On a fêté un anniversaire, l'année dernière, que je m'en veux encore d'avoir loupé. J'aurais adoré faire souffler à
"Tot" ses dix bougies. Il a fallu trouver un prétexte pour l'aborder... Qui s'est imposé de lui-même. S'il est bien initialement sorti en 2008, j'ai choisi de me pencher sur le
repress de notre Bones Brigade national : c'est par ce dernier que j'ai découvert le groupe, après tout. Car avant de me décevoir avec un
"010" (2010) efficace mais pas au niveau et un
"1986" (2014) carrément décevant, le duo Batave avait su me traumatiser de la plus belle des manières, en commettant un attentat sonore touchant du doigt la perfection pour qui aime la musique respirant l'urgence. Un sommet en matière de Grindcore abâtardi de Powerviolence, rendu encore plus frénétique par la touche Jesus Cröst : le
"stop'n'go".
Elle est là, la
plus-value du duo. En plus de maîtriser son propos, il ne cesse de casser le tempo dans des titres toujours plus courts. Moins de quinze minutes pour vingt titres, voilà ce qu'on aime voir (je ne compte pas le titre bonus du
repress, dix minutes d'un live inaudible et sans intérêt). La batterie alterne ainsi entre
blast-beats effarants de rapidité et
breaks en forme de freinages forcenés, qui laissent sur leur passage traces noires et odeurs de caoutchouc brûlé. Jesus Cröst joue vite, bien, avec précision, ce qui le rend redoutable d'efficacité. Incendiaire, mais si la ligne de conduite reste la vitesse à tout prix, il sait également, en plus des fractures de rythme évoquées, ménager l'auditeur par quelques menus ralentissements, titres
mid-tempo façonnés pour faire saigner la fosse ("Demonkrankenheit", le démarrage de "Milevskyi") ou l'utilisation compulsive des
samples, délicieusement débiles (le célèbre
german kid sur le redoutable "Krank"). Tout ce joyeux bordel magnifié par un son qui va comme un gant à l'exercice et, cerise sur le gâteau, le chant arraché, entre l'aboiement strictement Punk et l'hystérie la plus totale. Oui, le disque est assez hermétique, pour qui n'est pas rompu aux franges les plus intransigeantes du Grindcore. Cependant, ceux qui sauront goûter ce qui fait tout le charme (et la différence) de Jesus Cröst y reviendront immanquablement... Parce que trop bref. Moins de quinze minutes, quand tout est aussi bien fait, c'est quand même cruellement court !
"Tot" est un classique personnel, vous l'aurez compris. Il me renvoie à mon adolescence et mes commandes chez Bones Brigade, lorsque j'épluchais les interminables grilles des catalogues papier du label (envoyés gracieusement, à l'époque) pour trouver de quoi me mettre sous la dent. Au-delà de l'effet
"madeleine de Proust", hautement subjectif, force est de constater que Jesus Cröst a signé avec cet opus le sommet de sa discographie, jamais égalé en dix-huit ans de carrière. Un concentré de ce que le Grindcore et le PV peuvent offrir de meilleur, et qui saura s'imposer, j'en suis certain, comme un classique de l'
underground. La preuve : onze ans après sa sortie, il n'a rien perdu de sa puissance.
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