Il y a des albums qui s’écoutent comme on lit un livre, des albums qui tirent leur attrait dans cette sensation d’être pris dans une histoire, un imaginaire qu’ils transmettent de leurs instruments. Plus qu’une compilation de bons et mauvais moments, c’est cette impression qui se dégage, nous transporte avec elle jusqu’à une fin où l’on referme la boite avec l’envie de la ranger dans sa bibliothèque. Ces albums sont rares et on les goûte comme tels.
Il est encore plus rare que cette narration se trouve dans un split, où deux artistes, malgré des liens de style entre eux, se contentent généralement d’offrir chacun un succédané de ce qu’ils font en solitaire. C’est pourtant le tour de force que parviendra à faire Undersmile, par deux fois.
Tout d’abord avec
Wood & Wire, split qui, il faut bien le dire, n’en est pas vraiment un. En effet, Coma Wall est en vérité un projet parallèle réunissant la totalité des membres d’Undersmile, jouant une musique proche de leur formation principale avec des instruments acoustiques. Les Anglais poussent le vice jusqu’à reprendre une composition de l’EP
A Sea of Dead Snakes avec « Cutter’s Choice » ! Il n’est donc pas étonnant que l’on rentre dans ces trois titres avec une aisance particulière, favorisée par ce rendu chaleureux et enjôleur donnant envie de s’y plonger directement. Une entrée charmante où tout paraît heureux en apparence, telle une chaude nuit d’un été se finissant que les instruments à corde, les voix séduisantes et sereines, personnifient. Calme, luxe et volupté.
Pourtant, rapidement, une impression d’étrangeté nous agrippe, une inquiétude qui ne parvient pas à désigner sa source, ni à se nommer. Une chose inconnue grouille quelque part. Dans les étoiles brillantes comme elles ne l’ont jamais été. Dans cette tâche qui habite le regard des compagnonnes nous emmenant au bord du fleuve. Dans cette odeur de pourriture qui louvoie derrière ce lourd climat. Dans cette terre meuble où l’on paraît s’enfoncer.
La vérité surgit d’elle-même, avec un naturel que l’on n’a pas vu venir. Coma Wall nous a assoupi de beauté simple et caressante, vénéneuse ; Undersmile monte tranquillement le ton pour mieux nous achever. Quelque part entre la crudité funèbre de
Narwhal et la déliquescence des sens de
Anhedonia, ces trois morceaux nous enlacent dans leurs filets d’or, comme des sirènes nous enchantant avant de dévoiler leur noir dessein. Une nuit où les couleurs tombées du ciel nous écrasent et nous asphyxient, par la chaleur étouffante de « Soil », la mortification de « Killer Bob », la stupeur que créé « Hives ». Une fois pris au piège, il est trop tard.
Une histoire de crime cosmique, sensuelle et aux sordides sous-entendus : c’est ce que se plaît à faire imaginer
Wood & Wire dans ses chants enveloppants et morbides, ses mélopées nocturnes et funéraires, son ambiance de descente perpétuelle, jusqu’à un empoisonnement éteignant les sens et notre capacité à lutter. Essentiel pour qui aime se faire bercer d’une manière peu commune, quitte à ce qu’elle soit un brin malsaine, ce split est une œuvre qui, après sa fin, donne à croire que le silence qu’elle laisse fait partie de son déroulement. Un silence de mort.
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