The Sign Of Hell Tour

Se rendre à l’Empreinte de Savigny Le Temple constitue toujours en soit un sacré périple. Malgré les qualités évidentes de cette salle, les 60 kms qui la séparent de Paris sont souvent un obstacle pour une bonne partie du public parisien. Pourtant, le RER D nous y emmène en 45min de la gare de Lyon et l’accès en voiture est plutôt aisé (si la circulation est bonne). Seulement si ces obstacles peuvent être facilement surmontés le week-end avec la promesse de passer une soirée exceptionnelle, tout de suite il est moins évident de se motiver quand il s’agit de s’y rendre en pleine semaine.
Sur le papier, la soirée promettait d’être très intéressante avec deux figures emblématiques de la scène death metal et black metal. D’un côté les Polonais de Vader, de l’autres les Norvégiens de Gorgoroth et entre les deux, une première partie assurée par les Suédois de Valkyrja. Une affiche plutôt variée allant donc du black metal symphonique au death metal en passant par le brutal black metal.

Boulot oblige, j’arrive à l’Empreinte aux alentours de 20h faisant ainsi une croix sur la prestation de Valkyrja. Le temps d’aller manger un bout, je reviens juste un peu avant le début du set de Vader. Parfait, cela me laisse l’opportunité de jeter un œil à la table de merchandising. Bof, il n’y a pas grand-chose et les prix ne sont pas forcément hyper intéressants. La salle n’est pas bondée mais je suis surpris d’y voir malgré tout autant de monde. On frise ici un taux de remplissage qui doit avoisiner les 70% à vue de nez. Soit finalement un bon score pour un concert ayant lieu au fin fond du 77 un soir glacé d’automne.
Vader rentre en piste aux alentours de 20h45 sous une intro menaçante avant d’ouvrir les hostilités avec "Return To The Morbid Reich" tiré de leur nouvel album Welcome To The Morbid Reich. Une entrée en matière efficace placée sous le signe de la lourdeur. Je suis d’ailleurs plutôt étonné car le débit de Peter est finalement moins rapide et à mon sens plus agréable que sur les extraits que j’ai pu écouter jusqu’à présent. Pour le reste, Vader piochera allègrement dans sa discographie offrant ainsi au public une setlist variée axée aussi bien sur les morceaux les plus récents ("Devilizer", "Never Say My Name", "Helleluyah!!! (God Is Dead)", "Come And See My Sacrifice") comme sur les plus vieux ("Decapitated Saints", "Sothis", "Silent Empire", "Carnal".)
Néanmoins, malgré une certaine volonté de séduire, on sent que Vader n’est pas non plus complètement à fond. Est-ce la lassitude qui commencerait à faire effet sur ce groupe qui affiche quand même vingt-huit ans de carrière ou alors la faute à un public peu enclin à la folie ? Toujours est-il que je ne peux pas m’empêcher de penser que Vader a été sur la réserve toute la soirée. Les quatre musiciens donnent pourtant l’impression de prendre du plaisir et de se donner à 100% à commencer par le guitariste Marek Pajak mais il est vrai qu’en face, le public est plutôt statique et finalement assez calme (le silence qui règne entre chaque morceau est assez éloquent d’ailleurs). Résultat, même si la prestation délivrée ici est bonne, il manque quand même un grain de folie et une bonne grosse dose d’ambiance pour faire toute la différence.
Après un petit peu moins d’une heure de jeu, Vader tire sa révérence non sans revenir le temps d’un "This Is The War" en guise de rappel. Le groupe quitte ensuite définitivement la scène de l’Empreinte sous la musique de La Marche de l’Empereur de Star Wars.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, ce sont les Norvégiens de Gorgoroth qui investissent la scène. J’étais plutôt impatient de les voir malgré un dernier album qui ne m’avait pas vraiment convaincu. C’était là aussi une première pour moi mais malheureusement on ne peut pas dire qu’il m’en restera un souvenir impérissable. Pourtant ce n’était pas trop mal parti avec une scène bien préparée afin de plonger le public dans une ambiance obscure et morbide. Seulement dès les premières secondes on a peine à croire qu’il s’agit de Gorgoroth. Toutes les mélodies sont étouffées dans un brouhaha incompréhensible. La voix de Pest est dégueulasse, criée mais pas vraiment maîtrisée, du genre chanteur en bout de piste plutôt que chanteur qui maitrise son sujet. Le public ne s’y trompe pas et headbang plus par habitude que par réelle conviction. Les silences entre chaque titre sont encore plus lourds et pesants que durant la prestation de Vader. S’en est presque gênant. On note d’ailleurs qu’il y a moins de monde dans la salle.
Pour le reste, j’ai bien du mal à reconnaitre les morceaux moi-même ("Unchain My Heart", "Cleansing Fire"...). Le line-up est quasi méconnaissable et je dois bien avouer que je commence à m’ennuyer quelque peu. Il y a bien quelques passages plutôt bien foutus qui redonnent un peu le sourire mais ils sont vite entachés par des passages chiants ou complètement incompréhensibles… Et puis pour couronner le tout il y a cette voix d’homme d’église que Pest se plaît à prendre de temps à autre. Si sur album l’effet est plutôt bienvenu, je suis nettement moins fan sur scène, surtout avec autant d’effet.
Bref, une prestation bâclée à mon sens qui donne à voir un groupe à la dérive. D’ailleurs Gorgoroth, bien conscient de ses faiblesses quittera la salle quarante-cinq minutes après avoir commencé, sans un rappel évidemment.

Soirée en demi-teinte donc. J’ai plutôt apprécié le show de Vader malgré un certain manque d’énergie. Malgré tout les compositions étaient efficaces et ne manquaient ni de puissance ni de lourdeur. Les Polonais peuvent certainement mieux faire mais c’était plutôt sympa quand même. Concernant Gorgoroth, j’ai été vraiment déçu. J’espère les revoir en meilleure forme une prochaine fois car le constat est plutôt sévère. Sinon tant pis, on en restera aux albums.