Après trois semaines de vacances bien méritées, c’est aujourd’hui pour moi la rentrée chez Thrashocore. Un retour aux affaires tout en douceur puisque j’entame ces retrouvailles avec vous, chers lecteurs, à travers la chronique tardive de
Walking Into The Forest, premier album de The Pilgrim paru il y a deux ans sur Heavy Psych Sounds Records, fameux label transalpin mené par Gabriele Fiori et spécialisé essentiellement dans le Stoner Rock et tous ces dérivés plus ou moins enfumés (Acid Mammoth, Big Scenic Nowhere, Bongzilla, Earthless, Mondo Generator, Nick Oliveri, Nebula, Yawning Man...).
Pour les quelques retardataires qui auraient d’ores et déjà un peu de mal à suivre alors que la rentrée n’est même pas encore officiellement entamée, je rappelle à toute fin utile que The Pilgrim est un duo italien composé justement de Gabriele Fiori ainsi que de Filippo Ragazzoni et que les deux hommes déjà en affaire au sein du groupe de Stoner Rock Black Rainbows s’adonnent ici à la pratique d’un Stoner Folk acoustique et psychédélique évoquant autant Santana que les westerns spaghettis des années 70 et la musique Country. Je vous le disais, ce sera donc une rentrée tout en douceur. En tout cas pour aujourd’hui…
Comme vous l’aurez probablement remarqué, notamment si vous êtes sensibles au travail de l’artiste néerlandais,
Walking Into The Forest est illustré - tout comme le sera son successeur l’année suivante - par le talentueux Maarten Donders. On y retrouve d’ailleurs ce sympathique hippie soixante-huitard ici en pleine déambulation nocturne sur un chemin bordé de champignons que l’on imagine quelque peu hallucinogènes et déjà accompagné à l’époque de son grand corbeau noir de jais. Une oeuvre une fois de plus toujours aussi charmante qui évoque à sa manière les grands espaces et naturellement un très fort sentiment de liberté. Bref, même si les présentations avec The Pilgrim ont été faites ici à l’envers (j’imagine en effet que vous avez déjà tous lu ma chronique de
...From The Earth To The Sky And Back), tout le monde aura vite compris que ces deux albums partagent bien des points communs et finalement très peu de différences.
Mais puisque l’on parle de ces quelques différences, sachez que celles-ci sont à chercher du côté de cette production ici un petit peu plus abrasive et de ces arrangements également plus discrets et surtout moins variés et élaborés. Ainsi, à l’exception de quelques passages sur lesquels résonnent naturellement les notes de différents claviers aux sonorités délicieusement vintages ("Peace Of Mind", "The Time You Wait", "Pendulum" ou sur cette reprise inattendue de "Brainstorm" composée à l’origine par le groupe anglais Hawkwind) et d’un chouette solo dispensé à la guitare électrique sur "Piece Of Mind",
Walking Into The Forest n’a pas tout à fait la même présence dynamique que son successeur marqué notamment comme on l’a vu par l’utilisation de percussions rythmées ou bien encore l’adjonction de quelques solos électrifiés. Gabriele Fiori tâtonnant probablement encore un peu sur la direction à donner à sa musique va entretenir ici une atmosphère feutrée en soit déjà très proche de celle proposée plus tard sur
...From The Earth To The Sky And Back mais simplement plus modeste et dépouillée. Un parti pris qui ne fait pas de ce premier album un disque moins intéressant, bien au contraire, mais un premier jet tout simplement plus en retenu et en sobriété. D’autant plus que si ces deux albums ne sont pas vraiment différents l’un de l’autre, on remarque également qu’il y a dans les compositions présentées tout au long de
Walking Into The Forest une certaine pudeur. Car si les premiers titres se révèlent assez entrainants (notamment "Peace Of Mind" et "Dragonfly"), le ton tend tout de même à devenir de plus en plus introspectif passé cette reprise de Hawkwind ("Pendulum", "When I Call Your Name", "Secrets", "Suite 2").
Pour le reste, la formule demeure somme toute identique à celle proposée sur
...From The Earth To The Sky And Back), le duo offrant effectivement déjà à l’époque de chouettes ballades acoustiques aux rythmes peu enlevés et aux pouvoirs évocateurs particulièrement prononcés. En effet, s’il n’y a rien de bien sorcier dans ces quelques accords Folk/Country dispensés par Gabriele Fiori sur sa guitare sèche aux cordes particulièrement métalliques ni dans ces quelques frappes tout en douceur et en retenue offertes avec une certaine parcimonie par son acolyte Filippo Ragazzoni, il n’y a même pas besoin de fermer les yeux pour s’imaginer alors en plein désert à dos de mules sous un soleil de plomb avec pour seul paysage ces étendues grandioses à perte de vue, cette végétation faite de cactus et autres succulentes capables de faire fi de ces absences prolongées de précipitations et cette faune à l’affût de la moindre proie à commencer par vous-même. Non, dès les premiers accords et grâce à la voix envoutante de l’Italien, le voyage s’avère absolument instantané. Une immersion totale complétée par deux titres bonus proposés sur les rééditions LP de 2020.
Déjà bien en place, ce premier album de The Pilgrim offre à tous les amateurs de Stoner une alternative acoustique particulièrement intéressante car capable de reprendre les thèmes et les atmosphères de ces albums qui ont marqué le genre (on pense évidemment à Kyuss, Yawning Man, Queens Of The Stone Age et compagnie) tout en y apportant une vision qui à défaut d’être nouvelle puisqu’elle s’inspire d’artistes tout droit sorti des années 60 et 70 se veut particulièrement rafraichissante. Moins flamboyant et dynamique que son successeur,
Walking Into The Forest n’en reste pas moins un album plein de charmes, capable de vous envoûter dès le premier accord et sur lequel on prend plaisir à revenir le matin au réveil, le soir à la lumière de quelques bougies ou alors pour accompagner ses périples en pleine nature. Un album simple, modeste et dépouillé emprunt d’une grande sincérité et particulièrement touchant. Bref, une franche réussite en somme.
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