Proscription - Conduit
Chronique
Proscription Conduit
Depuis la mise à l’arrêt regrettable de MAVETH l’expatrié Américain Terry Clark (alias Christbutcher) s’est montré relativement discret, car hormis l’album d’EXCOMMUNION celui-ci n’a pas fait grand-chose depuis. En effet bien qu’ayant créé PROSCRIPTION au moment du split de sa formation phare, cette nouvelle entité s’est faite particulièrement silencieuse et sort enfin ce long-format trois ans après sa première (et seule) sortie officielle. Entouré de vieux briscards qui ont fait leurs preuves dans nombre de combos locaux (notamment LANTERN) le Finlandais de cœur retrouve ici le style qui a fait sa réputation, sans pour autant arriver à égaler le travail fourni sur « Coils Of The Black Earth ». Si on retrouve totalement l’ambiance de celui-ci et généralement le son Finnois putride à la CORPSESSED et LIE IN RUINS, il faut bien reconnaître que si tout est parfaitement calibré et exécuté ça reste cependant un peu trop standard et lambda pour être totalement marquant. Si ce résultat serait particulièrement apprécié et encouragé chez des petits jeunes débutants, ici quand on connaît le pedigree des mecs on s’aperçoit qu’il manque clairement un petit quelquechose pour se dresser au-dessus de la mêlée, même si attention ce disque est quand même très bon même s’il est assez classique sur le fond comme la forme.
Car après une intro qui navigue entre film d’horreur et générique de « Game Of Thrones » voici que débarque l’excellent « I, The Burning Son » qui n’est plus ni moins que la meilleure compo de l’album tant l’équilibre des forces y est ici présent. Jouant autant sur le tabassage intensif que la lenteur la plus étouffante on se retrouve plongé dans une ambiance humide à outrance, particulièrement poisseuse et hermétique à la froideur absolue typiquement locale. Offrant aussi bien des passages infernaux et d’autres plus occultes ce premier titre se révèle lancinant et implacable, donnant le ton avant l’arrivée du tout aussi réussi « Red Sacrament Black Communion ». Misant sur le grand-écart entre lourdeur extrême et blasts déchaînés il n’y a pas de place ici pour le juste milieu, cela permet ainsi de densifier un peu plus la musique et de renforcer le côté glauque parfaitement retranscrit, surtout sans jamais trop en faire. En effet le quatuor n’abuse pas en matière d’excès et surenchère technique ce qui lui permet de conserver une certaine fluidité, et heureusement d’ailleurs car il a malheureusement tendance à rallonger inutilement son propos, un défaut qui va être récurrent par la suite. Dès la longue intro de « Radiant Midnight » ce détail va apparaître au grand-jour, car bien qu’étant réussie cette plage a du mal à se finir à l’instar de l’autre partie plus enlevée et qui conclut de fort belle façon, mais qui aurait gagné en densité et en puissance en étant plus courte. Au lieu de cela on a l’impression qu’un faux-rythme est présent et cela finit par nuire à l’attention globale portée à cet opus, à l’instar du brutal et tribal « Thy Black Nimbus Gate » où la lenteur s’efface au profit d’une vitesse quasiment continue, et qui se montre particulièrement addictif mais souffre là-encore d’une difficulté à se terminer correctement.
Du coup on finit par un peu décrocher en chemin et écouter tout cela d’une oreille distraite, il faut dire que certains plans ont tendance à se montrer interchangeables malgré une cohésion de tous les instants et quelques leads tonitruants sortis du néant, qui amènent un regain d’intérêt global. Ceci apparait sur le martial et tonitruant « Voiceless Calling » où un long solo travaillé émerge du chaos ambiant, porté par un rythme exalté qui ne ralentit qu’en de rares occasions, et renforce la réussite de cette écriture radicale et sans concession, tout le contraire du rampant « Blessed Feast Of Black Seth » à l’obscurité renforcée. Cependant bien que montrant une facette plus massive là-encore le temps global s’éternise sans raison, et finir par donner une sensation de linéarité qui n’aurait pas eu lieu en allant à l’essentiel. Si cela s’entend encore sur « To Reveal The Words Without Words » sa noirceur renforcée et sa morbidité attirante finissent de convaincre via des variations de tempos nombreuses et variées, au contraire du fulgurant « Conduit » qui sert de défouloir et montre une plus grande sobriété. On s’énerve franchement que les gars n’aient pas plus persévéré dans cette voie, vu qu’ici ça ne s’embarrasse pas de futilités ni ne s’éternise tant ça se montre à la fois remuant et expéditif, et ça fait d’autant plus regretter que ce genre de morceau ne soit pas arrivé plus tôt.
De fait il ressort un sentiment bizarre une fois arrivé au bout du disque, car on sent que les mecs sont capables de mieux vu leur expérience personnelle, mais aussi qu’ils ne se sont pas forcément beaucoup foulés. Du coup on a le droit d’être déçu malgré les qualités intrinsèques de l’ensemble, vu que ça se révèle être trop scolaire mais cependant bien foutu et accrocheur sur certains passages, bref assez paradoxal. Autant dire que cette sortie ne marquera pas l’année de son empreinte tant ça manque parfois de folie et l’on aurait aimé que ça explose un peu plus de partout afin d’exploiter totalement le potentiel de chacun des musiciens. Du coup bien qu’étant efficacement composé et produit ça reste malgré tout trop juste pour devenir indispensable, et faire de ce nom un des ténors du pays des mille lacs, qui n’en manque pourtant pas.
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