Faustian Pact - Outojen tornien varjoissa
Chronique
Faustian Pact Outojen tornien varjoissa
Compliqué de trouver du temps pour chroniquer en ce moment … Et même pas simple de trouver du temps et de la disponibilité d’esprit pour la musique en soi. Mais enfin, il y a des choses qui ne laissent aucune place à la recherche d’excuse. Comme la sortie d’un nouveau disque chez Werewolf Records par exemple. Parce que oui, on peut reprocher mille chose à ce cher Tyrant Werewolf (si ce n’est plus), mais s’il y a bien une chose sur laquelle le finlandais est irréprochable, c’est sur la qualité de ses productions comme de ses signatures. Et une fois de plus, avec Fasutian Pact, c’est le strike.
Faustian Pact est bien évidemment finlandais, existe depuis 2007 et restait très discret jusqu’ici. Trois démos et puis c’est tout. Et puis bim, milieu février, l’album, le full-lenght, le LP. Il s’appelle Outojen Tornien Varjoissa, et se présente avec une superbe pochette et une promotion sur Youtube, s’il vous plaît. Les extraits dévoilés en avance m’avaient pas mal accroché, avec cette plongé dans du black symphonique à l’ancienne. A croire que les finlandais ont décidé d’aller ressusciter l’héritage de Limbonic Art et d’Obtained Enslavement d’un coup, comme ça, sous la houlette de ce bon vieux Tyrant qui signait d’ailleurs également Vargrav, nécromancien du genre depuis quelques années, pour son deuxième album très remarqué. Bonne initiative Monsieur Loup-garou.
Bon, à la base, moi le black metal sympho, à quelques exception près, ça me gonfle (et non, le premier Emperor n’est pas du sympho, boudiou !). Mais pour une étrange raison, cette récente réappropriation du black symphonique norvégien par ces étranges types qui mangent du renne à tous les repas me parle pas mal. Peut-être parce qu’ils ont le bon goût de ne pas trop tartiner avec les claviers et les orchestrations synthétiques, que ça reste mesuré et assez bien fichu, et que ça évite intelligemment l’écueil ignoble du John Williams ou du Dany Elfman métallisé. Merci pour ça.
Faustian Pact, donc, aime bien faire dans le théâtral dans ses visuels (comme son nom pouvait l’indiquer, c’est subtil). Les gars prennent des poses tragico-affligées sur leurs photos promos, s’affichent en costumes et corpse-paint dignes d’un music-hall ensauvagé … Pourquoi pas. Leur musique, en revanche, n’en fait pas trop sur ce tableau-là, et c’est bien vu. On est face à du black classique dans son riffing, avec trémolo-picking et blast-beat à la pelle, voix de sorcière mise assez en avant, et production organique tout en restant bien équilibrée et audible. Bien sûr, ce qui fait toute la personnalité de Faustian Pact, se sont ses claviers. Ils sont bien présents, pas de soucis à ce niveau-là. En revanche, ils sont assez pertinemment ajoutés pour ne pas prendre toute la place. On sent que les compositions ont d’abord été travaillées sur les cordes avant d’être enrichies d’ajouts de synthés. On a évidemment quelques nappes enveloppantes, mais pas outrageusement. A la place, on nous sert de jolis motifs en fond, qui créent une seconde ligne mélodique derrière les guitares. Je dis bien « derrière les guitares », puisque les claviers ne viennent jamais se mettre réellement au premier plan. Ils sont même un peu sous-mixés par rapport aux cordes.
On ne dira pas que les compositions de Faustian Pact relèvent du génie, mais plutôt d’un travail sérieux et appliqué au service d’un talent certain. Le riffing est somme toute assez simple, voire presque un peu déjà entendu parfois. C’est peut-être le point faible du disque, d’ailleurs, qui accuse une petite carence de riffs réellement marquants. Des moments forts, il y en a bel et bien, mais c’est à chaque fois l’association clavier-guitare qui leur donne vie et force de frappe, l’écriture à la six-cordes restant un peu trop sage et « neutre » pour marquer en elle-même. Pas mauvaise hein, mais pas impactante non plus. Tenez par exemple, la meilleure piste de l’album, « Rauniopuhetta », qui reste en tête après la fin du disque … Vous entendez ces breaks lents marqués par des claviers caressants ? C’est très chouette, hein ? Ben oui, c’est très chouette, mais le souci c’est qu’on est quand même un tout petit peu frustré au fil des écoutes. On se dit qu’avec un petit cran d’exigence en plus dans la composition des guitares, on aurait eu des moments grandioses et vraiment puissants, quand on se retrouve avec des instants de grâce très satisfaisants et agréables, mais pas transcendants pour autant.
Le disque est assez court, à peine plus de quarante minutes. C’est une bonne durée. L’album passe tout seul, pas de problème avec ça, mais il manque un poil de variété. Et ça, c’est en partie de la faute de cette petite faiblesse des grattes, mais aussi un peu de celle d’une légère tendance à donner dans de la phase intermédiaire un peu facile ou déjà-entendue plus tôt dans le disque entre deux moments plus spécifiques et originaux à l’intérieur d’une même piste. On l’entend très bien sur « Valottomien Askelten Takana » par exemple, qui entraîne bien comme il faut avec de chouettes apparitions de chant féminin et des cavalcades épiques assaisonnées d’un clavier très à-propos, mais qui peut faire dubiter en début de parcours avec des passages un peu clonés.
L’album se termine sur la très sympathique « Viimeisen Tyrannin Silmä », avec son final tout en hurlements scandés et chorus. On a définitivement passé un très bon moment, et on a envie de s’immerger à nouveau dans les ambiances de l’album. Personnellement, j’ai été ravi d’apprécier à ce point un disque de sympho qui a l’obligeance de ne pas en faire des tonnes (ou de le faire intelligemment, du moins). Soyons d’accord, ce n’est pas un chef d’œuvre. C’est un album très solide, efficace et diablement prenant. La petite monotonie qu’il peut dégager par moment agace un peu, mais enfin, il demeure charmant. Une belle réussite, et on a envie d’entendre la suite, avec un peu plus de variété et de riffs s’il vous plaît. D’ici-là, on a de quoi se faire plaisir.
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