Hellfest 2013 - Deuxième jour (par Thomas Johansson)
Live report
Hellfest 2013 - Deuxième jour (par Thomas Johansson) Uncle Acid And The Deadbeats + Witchcraft + Down + Red Fang + Manilla Road + Candlemass + Cult Of Luna + Morbid Angel
Le 22 Juin 2013 à Clisson, France
Après une nuit courte mais néanmoins salvatrice, je quitte la résidence 51 de notre complexe hôtelier armé d’une ferme résolution : boire plus de jaune et moins de Kronenbourg. En parlant de pression, celle-ci a rechuté à son niveau minimal car malgré la forte affluence sur le site (impossible d’accéder aux Main Stages sans se confronter à un raz de marée de festivaliers), l’affiche frôle le détestable avec quantité de vieilles gloires sur l’éternel retour (KISS, ACCEPT) et arnaques US dont les effets néfastes perdurent sur les kids d’aujourd’hui (P.O.D., PAPA ROACH, BULLET FOR MY VALENTINE). Du coup, je tire très vite un trait sur ZZ TOP et privilégie la quiétude d’une Valley décidément conviviale et très bon esprit, non sans être passé voir MONSTROSITY le temps d’un ou deux morceaux. Classique mais plaisant.
Uncle Acid And The Deadbeats (14:20-15:10)
On continue avec les découvertes stoner, après un BLACK PYRAMID m’ayant laissé de bons souvenirs. Plus gras que sur album, l’oncle perché au LSD n’en reste pas moins psyché, grâce notamment à son très bon chanteur. Entre riffs lancinants propices au secouage de crinières, remontées d’acides heavy et chutes de tension doomy, UNCLE ACID AND THE DEADBEATS est le client idéal pour lancer l’après midi sur de bon rails de coke. Comme j’ai sorti toutes les vannes de drugstore qui me passent par la tête, on va passer au groupe suivant ; Ou plutôt au verre de trop, puisque le non choix entre 3 DOORS DOWN, THE OLD DEAD TREE et BURY YOUR DEAD nous incite à la surconsommation de casa dilué à la louche d'eau courante.
Witchcraft (16 :10-17 :00)
Place au groupe que j’attends le plus en ce samedi 22 juin (eh non, ce n’est pas KROKUS !), j’ai nommé WITCHCRAFT. Leur album « Legend » tournant en boucle depuis plus de trois mois, j’avais assez mal vécu leur annulation initiale. Et lorsqu’on voit le niveau qu’ils atteignent sur scène, ça aurait effectivement été une perte énorme pour le fest, même si l’affiche stoner était déjà très satisfaisante. « Legend » donc, album formidable de classic hard rock teinté d’une mélancolie faisant des ravages, comme un poison insidieux irrigant les veines d’un genre touché par la grâce. Magnus Pelander, chanteur aussi fragile que subjuguant, ni est pas pour rien avec sa classe naturelle et ses complaintes venues d’ailleurs, bouleversant le paysage électrique traversé sur « Dead End » (bien meilleure qu’en studio), « Flag Of Hate » ou « Deconstruction ». Vous reprendrez bien un peu du refrain mange tête de « It’s Not Because Of You », exemple parmi tant d’autres de compositions admirables ne tombant jamais dans les clichés rythmiques du genre ? Propulsés par un son parfait et une maîtrise de tous les instants, les Suédois ont largement mérité les nombreuses ovations que le public leur a réservées. Un des meilleurs groupes du weekend, haut la main !
Down (17 :05-17 :55)
Pour des raisons qui continuent de m’échapper (tétanie witchcraftienne ? envie pressante ? abus de solvant incarné ?), je n’assiste qu’au dernier tiers de la prestation d’un DOWN que je retrouve tel qu’en lui-même : Anselmo speeche à bloc et derrière lui, Pepper Keenan et Kirk Windstein bétonnent à qui mieux mieux sur les standards du groupe, avant que le tout s’achève sous forme de joyeux bordel jamesque. Je me souviens avoir opiné du chef sur « Witchripper » (pourtant bien fade sur disque) et « Lifer », revenant d’entre les morts le temps de l’enchaînement imparable « Stone The Crow/Bury Me In Smoke ». La rumeur allant, j’apprends que le all star band se produira le lendemain sous la Valley, remplaçant au pied levé CLUTCH qui vient d’annuler sa tournée européenne. L’affreux dilemme SYMPHONY X/CLUTCH enfin vaporisé, il ne reste plus qu’à chasser de son esprit le spectre grandissant d’un set spécial entièrement composé de reprises de … PANTERA. En définitive, le public devra se contenter d’un melting pot DOWN/CROWBAR/CORROSION OF CONFORMITY/EYEHATEGOD, ponctué par cette bonne vieille « Walk » de qui vous savez. Bien, mais pas de quoi me faire regretter d’avoir opté pour les esthètes du néoclassique Michael Romeo et Russell Allen.
Red Fang (19 :50-20 :40)
Vivre le Hellfest de bout en bout relève de la course de fond, pas du sprint et je m’octrois deux bonnes heures de convivialité entre vieilles branches et amitiés futures, maudissant chaque texto perdu dans la nature d’un réseau plus saturé que la guitare d’Angus Young. L’acharnement finissant par payer, je tape la bise à Dysthymie et finis par retrouver KPM devant le stand Kronenbourg. Le hasard fait bien les choses, nos chemins respectifs nous mènent à RED FANG et son stoner bulldozer à effet immédiat. Oh bien sûr, ce n’est pas le tord boyau le plus personnel qui soit mais après les éclairs de génie de WITCHCRAFT, mieux valait enchaîner sur du gros lourd qui tache le marcel à l’huile de vidange. De la musique de déménageurs pétés au bourbon, voilà ce que propose peu ou prou un RED FANG pouvant se targuer d’avoir délivré un des shows les plus efficaces de cette cuvée 2013. Précédé d’une flatteuse réputation scénique, les Américains braconnent avec succès sur les terres d’un MASTODON dont on attend toujours qu’il fasse preuve de la même énergie sur les planches que sur disque. Pas de chichis ici, « Malverde » faisant office de sévère mise aux poings pour un set aussi fulgurant que dévastateur. Copains !
Manilla Road (21 :50-23 :10)
Au tour de MANILLA ROAD, dont l’exceptionnelle longévité (formation en 1977) lui vaut un statut de groupe culte et un placement en tête de gondole bien mérités. Si leur présence dans la Valley tombe sous le sens, on saluera le nez des organisateurs d’avoir réussi à nous proposer des groupes aussi différents dans la même journée, le combo de Wichita étant définitivement le plus old school du lot. Riffs thrash proches d’un MEGADETH (le riff principal de « In My Darkest Hour » revient à plusieurs reprises), chant heavy as fuck ponctué de nombreux soli, voila qui est bien agréable pour peu qu’on apprécie ce genre de groupes à l’ancienne. Vétérans certes, mais ce n’est pas pour autant que les extraits de « Mysterium », leur dernier album en date, ne mulent pas comme il faut. On pense même à JUDAS PRIEST sur les passages les plus speed, preuve s’il en est que l’hallucinant Mark Shelton et sa dégaine du fond des âges en ont encore sous la pédale.
Candlemass (22 :55-23 :55)
La fatigue n’aidant pas, je traîne un peu la patte jusqu’à l’Altar où CANDLEMASS délivre déjà son doom épique au public présent. Allez savoir pourquoi, j’ai toujours eu des à priori sur ce groupe, mais il a suffi d’une info balancée par Henrik pour remonter le moral des troupes. Car c’est Mats Levén derrière le micro, bien connu pour avoir supporté YNGWIE MALMSTEEN deux albums avant la déchéance (« Facing The Animal » et « Live !!! »). L’homme chante juste, haut et fort et s’avère au final bien meilleur que dans le registre néoclassique. Quant à CANDLEMASS, ils balayent en un quart d’heure tous les doutes en enchaînant les hits heavy doom comme à la parade (« Psalms For The Dead », « Emperor Of The Void »). Au point que j’en aurais bien repris une louche !
Cult Of Luna (00 :00-01 :20)
De vieux souvenirs de « The Beyond » et l’impression de suffoquer sur la terrifiante « The Watchtower ». Voilà tous les souvenirs qu’il me reste d’un CULT OF LUNA fidèle à ses principes de mise à l’éteignoir. En gros, on te cagoule par derrière avec un sac à patates et on te trimbale d’un riff à l’autre neuf minutes durant, tout en simulant la destruction de Pompeii par le volcan du même nom avec une basse à faire peur. Et à travers un brouillard verdâtre que ne renierait pas John Carpenter, les silhouettes des nombreux zicos, agitant leur manche à la manière d’un robot coupeur de troncs d’arbres. Le moins que le puisse dire, c’est que la sensation de malaise joue à plein, au point que me revient en mémoire une scène de Battle Royale qui voit deux jeunes sauter d’une falaise. Comme je préfère prendre le risque de manger une rafale de pistolet mitrailleur, je file aux premières loges pour reprendre une dose de MORBID ANGEL.
Morbid Angel (01 :05-02 :05)
Quasi deux jours de fest sans avoir vu un groupe de death, ça situe mon niveau d’engouement actuel pour le genre, même s’il s’en trouvera toujours pour pester contre la relative faiblesse de la programmation extrême. La vérité, c’est que la frange brutale la plus attractive de l’affiche s’est donné rendez-vous dimanche pour en découdre. Revoir MORBID ANGEL après leur immense perf de 2008 ici même et un concert plus lointain avec le regretté Jared Anderson m’apparaît donc comme le moyen idéal de voir ce que l’Altar à dans le ventre. Placé près de la scène à quelques mètres seulement de Thor Anders Myhren (toujours aussi sec mais au crâne bien dégarni), les premières mesures de « Immortal Rites » rassurent sur ce point mais pas seulement. Armé d’une setlist plus old school tu dégaine l’intégralité de « Abominations Of Desolation », MORBID ANGEL va contenter (presque) tout le monde. Que les albums de la période Steve Tucker soient passés sous silence, on s’y attendait mais de là à ce que « Domination » subisse le même sort, c’est déjà plus surprenant. Un pot pourri des trois premiers albums, voilà ce que MORBID ANGEL nous propose ce soir, en mettant tout particulièrement l’accent sur son premier full length (« Maze Of Torment », « Blasphemy », « Chapel Of Ghouls »). Du très solide, à l’image d’une prestation sans faille où les classiques s’enchainent sans temps mort (« Pain Divine », « Sworn To The Black », « Fall From Grace »). Seule concession à l’ère moderne, deux extraits pas trop mal fichus de l’album de la honte, dont on retiendra en priorité la bien violente « Existo Vulgoré ». Que dire de plus sinon que les solis d’un Trey Azagtoth en mode The Ring (que celui qui a entraperçu sa trogne de sorcière lève le doigt !) étaient parfois difficilement perceptibles ? Un bon concert bonus au final, qui ne m’apprendra rien de plus que je ne savais déjà sur les Américains.
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