Saint Vitus - Saint Vitus
Chronique
Saint Vitus Saint Vitus
Selon mon habitude, je ne te ferais pas l’offense de te présenter Saint Vitus. Papas du doom trad’ aux côtés de Black Sabbath (les grands-pères…), Scott Reagers et sa bande traînent leurs guêtres depuis pas loin de 40 ans dans la scène, même si quelques chicanes ont pu éloigner le premier de la seconde. Si une grande partie de leurs albums a marqué le genre (Saint Vitus, le premier…, Born too Late, Mournful Cries ou V), le combo présente encore l’impertinence de sortir un album… qui porte le même nom que leur premier effort ! Et à 60 ans passés, on peut dire que le bonhomme a encore des choses à raconter, même si l’impression de redite et quelques maladresses viennent entacher le tout.
Saint Vitus est donc le 9ème album du combo ricain. Il ne fait aucun doute que les fans évolueront en terrain connu. Saint Vitus n’est pourtant pas tout à fait du même niveau que les précédents efforts parce qu’à jouer sur la légende, le groupe s’expose à la critique. Son doom trad’ n’a pas vieilli. Il est toujours prenant, poignant, puissant. Mais c’est aussi là sa faiblesse. Il l’est tout autant qu’en 1984. Ni plus, ni moins. Similaire. Comme fossilisé. Comme si, avec Saint Vitus, la boucle était bouclée, de 1984 à 2019.
De fait, l’impression de déjà entendu est forte. Saint Vitus ne déroge pas d’un poil à sa recette. Et l’incohérence pointe parfois le bout de son nez. Ainsi, Remains et Wormhole sont lourds et gras, hyper rock’n’roll dans l’âme et bourrés de groove. De même, Hour Glass et Last Breath galopent au rythme d’un doom trad’ bien pesant, gonflé aux stéroïdes. A Prelude to…, très calme, ressemble en revanche davantage à une ballade metal qu’à un morceau réellement rock. En se plaçant en seconde position, elle brise la dynamique d’un album qui venait juste de débuter sur des sonorités bien plus dures. Dommage. De même, City Park se lance dans des expérimentations un brin à côté de la plaque, faites de bruitages sonores jungle, de dissonances noise, de didgeridoo et de fields recording, qui tranche totalement avec le reste de l’album, sans articulation cohérente.
C’est finalement dans les rythmiques les plus thrashy que le combo se révèle le plus pertinent, proche parfois d’un Maiden dans ses accents heavy (Bloodshed ; 12 Years in the Tomb et sa distorsion en guise de pont central), voir carrément punk comme sur l’OVNI Useless, bourré de riffs limite hardcore.
Bref, tu l’auras compris, il y a dans ce Saint Vitus à boire et à manger, du morceau de très bon niveau, de l’expérimentation inutile et du… classique déjà entendu. Un poil en roue libre, le combo ricain assure l’essentiel mais sans plus.
| Raziel 28 Mars 2020 - 1069 lectures |
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