chose de prétentieux, même avec toute la subjectivité du monde. Je me contente alors de parler de choses que j’aime et de dire en quoi et pourquoi je les aime, sans oublier de replacer un maximum l’oeuvre dans son contexte, de défendre au mieux mes opinions et de rendre le tout agréable à lire. Voilà la chronique-type, chez moi.
Concernant la notation pure, retenez deux choses: la première, c’est qu’un cinq sur dix n’est pas forcément synonyme de mauvais album mais d’album extrêmement lambda, qui se fond parfaitement dans la masse et qui se contente de réutiliser toutes les techniques déjà utilisées mille fois sans apporter de contenu qui pourrait me faire ressentir des choses- gardez bien cette fin de phrase en mémoire! A l’image du cinq, qui est la frontière entre le bon et le mauvais, à mi-chemin du dix, les albums récoltant cette note seront moyens. Pas bon ni mauvais, juste moyens. Qui ne nous laisse aucune émotion, positive comme négative.
La deuxième chose à retenir, c’est que je ne met qu’un seul dix de l’année du point de vue des sorties d’albums. Je m’explique. Si je met un dix à « Walls of Jericho » de Helloween, plus aucun album sorti en 1985 ne pourra récolter une pareille note. Moi, en 2019, je pourrai toujours en mettre autant que je veux, mais je n’en attribuerai pas plus d’un par année de sortie. En somme, le dix représente la consécration, la note absolue, non pas la perfection – car nous jugeons de l’art – mais l’oeuvre qui ne pourra pas être dépassée… et comme il faut toujours remettre les choses dans un contexte temporel, j’ai décidé qu’une pareille oeuvre ne pourra pas être dépassée lors de son année de sortie.
Beaucoup de blabla pour, au final, décrire une notion que tout le monde a clairement en tête: l’AOTY, ou album of the year!
Mettons rapidement les choses au clair: l’album dont je m’apprête à vous parler aurait pu aisément prétendre à une telle place. Simplement, sachant résolument que les allemands de Lunar Shadow s’apprêtent à le détrôner dans dix jours (à l’heure où j’écris ces lignes), j’ai préféré, par précautions, le reléguer au rang de « excellent album » avec un 9.5/10… A une telle altitude, à 0.5 prêt… on ne fait plus de différences.
Idle Hands est un de ces nombreux groupes que j’ai découvert grâce au travail remarquable de la chaîne Youtube « New Wave of Traditional Heavy Metal » et c’est très certainement l’une des plus belles découvertes que j’ai pu faire. Formé en 2017 à Portland, dans l’Oregon, cette formation toute jeune n’a pour l’heure à leur actif qu’un EP « Don’t Waste Your Time » sorti en 2018 et un album, « Mana », sorti le 10 Mai dernier. Ce groupe se démarque par un mélange assez original de heavy metal et d’éléments de rock gothique qui nous renvoie vingt ans en arrière, avec une recette rappelant fortement New Model Army ou encore les Cure. Et, si vous avez suivi jusqu’à là, inutile de préciser que cet album m’a absolument bouleversé.
Prenez simplement l’opening « Nightfall »: quelques accords de guitare clean en reverb et on plonge directement dans le vif du sujet, dans cette dualité autour de laquelle l’album gravite: des parties plus goth rock, des parties plus heavy metal, la globalité de « Nightfall » se trouvant plutôt dans la seconde catégorie de par la présence d’éléments très « metal » comme de la double pédale ou des power chords bien lourds. Le couplet commence très vite et on se reçoit la première baffe. Le chant. Celles et ceux qui ont déjà écouté cet album savent de quoi je veux parler. La voix de Gabriel Franco est absolument merveilleuse, à l’image des meilleurs groupes de rock gothique des années fin 80. Très monolithique, elle ne décole vraiment que pour nous proposer un refrain poignant ponctué de quelques hurlements d’agonie. Le morceau s’enchaîne très vite, comme s’il n’y avait pas vraiment plus à ajouter pour nous captiver.
Les fans des deux genres respectifs auront de quoi se régaler car l’album leur rend équitablement hommage: dans la catégorie « plus heavy metal » on trouve "Nightfall" et sa double pédale apportant un côté lourd et oppressant au morceau, « Cosmic Overdrive » et ses blast-beat blackisants, sa voix rauque et déchirée et qui se conclue d’une manière merveilleuse, « Give Me to the Night », aux allures de tube tout droit sorti des années 90 et qui fonctionne de même manière que « Nightfall » avec la palme des meilleures mélodies de couplet et de refrain que j’ai eu la chance d’entendre depuis un moment, tout particulièrement à la fin avec une légère modification dans les mélodies. « Blade and the Will » renoue avec la double pédale et ajoute de magnifiques arpèges dans les mélodies, tout comme « Cosmic Overdrive » dans un autre registre et nous régale de magnifiques mélodies en harmonique tierce complétant le chant dans le refrain.
A l’opposé, dans la catégorie « plus goth rock », on trouve la semi-balade « Don’t Waste your Time », que l’on retrouvait déjà sur leur premier EP mais que l’on se repasserait volontier tant les mélodies dans les couplets et dans les refrains sont catchy, où les guitares électriques sont presques invisibles, et qui n’apparaissent seulement lors du solo ainsi que dans un passage à nouveau black-like, à la fin. On trouve également le second titre « Jackie » et son rythme mid-tempo qui calme un peu le jeu imposé par « Nightfall » ainsi que son refrain, un des meilleurs de l’album. « Double Negative » semble aussi avoir franchi un portail temporel de part son anachronie terrible qui lui donne un charme difficilement égalable et qui nous fera verser les dernières larmes qu’il nous reste sur son refrain.
« I don’t want to die, but I’m going to try
Get used to life without me
I don’t want to be alive
You will be alright if you give it some time
But either way it doesn’t matter
Let’s see if I can fly »
Les trois derniers titres se rangent également dans la catégorie « musique d’une autre époque. » On retrouve une seconde balade avec « It’ll Be Over Before You Know It » qui ne contient pratiquement pas de guitare électrique mais qui ne propose de rien de poignant ou de marquant, simplement un sympathique 80’s – like (remarque, comparé à ce qui vient de précéder… autant leur demander la lune). « A Single Solemn Rose » et « Mana » nous proposent à peu près la même chose avec un refrain plus marquant.
Et voilà, l’album est terminé. Il a duré quarante petites minutes, de quoi nous faire presser le bouton « replay » plus d’une fois. Et avec, se termine cette chronique.
Ouais, elle est assez conséquente aujourd’hui mais je voulais bien prendre mon temps pour étayer tous les points qui me passionnent dans cet album, tant je pourrais en tenir une longue dessus. Retenez simplement que « Mana » est un chef-d’oeuvre comme on en fait difficilement, et qui nous plonge durant quarante minutes dans une époque révolue – et que certains d’entre vous ont sûrement connue! – au paroxysme de la gloire des Cure ou de New Model Army. De la sorte, « Mana » nous offre une vision plus douce, plus sentimentale, plus rêveuse du heavy metal, à l’image de ces mains inconnues, sur la pochette, portant en son creux une flaque d’eau formant un coeur. Pochette signée Adam Burke sous le nom d’artiste de Nightjar Illustration et que l’on retrouve, entre autre, chez les derniers Barren Earth, Vektor ou… le prochain Lunar Shadow. Oui, l’album qui s’apprête à détrôner ce petit bijou et dont vous ne manquerez pas d’entendre parler – au moins par moins.
Allez, on y retourne?
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