Serement - Abhorrent Invocations
Chronique
Serement Abhorrent Invocations
Dans la grande famille du Death Metal venu de Grèce le premier nom qui vient à l’esprit est évidemment celui de DEAD CONGREGATION, qui avec sa réputation acquise aussi bien dans son pays natal qu’à l’international a engendré à Athènes comme dans les autres grandes villes locales moults avatars à la qualité particulièrement imposante. Si dans le sillage du quatuor on a vu l’émergence notamment de PLAGUE, ABYSSUS, DEIFIED SHREDS... il ne faut pas oublier également les vétérans de MASS INFECTION, RESURGENCY, SICKENING HORROR, VERMINGOD... ou même les regrettés INVERACITY, confirmant ainsi que la nation des philosophes de l’antiquité est (et a été) toujours une terre fertile pour le genre. Et parmi toutes ces entités il va falloir désormais compter avec SEREMENT, qui à peine deux ans après sa création nous gratifie déjà d’un premier album (qui fait suite à un court Ep fort intéressant au demeurant) où la tradition du style côtoie une musique bien sombre proche du Black, où là-encore ça ne manque pas de bonnes choses. Signé par le toujours qualitatif Dolorem Records le groupe va durant trente-sept minutes balancer un rendu violent, sombre et technique où l’on retrouve trois des membres de BLESSED BY PERVERSION (encore une formation redoutablement efficace d’ailleurs !), ce qui du coup n’a rien d’étonnant quand on voit ce qui est pratiqué ici.
Lorgnant également sans vergogne de l’autre côté de l’Atlantique à cheval entre la virulence débridée d’un HATE ETERNAL et la lourdeur opaque des IMMOLATION, INCANTATION et consorts... les athéniens vont ainsi livrer une œuvre remarquable de bout en bout, sans faiblesses notables et où l’on est happé immédiatement de la première à la dernière seconde. Car ne s’éternisant jamais trop sur la durée et montrant une vraie technicité sans pour autant en faire des tonnes, ceux-ci vont dévoiler un panel rythmique impressionnant où la fluidité reste constamment présente et qui est complétée par un vrai sens du groove addictif au possible. Du coup il n’est pas surprenant que l’on soit tout de suite captivé par « Stench Of Torment » où d’entrée les gars vont nous sortir leur grand-écart le plus endiablé, entre un démarrage à fond la caisse via des blasts furibards tout en cassures avec du mid-tempo suffocant... et une deuxième partie plus lourde où l’ensemble ralentit terriblement, afin d’offrir une opacité plus marquée que précédemment. D’ailleurs c’est ce sur quoi la bande va jouer majoritairement, ne se contentant pas de rester calée sur le même rythme en permanence... vu qu’elle préfère aérer son propos en misant sur les accélérations comme ralentissements, sans que cela ne perde en cohérence. La preuve avec le monstrueux « Sworn » aux déferlantes encore plus marquées et où la radicalité est accentuée de façon encore plus imposante, pour créer ainsi une atmosphère apocalyptique où l’on ne sait pas se situer dans l’espace tant l’obscurité et l’orage y sont conséquents. Si ce schéma va se être encore présent sur le très court et furibard « Malevolent Mist Over The Mount Of The Deceased » (ainsi que via l’explosif et tout aussi réussi « Forging Darkness »), le tentaculaire « Frozen Dawn Of Death » va prouver que les mecs arrivent aussi à injecter un énorme groove sur leurs compositions. Car cette plage portée par un tapis de double massif et proéminent va montrer une envie contagieuse de secouer la nuque au milieu de ce noir encre totalement opaque, où ici la rapidité y est super discrète au profit d’un mid-tempo ultra-présent à l’instar du bridage exacerbé, et qui amène du gras et de l’humidité au milieu de ces ténèbres imperturbables.
Et si cette première partie a d’ores et déjà fait son travail en annihilant toute velléité de résistance la seconde va être exactement du même tonneau entre l’opacité de « Honor Of The Leech » (à la douce fin acoustique étonnante), et la diversité intempestive de « No Reflection For His Shadow » où le passage en revue des différentes rapidités est de mise... tout ça avant une dernière rasade impressionnante sur « Subliminal Enslavement » qui balance tout ce qu’il reste comme force aux gars en ne cessant pas de jouer l’alternance à tout-va. Voyant également l’apparition de riffs aux légers accents solaires histoire d’amener un peu d’espoir au milieu de ce néant intégral cette ultime composition groovesque à mort, qui fait apparaître pour la dernière fois l’intégralité de ce que savent faire ses créateurs est mis en avant avec brio et fluidité tant on n’est jamais dans le trop-plein dégoulinant et dommageable. Terminant tout cela le brumeux et pépère « Κατάβαση Ψυχών » qui fait office d’outro (vu qu’il s’agit en plus d’un instrumental), les Grecs réalisent ici un véritable tour de force en marquant très fort les esprits et consciences tant cet enregistrement va occuper les esprits pendant longtemps. Car bien qu’étant relativement accessible il va falloir prendre le temps pour en maîtriser chaque arrangement et chacune des notes, afin d’en saisir convenablement la moëlle présente en permanence, pour un rendu global qui n’a rien à envier à ceux des ténors américains installés depuis des lustres dans le circuit. Intense sans jamais être lassant et gardant son accroche de bout en bout ce disque a de quoi séduire le plus grand-nombre et même les plus exigeants, procurant au passage nombre d’émotions différentes pour ceux qui prendront la peine de s’immerger à l’intérieur...surtout qu’on y reviendra régulièrement et toujours avec le même plaisir pour y prendre une vraie leçon de brutalité... mais pas que ! Preuve donc de la subtilité de l’ensemble et d’une profondeur bien plus massive qu’on ne pourrait le croire de prime abord confirmant s’il y’en avait besoin que la scène extrême hellène a plus d’un tour dans son sac et regorge de musiciens talentueux, ce qui est le cas depuis longtemps mais encore plus aujourd’hui... comme quoi sa riche et longue histoire n’est pas encore terminée, et heureusement d’ailleurs.
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