Mustasuo - Katharsis
Chronique
Mustasuo Katharsis
Vu le peu de temps dont je dispose pour surfer sur la vague des promos disponibles (un véritable tsunami à ce niveau), pour que je me décide à tomber le short de plage et plancher sur un nouveau groupe, ça se joue souvent au visuel. Loin des clichés gorasses et du catalogue d’horreurs en tous genres charrié par le death, MUSTASUO m’a donc ferré avec une œuvre signée Hugo Simberg datant de 1895 qui, de loin et le regard vitreux, m’évoque les délires d’un Edvard Munch parlant à bien plus de monde. Ajoutez au tableau le patronage du contemporain Keijo Niinimaa pour la caution grind et voilà que débarque « Katharsis » avec deux mois de retard sur la date de sortie, histoire de justifier notre réputation de chroniqueurs branleurs (sauf Sakrifiss et AxGxB qui eux, dorment deux heures par mois).
Et grand bien m’en a pris de fouler cette plage de 10 titres d’une violence ô combien salvatrice, trait d’union blackened crust entre DISFEAR et le SATYRICON inégalable de « Volcano ». Un tableau on ne peut plus sombre, balayé par des riffs vénéneux en diable versant volontiers dans le malsain ; un chanteur écorché par la vie (à moins qu’il n’ait fait une cure d’antigel) jeté plus vif que mort dans le studio pour s’époumoner jusqu’à l’extinction ; des samples lugubres d’un obscur compatriote datant de 1971 (« Houreuni ») achevant de filer la chair de poule, quand tout ce beau monde s’escrime à emballer l’affaire avec le métier de vieux briscards sachant où et quand faire très mal. Tout sauf monocorde, l’univers cauchemardesque de MUSTASUO donne également dans le groove cradingue et dissonant (« Tuhoaja »), des fois que les coups de boutoir d’une section rythmique nourrie au grindcore de tradition (SAYYADINA n’est jamais bien loin) puissent paraître prévisibles.
Obsédant et possédé (ces hurlements de damnés sur « Kuilu »), MUSTASUO fascine par sa capacité à basculer de passages rentre dans le lard à une atmosphère de fin de monde (« Noitaympyrä », bande originale officielle de la fin des temps) incitant à se demander sur quelle poutre on pourrait bien pouvoir se pendre. Produit par Keijo Niinimaa en personne, « Katharsis » a donc tout ce qu’il faut pour plaire, dans la mesure où l’on apprécie de se faire poncer la cervelle à la laine de verre. Candidat déclaré aux surprises de l’année, dans l’hypothèse où je ne me sois pas défenestré dans l’intervalle au moment de rentrer les titres des morceaux dans la base de données.
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