Sortons des sentiers battus et accordons-nous le temps d’une chronique (ou deux) un petit peu d’air frais et de douceur en abordant aujourd’hui le cas de The Pilgrim, duo italien d’abord propriété unique de Gabriele Fiori (Black Rainbows, Killer Boogie, tête pensante du label Heavy Psych Sounds Records) avant que celui-ci ne soit rejoint par Filippo Ragazzoni à la batterie (Black Rainbows). En effet, loin de ces univers extrêmes qui font la particularité de Thrashocore, le groupe évolue dans une sorte de Desert/Stoner Folk acoustique et psychédélique qui puise l’essentiel de son inspiration dans les années 70, autant du coté des westerns spaghetti italiens que du côté de groupes comme Santana, The Eagles, Crosby Stills Nash, Lynyrd Skynyrd et même Neil Young.
…From The Earth To The Sky And Back est déjà le deuxième album de The Pilgrim. Sorti en octobre dernier sur Heavy Psych Sounds Records (Yawning Man, Brant Bjork, Big Scenic Nowhere...), celui-ci est illustré à la perfection par Maarten Donders, artiste néerlandais ayant déjà travaillé plusieurs fois pour le Roadburn Festival ainsi qu’avec des formations telles que Brutus, Graveyard, Chelsea Wolfe, Russian Circle, Blues Pils et tant d’autres. D’ailleurs si cette illustration ne vous a pas déjà poussé à lancer l’écoute de ce nouvel album alors c’est probablement que tout ceci n’est pas fait pour vous puisque comme le dit l’adage de l’autre côté de l’Atlantique: "What you see is what you get" !
Car que peut-on effectivement attendre d’un album arborant sur sa couverture un vieux hippy aux cheveux longs et aux lunettes rondes, pied nus sous un ciel étoilé, assis en tailleur en plein milieu du désert aux côtés de ses copains les animaux, fumant un calumet de la paix probablement bien trop chargé ? Rien de plus qu’une invitation au voyage absolument délicieuse et qui, comme je l’évoquais également dans ma chronique du
Live At Giant Rock de Yawning Man, n’a jamais semblé aussi nécessaire et vitale qu’en ces temps troublés par des semaines de confinements certes obligatoires mais ô combien pénibles.....
Armé ainsi de sa guitare acoustique, de sa basse et de sa voix, épaulé par une batterie mais aussi, parfois, quelques percussions et nappes de clavier ou de synthétiseur, Gabriele Fiori va nous raconter le désert (celui de l’ouest américain), où l’idée romancée que l’on peut s’en faire encore aujourd’hui (cet imaginaire collectif nourri à coup de films, séries et autres livres) tout en évoquant au passage d’autres univers ayant pour point commun ces immensités incommensurables propices aux projections astrales, aux errements hallucinatoires et autres pérégrinations méditatives…
Servi sous forme de ballades mid-tempo envoutantes mais dynamiques (le piqué de guitare, la batterie galopant tranquillement, le chant plein d’allant), les compositions de
...From The Earth To The Sky And Back vont à l’essentiel, sans jamais faire de détours inutiles. Et si le schéma est bien souvent identique d’un morceau à l’autre (une succession de riffs Folk simples et dépouillés aux mélodies particulièrement attachantes sur lesquelles vient se poser tout en douceur cette voix envoutante à l’écho lointain), chaque titre est bien souvent enrichi par des progressions subtiles et intelligentes (le pont central de "Obsessed By The West, pt. 1 - 4" entamé à 1:18, "Fool Around" qui change complètement de dynamique passé 1:56, "I'm Just Scared" sur lequel s’invite une guitare électrique, etc) ainsi que tout un tas d’arrangements bien pensés et de jeux d’atmosphères permettant de varier les plaisirs en passant de titres enjoués et dynamiques à des morceaux plus sombres et introspectifs. De ces percussions apportant un soupçon d’exotisme ("Mexico '84", "Obsessed By The West, pt. 1 - 4", "Lion", "At Your Door"...) à ces claviers psychédéliques délicieusement seventies ("Fool Around" à 1:19) en passant par ces guitares (lap steel) et autres solos aux sonorités typiques de l’ouest américain ("Mexico '84" à 3:33, "Obsessed By The West, pt. 1 - 4" à 4:32, "Lion" à 2:56, "Riding The Horse" à 2:56...), le dépaysement est total et immédiat avec surtout un goût de reviens-y perpétuel.
Auréolé d’une production plus aboutie que celle de son prédécesseur déjà fort convaincant (le très chouette
Walking Into The Forest sur lequel je me pencherai prochainement),
...From The Earth To The Sky And Back est le genre de petite douceur qu’il est bon de se glisser dans les oreilles de temps à autre histoire de changer un peu d’air et s’élargir ainsi l’esprit. Les caves moisies et humides et autres cimetières terreux propices aux blasphèmes et aux profanations c’est cool (et ça le restera) mais les grands espaces à perte de vue en communion avec la nature c’est chouette aussi. Et puis à défaut de pouvoir faire écouter vos coups de coeurs 2020 à votre famille le soir de Noël, voilà une alternative tout à fait valable qui pourrait bien vous sauver la vie le soir du réveillon.
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