Actif sur la scène extrême hexagonale depuis bientôt 20 ans maintenant (le groupe s'est formé en 1990),
Inhumate nous revient avec un cinquième album intitulé « The Fifth Season », 5 ans après son prédécesseur,
« Life ». Entre temps, le groupe est resté très actif scéniquement (les alsaciens ont même commémoré leur 15ème anniversaire sur scène, concert immortalisé sur le DVD « At War With Inhumate » sorti en 2006) mais a aussi connu quelques petits tracas avec la perte de son local de répétition et surtout le départ de leur guitariste originel David après 16 ans de bons et loyaux services. Mais il en faudrait plus pour entamer la motivation du quartette et c'est donc un
Inhumate bien vivant que nous retrouvons tout au long des 18 titres (+ 1 bonus) de cet album.
Si vous êtes familiers du répertoire d'
Inhumate, vous savez sûrement que chaque nouvelle offrande du groupe s'inscrit au sein d'une heptalogie débutée en 1996 avec l'album « Internal Life » et dont la ligne directrice est basée sur le concept de la vie et de l'abolition du temps. Chaque nouvel album retranscrit, pour ainsi dire, une nouvelle étape de la vie et, dans le cadre de « The Fifth Season », il s'agit de celle où on accède à la sagesse, la connaissance et la sérénité. Si cela est vrai sur le fond, on ne peut pas en dire autant sur la forme. Car à l'écoute de la musique d'Inhumate, qui s'inscrit dans la droite lignée du Death/Grindcore oldschool, ce n'est pas vraiment la sagesse et la sérénité qui nous viennent en premier lieu à l'esprit. Au contraire, on ressort plutôt de l'écoute aussi sonné qu'après un match de boxe contre Mike Tyson. En effet, Inhumate, comme on peut s'y attendre, ne fait pas dans la dentelle : les compos sont courtes et incisives, le tempo ultra élevé, les changements de rythme nombreux et les blasts omniprésents. Et quand, en de rares occasions (les deux versions du morceau
It's back), les alsaciens ralentissent le tempo, c'est pour mieux instaurer une ambiance malsaine et oppressante grâce à l'apport des violoncelles lancinants du groupe Weepers Circus et les pleurs du chanteur Christophe (qui feint à la perfection l'extrême tristesse ou la démence). Une fois de plus, sa prestation est tout simplement hallucinante et on se demande bien comment il parvient à sortir tout ces sons de sa bouche, surtout quand on sait qu'il n'utilise aucun effet (mention spéciale à
Dig !). D'un point de vue technique, on sent qu'il y a du métier et de l'expérience derrière : la section rythmique est irréprochable ce qui n'est pas une mince affaire compte tenu de l'intensité des morceaux (ils doivent être bien lessivés à la fin de leurs concerts). Quant à Damien, qui remplace David à la guitare et au chant additionnel, il semble avoir rapidement fait son nid au sein du groupe et n'a pas à rougir devant son prédécesseur. Rien à dire techniquement donc. Le seul reproche que l'on pourra faire à ce disque (mais qui n'est pas propre à
Inhumate), c'est que les compos et les riffs ont parfois tendance à trop se ressembler d'un titre ou d'un album à l'autre.
Enfin, je tiens à souligner le soin apporté par
Inhumate tant à la production (chaque instrument ressort parfaitement) qu'au visuel. Vendu dans un fourreau cartonné, l'album est joliment illustré par le penseur de Rodin sur la pochette et par le philosophe de Rembrandt à l'intérieur du boîtier. Une manière d'accentuer encore un peu plus le sentiment de fuite du temps que le groupe véhicule par le biais de son concept.
Toujours est-il qu'
Inhumate prouve une fois de plus qu'on peut être à 100% « DIY » dans l'âme et néanmoins rivaliser avec les productions des gros labels, tant en matière de qualité musicale que visuelle.
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