Hellfest 2011 - Troisième jour
Live report
Hellfest 2011 - Troisième jour Firewind + Orphaned Land + Duff McKagan's Loaded + Ghost + Grave + Kylesa + Morgoth + Doro + Judas Priest + Ozzy Osbourne + Opeth + Cradle Of Filth
Le 19 Juin 2011 à Clisson, France
Comme on peut très vite le constater en revenant sur le site, les deux premières journées (et nuits au camping) ont fait du dégât avec une augmentation sensible du nombre d'épaves au mètre carré, la journée de dimanche étant placée sous le signe de la rééducation des membres inférieurs (non, je ne cause pas masturbation) à base d'enjambement de festivaliers harassés de fatigue et de futurs membres des alcooliques anonymes. La soirée qui s'annonce étant trop prometteuse pour risquer le moindre coup de pompe physique, impasse forcée sur des groupes programmés en matinée/début d'aprem que j'aurais bien vu en temps normal (IMPUREZA, LAST DAYS OF HUMANITY) pour une arrivée tardive en fin de set de FIREWIND.
(Niktareum) : Comme mon collègue Toto, le plaisir d'un bon matelas fut plus fort que l'appel des décibels en ce dimanche matin. C'est donc devant FIREWIND que commence cette journée. Je n'avais jusqu'ici posé qu'une oreille distraite sur les compos des Grecs et je dois dire que celles-ci se révèlent assez accrocheuses en live. Aidé d'un très bon son, d'une bonne présence scénique et de guitaristes virtuoses (dont l'un parvient même à jouer d'une main de la guitare et de l'autre du synthé!) le groupe a réussi à capter mon attention jusqu'à la fin du set même si je ne connaissais aucune chanson, et ça c'est un bon signe! Cette entrée en matière du dimanche n'a fait que confirmer le fait qu'il faudrait que je me penche plus sérieusement sur Firewind.
(T.J.) : Contrairement aux journées précédentes, démarrage en douceur avec le metal métissé de ORPHANED LAND, lequel n'a plus grand-chose de death dans le son (excepté la voix) mais dont les effluves moyennes orientales donnent envie de se déhancher en compagnie de la danseuse du ventre assurant le spectacle sur la Main Stage 2. Les extraits de « Neverending Way Of OrwarrioR » passent fort bien la rampe et le besoin d'enquiller avec un contenu plus brutal ne se fait sentir que lors des deux derniers titres, preuve que le concert très bon esprit des Israéliens a fait mouche.
(Niktareum) : Après un nouveau petit détour par l'extreme market, je m'installe devant la Main Stage pour la fin du concert de DUFF Mc KAGAN'S LOADED. Comme moi, la plupart des gens n'en ont probablement rien à foutre du rock vaguement musclé et assez bateau du grand blond et n'attendent que les éternels reprises de Guns N' Roses. Ce sera tout d'abord « Attitude », cover des Misfits, que Duff avait l'habitude de reprendre avec son ancien groupe, puis la fameuse et toujours efficace « It's so easy » reprise en choeur par les nostalgiques. Là se trouvait le seul intérêt du set, la musique de DUFF Mc KAGAN'S LOADED étant somme toute plutôt anecdotique.
(T.J.) : On rira franchement jaune (même en lâchant le pastis pour la bière) en voyant débouler DUFF MCKAGAN's LOADED, piètre combo rock n' roll vaguement heavy/punk qui ne vaut que pour la présence de l'ex bassiste des GUNS N'ROSES. Le carton était annoncé, la tôle inévitable et c'est sans le moindre état d'âme que nous désertons la scène principale pour retrouver les joies de la Terrorizer Tent avec l'ovni GHOST, sorte de metal psyché à concept, les riffs plombés et entraînants du combo suédois débouchant sur des refrains de dessins animés 80's façon Belle et Sébastien ! Comme les zicos sont tous en soutane (« Souls Of Black » style) et que le chanteur arbore une tenue papale aux couleurs du PSG, l'affaire est entendue et le groupe déjà culte, même si musicalement parlant GHOST convainc moins lorsque le tempo ralentit.
(Niktareum) : Direction ensuite la Rock Hard Tent pour le concert des vétérans de GRAVE. Les suédois proposent une setlist de titres uniquement tirés de leur premier opus « Into The Grave », en guise d'anniversaire pour fêter les vingt ans du-dit album. Les titres seront joués dans l'ordre, en commençant donc par « Deformed ». Même si ce set ne restera pas comme l'un des meilleurs du week-end, le death old school grassouillet des suédois (bien qu'un peu redondant) possède ce qu'il faut pour faire headbanguer toute une masse de chevelus venus admirer l'un des grands noms du death européen présent pour cette édition 2011. Aucune surprise donc, un concert carré, avec un son assez correct et une bonne présence scénique, Ola Lindgren faisant même semblant d'oublier la setlist pourtant on ne peut plus évidente.
(T.J.) : Au tour de KYLESA de faire son apparition sur les planches et malgré leur réputation (et une poignée d'albums très solides), la sauce ne prendra malheureusement jamais. Le groupe a beau dégainer l'excellente « Unknown Awareness » et les extraits les plus transcendantaux du récent « Spiral Shadow », le son reste trop brouillon et Laura trop discrète pour qu'on arrête de fixer la montre. Une déception atténuée par les réussites du vendredi en matière de stoner mais une désillusion quand même, les amateurs du genre comptant se refaire la cerise sur KYUSS LIVES !, GOATSNAKE et ELECTRIC WIZARD. Ça ne sera pas mon cas puisque le Hellfest 2011 prend désormais une tournure « groupes de légende » en ce qui me concerne, à commencer par les Allemands de MORGOTH, un des groupes de death les plus cultes des années 90 !
Et c'est peu dire que le soupçon d'angoisse qui m'habitait quant à la capacité des Allemands à donner le change après 15 ans d'inactivité a été balayé dès les premières mesures tant MORGOTH a collé une énorme mandale à tous les privilégiés massés sous la Rock Hard Tent. A charge pour l'instrumentale spéciale chair de poule « Cursed » de faire monter la pression chez les nostalgiques, la monumentale « Bodycount » met d'entrée les points sur les i : son monstrueux, lead guitars on ne peut plus intelligibles et alternance jouissive entre death thrashy (les fans de DEATH et OBITUARY sont à la fête) et ralentissement doomy caractéristiques du groupe. Très en forme, Marc Grewe assure comme un beau diable tandis que la paire Harald Busse/Sebastian Swart tronçonne le public comme au bon vieux temps d'un « Cursed » à l'honneur avec notamment « Isolated » et la fantastique « Suffer Life » ! Un seul extrait de « Odium » à se mettre sous les esgourdes (« Resistance ») mais le batteur Marc Reign (DESTRUCTION) va nous en coller plein les dents en rajoutant de la double pédale à foison, et ce sans dénaturer le moins du monde le caractère old school de la chose. Un exploit qui nous vaut donc de prendre de plein fouet la troisième grosse claque du festival, à grand renfort de « White Gallery » pour tétaniser tout le monde au final. Surpuissant !
Pas le temps de se remettre de ses émotions qu'il faut déjà embrayer pour voir le PRIEST, non sans jeter une oreille distraite sur DORO (Main Stage 2) dont l'enthousiasme fait plaisir à voir. C'est déjà autre chose que le show mouligasse de SCORPIONS la veille mais la belle allemande ne pèse évidemment pas bien lourd face aux vétérans du heavy JUDAS PRIEST qu'il était plus que temps de découvrir sur scène, l'Epitaph Tour étant la dernière tournée d'envergure du légendaire combo britannique. K.K. Downing démissionnaire, place à un clone rajeuni de l'ex-comparse de Glen Tipton avec un Richie Faulkner qui assure avec brio ses parties de gratte, l'absence de Downing ne se faisant ressentir à aucun moment. A mes côtés, Christian du stoner crew se demande s'ils vont jouer la reprise de DEATH (Schuldiner a repris « Painkiller » sur « The Sound Of Perseverance ») mais JUDAS PRIEST préfère donner dans la cover de VADER (« Rapid Fire ») ou ARCH ENEMY (« Starbreaker »), juste pour faire chier ! Blague à part, la première moitié du set sera l'occasion de sortir quelques vieilleries du placard (« Victim Of Changes », « Never Satisfied »), le tout entrecoupé de standards efficaces (« Judas Rising », « Beyond The Realms Of Death ») avant une seconde partie littéralement incendiaire, le concert décollant véritablement à partir de la somptueuse « Nightcrawler » avant un enchainement « Blood Red Skies »/ »Breaking The Law »/ « Painkiller » qui a mis tout le monde à genoux ! Et si Rob forçait parfois un peu sa voix au début des hostilités, aucun souci sur « Painkiller » ! Un « Hell Bent For Leather » plus tard, c'est déjà l'heure de la grand messe metal sur une « You've Got Another Thing Comin' » d'anthologie. Et on a eu droit à la moto, aucun titre de l'infâme « Nostradamus » et un JUDAS en bonne forme malgré 40 ans d'activité au compteur. Congrats !
(Niktareum) : Un peu avant 21h, la foule commence à s'amasser devant la Main Stage 1. Place maintenant aux dieux du heavy metal, JUDAS PRIEST! Même si le départ de KK Downing annoncé peu avant en avait refroidi certains, dont votre serviteur, l'occasion était trop précieuse pour bouder son plaisir! Voir (enfin) le Metal God sur scène et mourir. C'est sur deux extraits de l'excellent « British Steel » que les Américains ont décidé d'ouvrir le show: « Rapid fire » et « Metal Gods ». Le son est parfait, et l'ambiance monte peu à peu. Un extrait de « Angel Of Retribution » plus tard, le Priest nous ressort quelques vieilleries: « Starbreaker », « Victim of changes », « Never satisfied ». Le show monte en puissance, sous les vocalises d'un Rob Halford en pleine forme malgré ses soixante printemps. « Beyond the realms of death », « Blood red skies » (comme s'ils n'auraient pas pu nous jouer plutôt « Ram it down »!), « The green manalishi ». Retour à « British Steel » avec un magistral « Breaking the law » puis ce fameux roulement de batterie qui retentit: « He is the painkiller, this is the painkiller! ». Epuisante tant pour le frontman que pour le public qui scande en choeur le refrain, la tuerie aura été totale! « Hell bent for leather » et « You've got another thing coming » en guise rappel, même si j'aurais préféré un bon vieux « Delivering the goods », aucun moyen de bouder son plaisir! La Harley fut de sortie, le Metal God était en plein forme, Richie Faulkner impeccable nous a presque fait oublier l'ancien coéquipier de Glen Tipton, avec en plus quelques pyrotechnies du plus bel effet, le spectacle fut total! Quel plaisir d'avoir pu assister à un concert du Priest, c'était la première et très certainement la dernière fois pour moi. Il y a des légendes qui n'ont vraiment pas usurpé leur statut.
Je suis loin d'être un inconditionnel d' OZZY OSBOURNE, autant je suis fan de BLACK SABBATH, autant je n'ai jamais porté une grand attention à sa carrière solo. C'est donc sur le côté de la scène en sirotant un dernier verre que j'assiste à une prestation qui me laisse à mi chemin entre l'admiration et la pitié. Admiration d'un côté devant l'icône métal que représente le bonhomme, sa carrière forçant évidemment le respect. En cela les reprises du grand Sab seront autant de pepites dans la nuit clissonnaise: l'excellente « War Pigs », « Rat Salad », « Iron Man », « Fairies Wear Boots » et l'indétrônable « Paranoïd ». Malgré cela, difficile de ne pas être affligé par l'image scénique du frontman qui se rapproche en effet plus d'une mamie incapable de s'éloigner de plus de trois pas de côté de son micro. L'alcool et toutes les substances illicites possibles ont en effet fait bien des ravages...
(T.J.) : 23 heures passées, l'obscurité gagne du terrain et c'est pas l'envie qui manque d'aller s'effondrer dans un coin pour pioncer mais OPETH oblige, il faut tenir vaille que vaille et c'est calés au loin que nous profiterons du concert d'OZZY OSBOURNE, dans un périmètre où tous les déchets du festival semblaient s'être donnés rendez vous pour se purger. Car entre la loque qui s'accrochait vaille que vaille à une barrière pour pisser d'une main tout en gerbant sur son épaule (avant de partir mourir une demi-heure durant trois mètres plus loin) et la fausse Janis Joplin qui se soulageait à même le sol aux yeux de tous, il y avait de quoi rêver ! Y a pas à dire, LAST DAY OF HUMANITY, c'est tellement mieux programmé en fin de soirée ! Heureusement il y a OZZY et sa nouvelle bête de scène Gus G., que l'ex frontman de BLACK SABBATH s'est acharné à faire applaudir par le public, entre deux classiques (« Mr. Crowley », « Bark At The Moon ») et autres reprises attendues du Sab' (« Iron Main », « Paranoid »). Le son est bon, OZZY est plutôt en voix et je prends un bon panard à pousser la chansonnette sur les morceaux tirés de l'excellent « No More Tears » (« I Don't Want To Change The World », « The Road To Nowhere », « Mama I'm Coming Home »). Bon concert donc, pas inoubliable mais compte tenu de la fatigue, je ne m'attendais pas à tenir le set entier alors bonne pioche !
Le crew file sous la Terrorizer voir KYUSS LIVES ! et Niktareum prend le pari CRADLE OF FILTH sous la Rock Hard, aussi c'est solo que je m'apprête à voir OPETH pour la seconde fois, mais la première en connaissant leur disco ce qui fait une grande différence. Et je n'aurai qu'un seul mot pour décrire ce groupe fantastique qui m'a définitivement transcendé malgré l'heure tardive : LA CLASSE. Bon ok, ça fait deux mots mais bon sang de bon soir, vous n'allez pas me reprendre pour un fichu déterminant, même si le set des Suédois l'a assurément été puisque c'est tout simplement LE concert du weekend ! Déjà difficile de résister aux jokes irrésistibles de Mickaël Akerfeldt (très pince sans rire, à l'anglaise, genre : « J'espère que vous avez apprécié notre groupe de première partie … Ozzy Osbourne ») mais alors l'alternance de death charnu teinté d'ambiances horrifiques de « Watershed » avec les perles acoustiques de « Damnation » (« In My Time Of Need ») ou « Still Life » (magnifique « Face Of Melinda »), c'est le hold up parfait ! Calé sous un arbre au clair de lune pour le cadre, en nocturne, c'était tout simplement un rêve éveillé et même les Allemands bourrés devant moi n'ont pas suffi à me pourrir cette heure chargée en moments de grâce. A la limite, j'aurais bien signé pour un show acoustique pur mais avec Axenrot derrière les fûts, faut bien se dégourdir les poignets ! C'est le cœur léger que je rejoins un stoner crew aux anges après avoir vécu KYUSS LIVES ! au premier rang, tandis qu'un texto de Niktareum m'informe que CRADLE a bien assuré avec une set list à l'ancienne. Comme quoi, il y avait de quoi finir en beauté cette mémorable édition du Hellfest 2011 !
(Niktareum) : Et pour une dernière rasade de son avant la fin de cet excellent week-end, je décide (sans trop de conviction je dois l'avouer) de porter mon dévolu sur le show deCRADLE OF FILTH sous la Rock Hard Tent. De vieux souvenirs de prestations au son calamiteux, un Dani qui a en partie perdu sa voix (et qui ressemble de plus en plus à un acteur échappé d'un mauvais Tim Burton) et des derniers albums franchement peu bandants m'incitent en effet à ne pas m'attendre à quelque chose d'extraordinaire. Et bien je me trompais, et pas qu'un peu! Non seulement le son est plutôt correct, mais surtout les anglais nous ressortent une bonne vieille setlist à l'ancienne bourrée de vieilleries bienvenues. J'ai commencé à tiquer lorsque l'intro de « Heaven torn asunder » a retenti, soudain je me suis surpris à penser que le show allait peut-être se révéler plus intéressant que prévu. Passé la tuerie que fut le premier titre de « Dusk... and her embrace », la suite allait me donner raison. Dans le désordre (et par ordre chronologique): « The principle of evil made flesh », « Ebony dressed for sunset », « The forest whispers my name », « Cruelty brought thee orchids », « From the cradle to enslave », « Her ghost in the fog », « Nymphetamine » (version courte malheureusement), « Gdospeed on the devil's thunder » et un titre du dernier album dont le titre m'échappe. La voix de Dani laisse toujours à désirer (notamment dans les aigus) mais heureusement les parties féminines chantées par Caroline Campbell sonnent au poil. Passé cela la tuerie fut totale et je ne m'attendais vraiment pas à dire cela mais ce set de CRADLE OF FILTH a été l'une des très bonnes surprises de ces trois jours. Bien en a pris à ceux qui avaient choisi de squatter la Rock Hard Tent en ce dimanche soir. Et c'est donc sur une très bonne dernière impression que je quitte les lieux d'un Hellfest qui aura encore cette année tenu toutes ses promesses. Nul doute que le festival fera une fois de plus le plein en 2012, sur le nouveau terrain de jeu. A l'année prochaine!
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