Beastmaker - Lusus Naturae
Chronique
Beastmaker Lusus Naturae
Rise Above, doom, Lee Dorian, tout ça, tout ça…doit te mettre sur la voie. Beastmaker ne t’est pas inconnu puisque, comme tous les gens de bon goût, tu nous lis. Tu as donc déjà pu apprécier la chronique du sieur Ikea et sa très bonne note offerte à Inside the Skull, leur dernière offrande. Quid alors de leur précédent effort, sorti en 2016 ? Et bien… c’est le même.
Comme la plupart des poulains de l’écurie Rise Above, Beastmaker développe une science experte dans sa faculté à mêler le doom trad’ dans ce qu’il a de plus pur (Pentagram inside) au rock un poil occulte, l’imagerie très films d’horreurs des années 60 venant soutenir agréablement l’ensemble du produit. Car produit, au sens un brin péjoratif, il y a quand même. Beastmaker, dès ce Lusus Naturae – qui constitue en réalité son premier effort longue durée – pose déjà les bases d’une musique que d’autres ont engendré bien avant lui. Black Sabbath, c’est évident, Pentagram encore mais aussi Pagan Altar dans l’esprit, Cathedral ou encore le Reverend. Bref, si Beastmaker ne produit pas une musique de qualité, il est condamné.
Mais de fait, les titres délivrés par ce Lusus Naturae font la part belle à la fraîcheur, d’autant qu’ils sont relativement ramassés, pour du doom, avec une moyenne de trois minutes. Clouds in the Sky et ses cloches bruyantes, comme le petit grain vinylique qui ressort du son, la chaleur de ce dernier, ultra organique, la basse ronde à souhait (Arachne, Skin Crawler, It) et la voix suave à l’extrême donnent à cette ouverture l’ADN suffisant pour être adoubé par tous les amateurs de doom de tradition. Comme chez la plupart de ses ainés, les solis ne font pas défaut, trempés dans le heavy rock et le groove jusqu’au cou (You must Sin, Mask of Satan) et jouant alternativement le rôle de pont préparant une accalmie (Clouds in the Sky, Skin Crawler, Lusus Naturae, The Strain), de passage vers des terres plus psychédéliques (Eyes are watching, Burnt Offering) ou, plus radicalement, de relance du titre (Arachne, Find the Stranger).
La lourdeur est un leitmotiv. Elle n’écrase cependant pas les titres comme chez d’autres anciens (Reverend en tête) mais reste relativement « aérienne » (Find the Stranger), la faute à des ponts nombreux qui brisent parfois une dynamique qui venait juste de s’installer, mais sans apporter de plus value véritable (Eyes are watching). Il est regrettable, à ce titre, que les solis n’aient pas été davantage développés car, pour le coup, eux apportent des changements de rythmes, voire d’ambiances plus radicaux, notamment lorsqu’ils teintent la structure de la couche de couleur occulte qui va bien à ce type de morceau lent et lourd (Skin Crawler et sa voix traînante, un brin hantée ; It). Et il est également dommage que le grain thrashy de certaines guitares n’ait pas davantage été poussé (Burnt Offering), qui confère à la rythmique une allure plus enlevée, qui contraste avec la lourdeur globale des morceaux. Enfin, certains titres remplissent l’album plus qu’ils ne l’enrichissent, en développant des thématiques vues et revues (Astral Corpse ou Lusus Naturae et ses relents pop par exemple).
Beastmaker a des idées. Il sait jouer et on ne peut lui enlever le fait que, dans son créneau, il remplit parfaitement le contrat. Je lui reprocherais seulement de la jouer trop facile, d’assurer là où il pourrait exploser, se révéler, se démarquer, par exemple en exploitant les idées ci-dessus développées : accentuer le côté thrashy de certaines compos, sans perdre en lourdeur, diversifier son propos musical, souvent bâti sur le même groove… Bref, en cherchant la faille, en démontrant une volonté de s’aventurer plus loin dans les terres du doom trad’, Beastmaker pourrait trouver le moyen de sortir du lot davantage qu’il ne le fait aujourd’hui.
| Raziel 18 Novembre 2017 - 856 lectures |
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