Morta - Fúnebre
Chronique
Morta Fúnebre (EP)
Si l'on ne cesse de vanter à juste titre la qualité grandissante de la scène Black venue du Portugal celle de son voisin ibérique est en revanche nettement plus discrète tant les noms connus et renommés s'y font rares, confirmant qu'en matière de Metal extrême l'Espagne a un train de retard par rapport à celle de ses pays frontaliers. Il faut dire que depuis l'arrêt dommageable de GODÜS celle-ci a du mal à voir émerger de nouvelles formations qui perpétuent l'héritage d'une certaine idée du style comme de sa radicalité, mais heureusement ce sentiment légitime est en train de disparaître. Car ces dernières années on a enfin l'impression que le royaume connait enfin un renouveau dans ce domaine, preuve en est avec les très bonnes sorties récentes réalisées par BALMOG et CALYX, aujourd'hui rejoints par MORTA au son plus primitif mais tout aussi intéressant.
Si le début de carrière du trio est passé inaperçu malgré une première démo sortie en 2017, ce deuxième essai (cette fois sous la forme d'un Ep) va sans nul doute leur permettre de gagner en notoriété et en visibilité, tant la demi-heure qui le compose va être d'une efficacité à toute épreuve tant elle renvoie immanquablement vers les fjords de Norvège au début des années 90. Même si le climat de leur chère Catalogne n'est pas le même que celui d'Oslo ou Trondheim le combo fait preuve d'une vraie maîtrise au niveau de l'écriture, qui est particulièrement sobre et directe sans pour autant tomber dans la redondance, malgré un riffing et une ambiance générale des plus dépouillés. S'il y'a trois ans de cela le contenu proposé contenait de belles choses celui-ci se montrait néanmoins un peu trop limité pour captiver l'auditoire et passer ainsi un cap. Tout ceci a donc fini par provoquer des grandes manoeuvres en interne avec d'abord le remplacement du bassiste et du batteur, et surtout désormais l'usage de l'espagnol en lieu et place de l'anglais afin d'affirmer un peu plus une identité propre, et ce même si musicalement ça reste ultra-classique et déjà entendu des milliers de fois auparavant.
Cependant malgré ses à-priori légitimes on va s'apercevoir que les Catalans maîtrisent très bien leur sujet, car après une double introduction au piano grésillant puis au côté tribal affirmé l'ensemble va véritablement démarrer avec l'arrivée du très bon « Sacrificio », à la fois rudimentaire et énervé. Misant majoritairement sur la vitesse (ce qui sera une constante sur les plages suivantes) entre blasts longue-durée et parties rapides entraînantes, cette plage doit surtout au sens du riff coupant de son leader qui se montre sommaire et répétitif à l'extrême, sans pour autant être linéaire et redondant. Tout cela se retrouve en plus mis en exergue par les différentes voix de chacun des membres, qui ont chacune leur personnalité, et aussi par une production à l'ancienne d'une noirceur absolue qui donne la sensation d'avoir été enregistrée live. Du coup on est pris directement à la gorge par cette compo hargneuse et haineuse, qui sent le soufre et donne le ton de ce que sera la suite du même acabit et presque calée sur le même modèle. Mais si le tout se montre assez semblable (entre ce tempo joué à cent à l'heure complété par des notes quasiment identiques et toujours impénétrables), quelques petites variations et subtilités vont se faire entendre histoire de ne pas trop vite lasser l'auditeur. En effet sur « Sin Voz Ni Rostro » au milieu des déferlantes on entend quelques passages incisifs qui se font épiques à souhait et propices au headbanging, ou encore plus de place laissée au mid-tempo sur « Infierno Fúnebre », afin de donner un côté remuant appréciable. Si « Oraculum Ab Necromantiæ » voit le retour à une radicalité exacerbée (où le tabassage est de rigueur quasiment en continu), « Fuego Y Huesco » voit lui au contraire s'installer un certain équilibre des forces en présence, tant l'explosivité y côtoie de façon homogènes les instants plus lents et lourds.
Difficile du coup de rester de marbre devant cette oeuvre impeccable et entêtante qui permet de mettre le cerveau en veille durant trente minutes, et ainsi de se laisser transporter à proximité du Malin et de ses légions tant on y sent le souffle chaud et maléfique de ceux qui peuplent l'enfer au milieu de ces rythmiques coupantes comme des lames de rasoir. Signal Rex ne s'est d'ailleurs pas trompé sur le talent des acolytes en les signant et en leur permettant ainsi de renforcer leur petite notoriété déjà existante (l'édition vinyl s'est retrouvée épuisée très rapidement), et prouver s'il y'avait encore besoin que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Nul besoin d'artifice ou de gros son donc pour réussir son entrée parmi les grands, c'est ce qu'à compris le groupe qui reprend habilement ce qui a été fait par les anciens et historiques, sans les plagier ni les dénaturer... autant dire que s'il continue comme ça dans le futur il y'a de bonnes chances pour qu'on continue à en entendre parler, c'est tout ce qu'on lui souhaite.
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