Nekro Drunkz - Terminal Perversion
Chronique
Nekro Drunkz Terminal Perversion
Formé en 2007 à Bay City, Oregon, j’ai fait la connaissance de Nekro Drunkz il y a de cela trois ou quatre mois seulement. Outre ce nom bien débile, nos chemins auraient pu se croiser bien avant si le groupe avait eu des titres un peu moins ridicules que par exemple Butts, Blowjobs, Bowels & Beer!, Doo-Doo Doughnuts ou Lavatory Carnage et des artworks un peu plus engageants que ceux de Tyrants Of Toilet Music ou Absolute Filth. Encore une fois, il aura fallu le sceau providentiel du label américain Headsplit Records pour que je me décide à m’y intéresser. Toutefois, c’était quand même loin d’être gagné vu la gueule là encore de cet artwork pourtant signé Þorvaldur Guðni Sævarsson aka Skaðvaldur (Coffin Rot, Hellripper, Misþyrming, Naðra, Sinmara...).
Formé sur la base d’un duo réunissant Seth Traver aka Crystal Seth (Cemetery Lust, Torture Rack) et Dylan Laviolette aka Tall Can Disgustor666 & Evil Pus Blood Commands (Cemetery Lust), Nekro Drunkz n’a certainement pas chômé en treize ans de carrière. Outre les splits, EP et autres album live dispensés à tire-larigot (onze au total), les Américains en sont aujourd'hui à leur quatrième album. Sortis précédemment sous la bannière du label Moribund Records, le duo a rejoint depuis l’année dernière le roster d’Headsplit Records pour la sortie de ce bel objet qu’est Terminal Perversion (une édition européenne signée No Bread! Records existe également mais malheureusement (enfin c’est selon) sans ce magnifique artwork).
A l’image de ces véritables œuvres d’art visuelles dont émanent non pas un délicieux fumet fécal mais plutôt une certaine inventivité au bon goût avéré (ce subtil mélange de Street Trash et Total Recall), la musique de Nekro Drunkz ne fait bien évidemment pas dans la dentelle. Du haut de ses quinze titres, Terminal Perversion ne dépasse ainsi même pas les vingt minutes. Vingt minutes menées pied au plancher et qui vont voir ainsi copuler différentes sonorités allant du Death Metal au Thrash en passant bien évidemment par le Grindcore. Dénué de toute finesse, le résultat final se montre particulièrement explosif (à l’image d’une bonne diarrhée après les fêtes de fin d’année) et entend bien ne laisser aucun répit à l’auditeur qui ne pourra même pas compter ici sur quelques samples généralement dispensés en guise d’introduction pour espérer reprendre son souffle puisqu'il n’y en a aucun.
Marchant dans les pas de formations telles qu'Impetigo ou Abscess, Nekro Drunkz se vautre avec le même plaisir qu’un pourceau dans la fange dans une formule vieille de déjà trente ans. Un manque d’originalité assumé et dont tout le monde se fout de toute façon puisqu'il est ici largement compensé par un savoir-faire et une efficacité à toute épreuve. Enregistré par Charlie Koryn (batteur tentaculaire d’Ascended Dead, Thanamagus, Funebrarum ou Extraneous) et masterisé par Phil Kusabs (ex-Diocletian, Vassafor, Temple Nightside...), Terminal Perversion a pour lui une production soignée (en tout cas pour le genre) qui, forcément, va participer à l’impact de ces compositions menées à coups de tartinades de riffs Death/Thrash simples mais redoutables ("Septic Shower" à 0:06, "Human Mine Field Of Fornication (Stepping Through An Orgy)", "Terminal Pervertion", "Peepshow Massacre"), de blasts pour le moins abrutissants ("Septic Shower" à 0:22, les premières mesures de "The Acidic Offal Overflow" ou "Death Strike From Septic Hell", "Kukkspawn" à 0:07, etc), de cavalcades Punk ultra entraînantes ("Septic Shower" à 0:58, "Into Eternal Queef" à 0:55, "Death Strike From Septic Hell" à 0:43) et de breaks bien sentis ("The Acidic Offal Overflow" à 0:18, "Human Mine Field Of Fornication (Stepping Through An Orgy)" à 0:39, "Ejaculating Maggots" à 0:49). Côté chant, c’est relativement propre pour le style avec un growl monocorde rugueux balancé par Crystal Seth sur lequel va venir se poser de temps à autre les hurlements maladifs parfois trafiqués de son compagnon d’arme histoire d’enrobé comme il se doit ces histoires de pipi caca prout etc...
Loin d’être l’album le plus malin de 2019, Terminal Perversion n’en reste pas moins une chouette découverte dans un genre finalement assez peu représenté en ces pages. Certes, on repassera pour ce qui est de la finesse, de l’originalité et du bon goût mais rassurez-vous, il y a bien d’autres albums sortis l’année dernière qui vous ferons vous sentir moins sale et moins stupide après les avoir écouté. En attendant, Nekro Drunkz ne fait pas semblant avec ce quatrième album torché en tout juste vingt minutes. Une durée peu excessive pour un album qui, lui, l’est beaucoup plus.
| AxGxB 23 Janvier 2020 - 775 lectures |
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