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Soupir Astral - Rencontre avec Tømas Erstein

Interview

Soupir Astral - Rencontre avec Tømas Erstein Entretien avec Tømas Erstein (2020)
Dénicher une pépite dans le Metal moderne est avant tout affaire de patience mais également d’ouverture d’esprit. Le Black n’étant pas ma tasse de thé, je ne maîtrise guère ses codes, ses us et coutumes. Une lacune qui m’a pourtant permis de découvrir Soupir Astral, une formation bien à part, déjà favorablement chroniqué sur Thrashocore. Focus sur un projet terriblement addictif, aussi intense que nihiliste.

1/ Soupir Astral a vu le jour début 2015 ; est-ce l’œuvre d’un seul homme ou d’un collectif ?

J’ai démarré Soupir Astral seul. Au départ, ce fût un « one man band » car certaines particularités de ma vie ne me permettaient plus d’être en groupe au sens strict du terme. C’est ce qui m’avais d’ailleurs conduit à quitter « Je »
En 5 ans le projet à beaucoup évolué, aujourd’hui le simple « one man band » est devenu un groupe à part entière. Quand tu as joué et vécu en groupe, il est difficile de concevoir de la musique seul devant ton ordi. Je crois que peu importe le genre musical, la musique se vit et se transcende au travers de plusieurs individus.

2/ Vous êtes étiquetés Post Black Metal ; pouvez-vous nous en caractériser les bases ; quels groupes vous ont le plus inspiré ?

Caractériser le Post ou le Black Metal en général, n’est pas simple ou même chose à faire. Je crois qu’in fine, chaque auditeur forge sa propre définition du genre selon sa propre perception. De plus, je ne me considère pas comme « légitime » dans le pur Black Metal car je suis arrivé dans ce style musical, il y a 10 ans lorsque j’avais auditionné pour « Je ». Ce fût vraiment une sorte de révélation pour moi car cela m’a permis d’exprimer tout ce qui me compose avec la parfaite intensité.
Donc, pas réellement légitime car je n’ai participé à aucun mouvement du style, il m’était difficile de me revendiquer comme tel au démarrage de Soupir Astral.
Aujourd’hui, mon regard sur tous les genres et sous genres qui composent le Black Metal, je te dirai que tout s’est vulgarisé, devenu beaucoup trop mainstream, accessible et que lorsque tu prends un peu de hauteur, beaucoup de groupes étirent et essorent un concept, album après album ou finissent par se «pop-iser ». Avec l’arrivée des réseaux sociaux, beaucoup de choses ont évolué, je pense que le Black n’y a pas échappé. Nombre de groupes créent des profils sur les réseaux avant de commencer à répéter ! Horrible...
Pour revenir à Soupir Astral, le Post Black était le sous genre le plus adapté qui nous permettait de faire à la fois du Black tout en se laissant la possibilité d’apporter de la profondeur et des souplesses dans nos compositions.
Côté inspiration, je suis très éclectique, je pense que l’art musical est intarissable, que pour l’animer il faut voir l’ensemble du tableau. Mes influences sont très variées ; The Cure, Alcest, Sombres Forêts, HF Thiéfaine, Summoning, Dissection, Rachmaninov… la liste est beaucoup trop longue !

3/ Vos compos sont aussi transcendantes que déprimantes ; quels sont les sujets que vous aimez aborder ? L’époque que nous vivons doit être source d’abondance pour vous ?

Jusqu’à présent, je ne me suis jamais posé sur un sujet ou un thème en particulier. J’ai toujours composé selon les envies du moment et les sentiments qu’il me fallait exorciser. Actuellement, je réfléchis au troisième album, je pense travailler différemment pour ne pas répéter le même schéma de travail que pour ‘L’Eternelle Traversée’ et notre prochain album. Je crois que s’installer dans une espèce de routine de travail, conduit mécaniquement à diluer le concept et à ressortir le même contenu album après album. J’aime aussi prendre des risques dans les orientations de compositions.
Notre monde est particulièrement atroce en vérité, nous en parlions dans ‘Astral Light’ et nous en reparlerons à nouveau dans ‘Un Monde Noir’. Les choses que nous vivons et voyons sur Terre sont très dures, j’ai toujours eu beaucoup de mal à me projeter dans celui-ci, l’ésotérisme m’a beaucoup appris notamment à relativiser. Il est un point central dans le groupe et dans ma vie. Notre musique reflète de ce monde mais pas que… Je suis adepte de « la langue des oiseaux », je crois que la profondeur des mots, des notes, des imbrications que l’on peut faire avec, créer une force que l’on pourrait appeler : sincérité et intensité. Enfin me concernant…
Lorsque j’ai écrit et pensé ‘L’Eternelle Traversée’, je voulais que chacun puisse y voir ce qu’il voulait y voir, aussi bien dans les musiques et arrangements, les paroles et les visuels.
Par exemple, lorsque tu finis l’écoute de l’album, tu penses à une fin, une mort. J’ai intentionnellement simulé un arrêt de cœur puis fait démarrer avec un foyer ardent, craquelant pour que l’auditeur comprenne que tout n’est que cycle ; une ‘Éternelle Traversée’ dans nos différentes phases de vies et à l’instar du Phœnix, renaître par le feu. Mais ceci n’est qu’un exemple, il y en a foultitude.

4/ Vous avez fait le choix de lyrics en Français ; est-ce une volonté d’apporter davantage de profondeur à vos compos, d’exprimer des sentiments et une philosophie plus brute ?

Tout à fait ! C’est à la fois tellement bateau mais tellement vrai de dire cela mais, la langue française est tellement belle que je ne voyais pas l’intérêt de chanter dans une autre langue. Par contre le prochain album aura son lot de surprise.

5/ Comment composez-vous ? un membre dédié aux lyrics où plutôt brainstorming ?

Comme je te le disais un peu avant, je ou nous, ne souhaitons pas nous caler dans un procédé de composition. Chaque membre à sa place à part entière et lorsque nous sommes devenus un groupe, je voulais que chaque musicien puisse s’exprimer. Néanmoins, je reste le fil conducteur et parfois obligé de trancher pour que l’ensemble de l’album reste cohérent. Concernant les paroles, je me débrouille seul…

6/ Votre premier Full Length, ‘L’éternelle Traversée’ a reçu un accueil médiatique limité mais excellent. Il est sorti sous le label Talheim Records, une, si ce n’est LA référence de l’underground Black Metal. Dire que votre prochain album est attendu relève de l’euphémisme. Pouvez-vous nous en dire plus sur son avancement ?

Nous travaillons très dur pour proposer du contenu de qualité, le prochain album sera vraiment quelques crans au-dessus d’un point de vue strictement technique, nous sommes allés dans nos retranchements et allé très, voir trop loin pour écrire notre second album. Il me tarde vraiment de démarrer le travail avec Dryad de Bliss Illusion, Déborah Bechtel ou encore Marion de Swarmagedon !
Concernant la promotion du prochain album, j’espère juste que le label nous accordera un peu plus de considération que pour le premier…

7/ Pour ce nouvel album, allez vous travailler avec la même équipe que pour le premier ? Allez vous de nouveau faire appel à Above Chaos pour l’artwork ?

A ce stade, je ne me suis pas encore posé la question. Le travail de Vincent Fouquet est remarquable mais j’ai des vues sur d’autres artistes également très doués. Nous verrons…

8/ A sa sortie, comment comptez-vous défendre ce nouvel album ? concerts, clips, plan média ? où souhaitez vous garder une approche plus underground ?

Soupir Astral n’a pas vocation à être underground, nous souhaitons toucher le plus d’auditeurs que possible tout en restant fidèles à nous-mêmes. Si nous le pouvons, j’aimerais ouvrir une ligne de merch’ respectable, bien-sûr proposer des clips et pourquoi pas s’ouvrir aux concerts, fests, même si ce n’est pas forcément notre idée première.

9/ Depuis 10 ans, la scène Metal est saturée par une multitude de formations qui tiennent souvent plus du clonage sans identité propre (Metalcore, Djent…). Nombreux sont ceux qui considèrent les réseaux sociaux plus important que la création en elle-même. Qu’en pensez-vous ? Quel est votre état d’esprit concernant le genre sachant que vous semblez allez à contre-courant de ce qui se fait actuellement niveau productions ?

Tu as tout à fait raison ! Je suis halluciné du nombre de projets, groupes, formations. Je me souviens même d’un concert où je jouais, trois des groupes avec qui nous partagions l’affiche n’était en fait composés que des mêmes membres. Après comme je te le disais un peu avant, chaque personne a sa propre perception de la musique. Pour ma part, je crois que ce monde déteint trop sur nous et que l’on ne devient pas célèbre ou reconnu en arborant la plus belle page Facebook. La musique se vit avant de se vendre.

10/ De manière générale, que pensez vous de la scène Metal Française ? En particulier le Black.

Pas évident de répondre… Je te dirais qu’il faut trier mais qu’il existe énormément de pépites et que je préfère rester discret sur la question.

11/ De nombreux groupes, talentueux qui plus est, finissent par splitter rapidement, pour des raisons futiles et peu professionnelles. Quels sont vos objectifs à long terme ? Comment souhaitez vous faire évoluer Soupir Astral

Oui, je trouve dommage et parfois frustrant que certains groupes splittent ou arrêtent après un ou deux albums, je pense notamment à Amesoeurs ou Miserere Luminis.
En ce qui nous concerne, il est difficile de faire une projection… Ce que je sais en revanche, c’est que nous sommes soudés, avons l’envie de travailler ensemble et je crois que c’est une bonne base pour évoluer. Après ce seront les auditeurs qui jugeront si le groupe mérite d’avancer ou non. Quoi qu’il en soit, nous continuerons à dépeindre notre vision des mondes.

Rendez-vous est donc pris pour le deuxième et …troisième album.

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Black Metal Atmosphérique / Dépressif - 2015 - France
  

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