Tu vois, dans l'immédiat, je me sens un poil con.
J'y croyais, hein, j'étais sûr de moi, à fanfaronner un peu partout qu'il serait quasi-impossible de faire plus convaincant que
"Diptyque" de
Warfuck en matière de Grindcore pour cette année. Et v'là-t-y pas que ma meute de clébards favoris revient, sans crier gare, pour me chiquer les mollets. Non pas que je m'en plaigne, hein. Ce genre d’attaques en traître, j’en reprends tous les jours, et avec plaisir. Je portais déjà
Chiens en très, très haute estime, depuis
"Vultures are our Future" (2013) et l'EP
"Trendy Junky" (2019).
"1.8.7. MYSELF", paru sans crier gare il y a deux semaines, confirme que le trio, devenu entre-temps quatuor avec l'arrivée de Rémy à la deuxième guitare, fait partie des meilleures choses à être arrivées au Grindcore hexagonal ces dernières années. Et ce n’est pas leur prestation enragée au
Lixiviat Festival qui viendra me contredire : les témoins sont nombreux, menez votre enquête.
Vais-je prendre le risque de l'affirmation péremptoire, une fois de plus ? Allez, au Diable la prudence, je m'abandonne corps et âme :
"1.8.7. MYSELF" est une dinguerie, pure et simple. Pour faire court : je n'en sors pas. Je l'use, j'en abuse, je passe ma vie à relancer ces quinze petites minutes de pure violence, un énorme sourire de mange-merde invariablement fiché en travers de la trogne. C'est comme s'il avait été enregistré pour moi, calibré pour me plaire, dans ses moindres détails. Le moindre
blast, chaque riff, chaque glapissement de Jubs fait mouche. Comme de coutume,
Chiens pue l'urgence, la créativité, bourré ras-la-gueule qu'il est de bonnes idées - et surtout, de l'envie de soulever les sceptiques par paquet de douze. Seize titres sans temps mort, ni ventre mou. Bandé, et bandant, de la première à la dernière seconde.
Au feu la raison, aux chiottes l'objectivité.
"1.8.7. MYSELF" surpasse d'une tête ce que je pensais être un sommet, et s'impose tranquillou comme la sortie la plus aboutie de
Chiens, comme l'album Grindcore de l'année - oui, je persiste, et je signe - et comme un futur classique personnel. Rien que ça ? Ouais, rien que ça. Que l’on est bête, quand on est amoureux.
"Petit, que des numéros 10 dans ma team" : les bestiaux ne sortent pas de n'importe quel chenil. Michol aux manettes pour l’enregistrement, Kurt Ballou pour le
mix, Brad Boatright pour le
mastering – oui, encore lui. D’entrée de jeu, ça calme. En résulte une production abrasive à souhait, râpant amoureusement les tympans – tout en sachant rester limpide, permettant de se régaler des riffs à l’acide et des
breaks tonitruants d’un Sacha plus en forme que jamais. Plaisir d’Offrir Records (arrêtons-nous quelques instants sur ce nom, si vous le voulez bien) qui se charge des deux versions cassette, I Feel Good et Bones Brigade Records pour le LP, qui devrait arriver sous quelques semaines et permettra d’admirer la superbe pochette de Jubs en grand format… Cet alignement d’astres ! Quelqu’un a pris des nouvelles d’Elizabeth Teissier ? Il explique, en tout cas partiellement, l'amplitude, la vitesse, l'impact de la tartine de phalanges.
Abâtardi d’influences allant gratter tant la Powerviolence que les croûtes suintantes du Punk Hardcore, résolument
street comme pouvait l’être un
Magrudergrind, la créativité en plus,
« 1.8.7. MYSELF » est un pur concentré de tout le savoir-faire des canidés. Revendicatif sur la forme, comme sur le fond, un rapide coup d’œil aux paroles suffisant à s’en rendre compte : attentats de Nice (« Roadkill Party aka Bronson The Beach"), crise des opioïdes (« Fentanyl Corp(se) »), envies de barricades et autres mèches en tissus fichées dans des bouteilles d’essence (« New World Disorder », « The Men VS The Dogzzzz »), business de la charité (« Everyone »), flot d’ordures des réseaux sociaux (« Easy Violence »)…
Chiens quitte la muselière,
no one is safe, planquez vos miches, ça va barder. Et au risque de me répéter, formellement parlant, rien n’est à jeter.
Ceux qui savent, savent : quand on enfourne une galette de
Chiens, on signe pour prendre une branlée. De ce point de vue, le quatuor a fait du zèle,
"1.8.7. MYSELF" comportant des titres d'une violence proprement absurde, à en faire pâlir les têtes les plus cramées. "Fentanyl Corp(se)" et son démarrage en trombe, dont l'intensité n'est jamais prise en défaut; Le fort bandant "The Men VS The Dogzzzzz" qui semble vouloir reprendre son souffle à chaque instant; "Weed to Speed" qui déborde de
stop'n'go à la
Yacøpsæ /
Jesus Cröst... Et même lorsque le combo rétrograde, la violence quitte la vélocité pour venir hanter la pesanteur des frappes - A l'image de "Longlive the Lives" et "I am just a Shit", respectivement en ouverture et en clôture de disque. L'on retrouve toujours ce jeu de questions/réponses délicieux entre le chant beuglard typiquement PV et les gueulantes hystériques de Jubs ("Children Need Drugs", "Jim Jones Concept", le véloce "Fame Apocalypse"), ces lignes de chant fédératrices à l'extrême qu'on se surprendra à mimer (les superbes "Everyone" et "Easy Violence"), le tout mis au service d'une efficacité à toute épreuve. C'est, je crois, ce que l'on apprécie tous chez
Chiens : une minutie, une technique extrêmes utilisées pour jouer, très vite et très fort, un truc qui sonnera comme une cacophonie inaudible pour le commun des mortels. Qu'ils restent dans l'erreur, et dans l'errance : ces seize frappes chirurgicales sauront faire jouir les amateurs de sensations fortes.
Si tu as lu mon papier jusqu'ici, pas besoin que je te dise quoi faire des quinze prochaines minutes de ta journée. Synthétisons 928 mots en 43 : ne passe pas à côté de la sortie Grindcore de l'année. Et profites-en pour aller écouter le dernier album de
Warfuck, qui, j'en suis certain, partagera sans rancune l'assise du trône quand sonnera l'heure du bilan.
"Merci pour ce moment", comme disait Valérie.
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