Pourquoi j'aime autant Magrudergrind ? Et donc, logiquement, pourquoi ai-je été si déçu par leur dernier album,
"II" ? La raison est simple : Pour moi, comme pour beaucoup, Magrudergrind est un groupe purement
cathartique. Ok, c'est un gros mot, mais je n'ai pas trouvé meilleur qualificatif pour la formation Américaine. Car elle sait donner la patate, l'envie de tout détruire autour de soi, empruntant et assimilant le meilleur du Grindcore, de la Powerviolence et du Punk Hardcore, pour rendre une copie quasi-parfaite. Cet éponyme, qui souffle ses dix bougies cette année, est un sommet à lui tout seul. Il est si absurde, si jusqu'au-boutiste dans sa violence, sa frénésie et son hystérie qu'il a su s'imposer en tant qu'album de Grindcore majeur de ces dernières années - et, vous l'aurez compris, comme un classique personnel.
Ce sont ces riffs acides, tranchants, dispensés par R.J. Ober, le jeu de batterie galopant de Chris Moore, et surtout, le chant hallucinant de fureur d'Avi Kulawi qui font de
"Magrudergrind" un grand cru, ponctué de samples tantôt revendicatifs, signature du combo, tantôt parfaitement débiles - mais toujours à leurs places. Et c'est tout ce qui manque à
"II", qui m'avait laissé complètement de marbre. A l'image de
"Voices" de Wormrot, finalement. En se professionnalisant, en essayant d'insuffler "un peu plus" à leur recette, le groupe s'est perdu.
Exit la spontanéité, l'urgence. Sans forcément être particulièrement mauvais, hein ! Mais j'attendais simplement ce pourquoi j'avais signé, et ce à quoi le trio nous avait habitué : une raclée en bonne et due forme. Qui s'était, malheureusement, transformée en tape timide sur le dos de la main. Et le Grindcore ne pardonne pas les disques en demie-teinte.
Pour en revenir à l'obus qui nous intéresse, force est de constater que trio n'a pas bûché pour venir enfiler des perles. Un rapide coup d’œil aux titres et aux paroles (oui, les mauvaises langues, il y a bien des paroles) nous confirme les racines typiquement Punk du groupe, qui se ressentent au détour de cassures de rythmes taillées pour enflammer les fosses ("Fools of Contradiction", "Cranial Media Parasite", le pesant motif central de "The Price Of Living By Delinquent Ideals"). Après tout, qu'est-ce que le Grind, si ce n'est du Punk gavé aux amphétamines ? De ce côté-ci, le cahier des charges est parfaitement respecté. En moins d'une demie-heure et seize titres rageurs, Magrudergrind crache sa colère à dix centimètres de notre visage. Et nom de Dieu, l'acidité de ses postillons attaquerait sans aucun problème un blindage épais. Derrière le chaos apparent, les saillies de
blasts et de gorge (le rythme qui pile coup sur coup de "Assimilated Pollutants", ponctué par les effusions de larynx d'Avi), tout est parfaitement à sa place, et maîtrisé. Même le titre "Heavier Bombing", en forme de hip-hop
lo-fi, renforce le côté
street du groupe, petite meute de chiens errants, bave aux lèvres, prêts à croquer quelques mollets de crânes rasés. Ici, point de laisse, point de
"donne la patte", le trio se fait sauvage, mais jamais gratuit. En fait, la seule chose qui me retient d'intégralement louer cet album, c'est "Bridge Burner", piste la plus longue et la plus lente : si le riff principal, apocalyptique à souhait, laissait présager un monolithe, il traîne en longueur et finit par lasser, malheureuse cheville tordue qui arrive en plein milieu du marathon.
Nul besoin de tirer en longueur comme cette petite erreur de parcours :
"Magrudergrind" est un essentiel, point à la ligne. Si tu te revendiques amateur de Grindcore et que tu ne connais ni le groupe, ni les raisons de son succès d'estime, c'est que tu n'es pas un amateur de Grindcore. Répare-moi vite ce tort et va te repaître de cette déflagration qui te laissera, sans aucun doute, lessivé et satisfait. Et pour les autres... Avouons-le, cette chronique vous servira de prétexte pour redécouvrir ce monument du genre. Indispensable.
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