Disma + Obliteration + Convulse + Degial
Live report
Disma + Obliteration + Convulse + Degial Le 07 Novembre 2013 à Paris, France (Le Klub)
Il n’est pas rare que soit désormais proposé la veille de l’ouverture d’un festival ce que l’on appelle un warm-up show. Ceci dans le but de plonger le festivalier dans l’ambiance avant que ne débutent les hostilités. Les petits gars de chez Wolf Throne Productions ont ainsi sauté sur l’occasion de venir en aide à DISMA et CONVULSE, alors en galère de date, pour mettre en place quelques semaines à l’avance ce petit concert faisant office d’échauffement. On retrouve également sur l’affiche deux groupes absents du Wolf Throne Festival: les Suédois de DEGIAL et les Norvégiens d’OBLITERATION.
Direction le Klub pour une soirée qui s’annonçait intense. Personnellement, je ne m’attendais pas forcément à trouver grand monde à cette soirée et cela pour plusieurs raisons. La première est que sur quatre groupes à l’affiche ce soir, deux sont déjà présent à l'affiche de la première édition du Wolf Throne Festival (ayant lieu le lendemain). A 16€ la place, il semblait évident que certains feraient le choix de rester chez eux ou alors d’aller voir les quarante autres concerts qu’offrait la ville de Paris ce soir là (Internal Bleeding, Disgorge, Beheaded, Sublime Cadaveric Decomposition, Orphaned Land, Klone, Dead In The Dirt etc...). Au final, j’avais tord car devant le Klub se sont massés quelques locaux mais aussi et surtout bon nombre d’étrangers déjà sur place pour le festival de demain. Bulgares, Polonais, Allemands... dont certains qui se trimballent leur valise à roulettes. Bref, il y a du monde et c’est tant mieux.
C’est dans la salle du bas que se déroulera la soirée. A peine le temps de rentrer et de se délester de quelques euros pour le dernier album d’OBLITERATION et le split 7" superbe mais hors de prix de DISMA et CONVULSE que déjà les Suédois de DEGIAL investissent le semblant de scène du Klub. Grimés et lookés de la tête au pied, nos quatre gaillards transpirent le Death Metal par tous les pores de la peau. J’ai un peu l’impression d’avoir les gars de Watain en face moi: corpse paint approximatif, chaines qui pendent, pentagrammes, t-shirts déchirés et en guenilles... A l’image de son look, le groupe d’Uppsala rentre directement dans le vif du sujet grâce à un Death Metal à l’ancienne des plus convaincants. Malgré des leads et des soli peu perceptibles (mais il en sera de même pour tout le monde) et un niveau sonore peut-être un poil trop élevé, le son est plutôt bon et permet de jouir pleinement du show des Suédois. Fort d’un premier album intitulé Death’s Striking Wings ayant fait quasiment l’unanimité (mais pas encore chroniqué sur Thrashocore), DEGIAL a décidé d’orienter sa setlist en conséquence puisque l’on retrouve dans le désordre les six premiers titres de cet album. Le public déjà nombreux semble apprécier la prestation puisque ça commence doucement à bouger ici et là. Les Suédois quant à eux sont possédés et mettent clairement du cœur à l’ouvrage avec leur Death Metal putride et blasphématoire. Classique mais terriblement efficace.
Ce sont ensuite les vétérans de CONVULSE récemment reformés qui investiront les lieux. Cela me fait énormément plaisir de les voir ici ce soir car ils sont parmi les premiers groupes Finlandais de Death Metal à avoir émergés à la fin des années 80 et puis surtout je n’espérai pas avoir un jour l’opportunité d’entendre en live des titres de World Without God. Erreur! C’est d’ailleurs au son de l’introduction piano/bar de leur premier album que les Finlandais débutent leur prestation avant d’enchainer évidemment sur le titre du même nom. Il n’en fallait pas plus pour me rendre heureux. Le groupe semble content d’être là ce soir et la réaction du public est réciproque et unanime. CONVULSE fera judicieusement l’impasse sur le dispensable Reflections proposant une setlist tournée vers son premier album avec les titres "World Without God", l’excellent "Blasphemous Verse", "Resuscitation Of Evilness", "False Religion" ainsi que quelques morceaux tirés de ses deux dernières sorties ("Inner Evil", "God Is Delusion" et "We Kill Our Kind"). Le chant de Rami Jämsä est impeccable, grave et profond alors que les riffs transpirent le mal. On regrettera peut-être un son de batterie un peu trop claquant à mon goût et toujours des leads/solis un peu dans les choux mais pour le reste, la prestation de CONVULSE est un sans faute et pour être honnête, je n'en attendais pas autant. Et la bonne nouvelle dans tout ça c’est qu’on les revoit samedi.
Les Norvégiens d’OBLITERATION prendront ensuite le relai. Il s’agit pour moi de la bonne surprise de ces derniers jours. J’avais laissé de côté leur deux précédents albums pour je ne sais quelles raisons et me suis intéressé récemment à leur petit dernier, l’excellent Black Death Horizon. De fait, j’avais hâte d’assister à la prestation de ce groupe dans lequel on retrouve Sindre Solem et Arlid Myren Torp de Nekromantheon, excellent combo Thrash vu également à Paris l’année dernière. Encore peu familier avec la discographie d'OBLITERATION, je me rends compte que le groupe navigue quand même entre Death Metal old school, Thrash/Death à l’ancienne et passages plus ambiancés et aériens. Un bon point qui permet au groupe de proposer une prestation intense et variée. Le public ne s’y trompe pas et commence à sérieusement s’exciter notamment lors des quelques élans Thrash. Kristian Valbo derrière ses fûts impose le respect. Ca cogne dur et fort dans tout les sens alors que Sindre Solem tient parfaitement son rôle de frontman halluciné (on pense à Bölzer). Il a beau sentir un peu fort l’homme en tournée qui ne connaît pas la douche, il faut bien avouer qu’il assure le spectacle avec ses gestes religieux et son regard malfaisant (je passe sur les crachats au plafond et le fait de se moucher avec les doigts). Les riffs noirs, le chant halluciné et l’ambiance old school et fumante qui se dégage du set d’OBLITERATION me fait dire que j’ai eu raison de m’acquitter de dix euros pour l’achat de leur dernier album. Belle réussite pour un set puissant et bien fournit puisque le groupe à joué presque une heure.
Aaaargh! DISMA, enfin! Craig Pillard, enfin! Oui, j’avais hâte de voir les Américains sur scène, c’est pourquoi je n’ai pas bougé pour être sur d’être le mieux placé et ainsi profiter pleinement de leur prestation. Si le Klub a beau avoir fait peau neuve, il est toujours aussi difficile de placer cinq gaillards sur la scène du bas, surtout avec des gabarits comme les leurs. Plus de 400kg (on doit même être au dessus des 500) en mouvement et bien décidé à nous écraser les tympans au son d’un Death Metal implacable. Craig Pillard est incroyable. Le gars ne bronche pas, tout juste plisse t’il un peu les yeux, sans forcer, alors que toute l’assistance se voit littéralement terrassé par un growl d’une profondeur abyssale. Craig Pillard impose le plus grand respect (ou crainte, je ne sais pas trop). Le groupe va jouer pendant une bonne heure, offrant au public une musique lourde et écrasante mais entrecoupée par quelques accélérations salvatrices. Côté public, on en profite pour travailler les cervicales en headbangant généreusement sur les parties Death/Doom ou alors en faisant s’activer le pit lors des passages plus rapides. "Lost In The Burial Fog", "Towards The Megalith", "Chaos Apparition", "Spectral Domination", "Chasm of Oceanus"... Une setlist absolument royale. DISMA nous offrira également un titre inédit intitulé "Unwept In Oblivion" figurant sur le split avec Convulse (ainsi que sur le 7" présent en bonus sur l’édition limitée double LP de Towards The Megalith). Mais il n’y a pas que Pillard, le duo Daryl Kahan/Bill Veneer n’est pas en reste, se partageant les leads et les soli. Des riffs implacables et terrifiants à vous donner froids dans le dos. Il n’y aura pas de rappel mais peu importe car la bonne nouvelle c’est qu’on les reverra samedi également.
Bonne initiative de la part de Wolf Throne Productions que ce petit warm-up en guise de mise en bouche. Le public aura répondu présent puisque plus de cent personnes ont fait le déplacement hier soir. Quant aux groupes, chacun à offert au public une prestation digne de ce nom nous permettant à tous de passer un excellent moment avant de rentrer dans le vif du sujet vendredi et samedi.
(AxGxB)
Avant de donner l'assaut officiel le lendemain à Saint-Germain-en-Laye, le Wolf Throne Festival réunissait les plus affamés de sa meute à Paris au Klub pour une affiche qui s'annonçait prometteuse. Outre DISMA et CONVULSE qu'on retrouvera le samedi pour la deuxième journée des festivités, les virulents DEGIAL et les tourmentés OBLITERATION étaient ainsi invités à se joindre au carnage.
Fait improbable, la soirée commence à l'heure, une rareté au Klub. J'arrive donc dans la salle alors que les Suédois de DEGIAL ont déjà commencé depuis 5 bonnes minutes. Première mauvaise surprise, il faudra se farcir le sous-sol, certes plus intimiste et caverneux et donc plus propice au death old-school mais moins pratique que la scène du dessus. Deuxième mauvaise surprise, le son est trop fort et trop aigu (!). Le public n'étant pas encore très nombreux, j'arrive à me placer devant pour réussir à voir un peu de ce qui se passe sur scène, celle-ci étant presque au ras du sol. Comme sur ses photos promotionnelles, le quatuor d'Uppsala est grimé et porte perfectos, cartouchières, pentagrammes inversés... tout l'attirail du trve kult warrior! Parfait pour le type de death metal joué par la formation. Un peu à la manière des excellents Vorum, DEGIAL fait dans le death old-school mais le death old-school agressif, rapide et evil, tout ce que j'aime. Surtout en live, malgré le son pas top qui empêche de discerner correctement les riffs sur les nombreuses parties rapides et qui du coup donnent une fausse impression de redondance. Les guitares deviennent bien plus audibles quand les Scandinaves lèvent le pied pour du mid-tempo brise-nuque imparable. Morbid Angel n'est jamais loin. Pas de mouvement dans la fosse, les spectateurs se contentent d'headbanguer en rythme, du moins pour les plus intéressés dont je fais partie. Un bon show de première partie qui passera très (trop) vite malgré les conditions défavorables. J'avais l'intention de me procurer enfin le premier full-length du groupe, Death's Striking Wings, sorti l'année dernière chez Sepulchral Voice Records, mais pas de bol, le CD est sold-out sur la tournée m'annonce le groupe. Ce n'est pas encore aujourd'hui que je mettrais la main dessus! Le reste du merch ne m'a d'ailleurs pas non plus fait frémir entre le t-shirt DISMA à l'impression médiocre (ma version est bien mieux faite), celui très joli mais disponible qu'en XL ou XXL, ou encore le nouveau CONVULSE à 15€. Pas de merch pour moi donc, en espérant que la chasse soit meilleure à la Clef!
En parlant de CONVULSE, c'est au tour des vétérans finlandais de faire parler la poudre. Dans un genre moins acide mais tout aussi efficace que DEGIAL, le groupe va délivrer une prestation remarquable, très classe. Malgré leur récente reformation, on sent que les mecs ne viennent pas de débarquer. Pas besoin d'artifice, les morceaux de CONVULSE parlent d'eux-mêmes et dégagent tout ce qu'il faut pour combler les fans de DM poussiéreux. Parmi la vieille scène finlandaise, CONVULSE est en plus une des formations les plus brutales. Tout en instaurant cette ambiance de crypte typique, le combo n'hésite ainsi pas à bourrer sauvagement, rapprochant le groupe de la scène suédoise voisine. Certains passages évoqueraient même presque Suffocation! Le show s'ouvre sur l'intro de World Without God, album de 1991 grâce auquel CONVULSE doit sa renommée. On enchaîne logiquement sur "World Without God". Comme espéré, le quatuor ne jouera presque que des extraits de son premier opus que je découvre pour la première fois en live avec plaisir. L'unique titre de son nouveau disque Evil Prevails me fera toutefois très bonne impression également, avec entre autres une intro mélodique en arpèges surprenante. Même si le public ne bouge pas beaucoup plus que sur DEGIAL, l'ambiance est bonne. Le son se fait bien meilleur que pour DEGIAL bien que l'on peinait à entendre les leads pourtant un point essentiel de la musique, le groupe a la banane et est clairement content de reprendre du service pour la cause death metal. Le jeu de scène est minimaliste (il n'y a de toute façon pas beaucoup de place) mais la formation dégage quelque chose qui la rend hautement sympathique. Des quatre musiciens qui font tous du bon boulot, c'est toutefois le chanteur/guitariste, seul membre originel avec le bassiste, qui m'impressionne le plus par son chant ultra caverneux qui rendrait presque jaloux Craig Pillard! Très bon gig, j'ai déjà mal aux cervicales! À samedi!
J'étais curieux de voir le prochain groupe, OBLITERATION. Non pas que son nouvel album Black Death Horizon me subjugue mais il a certaines qualités de personnalité et d'ambiance hallucinée rappelant l'esprit du dernier Necrovation que j'apprécie. Alors autant l'avouer tout de suite, j'ai préféré les deux premiers groupes. Mais les Norvégiens n'ont pas démérité pour autant. Je regrette juste que certains passages lents "ambiancés" soient rallongés inutilement. L'atmosphère y est mais ça casse le rythme et devient vite chiant alors que quand OBLITERATION appuie sur l'accélérateur sur du tchouka-tchouka thrash, du d-beat punk ou même des blasts, c'est foutrement catchy et entraînant. Le premier album des Norvégiens bourraient d'ailleurs davantage, en passant. L'exemple le plus saisissant sur la fin très lente et interminable, avant d'envoyer la sauce magistralement pour un final dantesque qui a emporté toute la salle. Bon, je critique, je critique, mais le show fut tout de même agréable dans l'ensemble. Un son correct, un public qui commence à se rentrer dedans, un frontman charismatique à la gestuelle quasi religieuse, une ambiance parfois vraiment prenante ("Transient Passage" est bien passée, elle), bref, il y avait tout de même de quoi trouver son bonheur. Certaines personnes du public ont même empêché les musiciens de quitter la salle pour les pousser à continuer de jouer, ce qui n'arrivera pas, mais c'était une scène assez cocasse! À noter également la présence en tant que bassiste de session du jeune chanteur de Condor que j'avais vu au Live Evil à Londres le mois dernier. Rien d'étonnant après tout, les deux groupes venant de la même ville de Kolbotn d'où sont également originaires Darkthrone, Nekromantheon, Infernö et d'autres joyeux drilles.
La soirée prend un peu de retard à cause d'OBLITERATION qui a semble-t-il pris plus de temps que prévu. DISMA ne prend donc possession des lieux que vers 22h20 au lieu de 22h. On s'aperçoit vite que les cinq Américains au gabarit typique de leur pays vont être à l'étroit sur la petite scène du Klub! Je me place devant pour assister de près à la démonstration et voir enfin Craig Pillard, un de mes chanteurs death metal préférés. Et l'ex-Incantation ne me décevra pas, comme le reste du groupe. Il y avait d'ailleurs longtemps que je ne m'étais pas éclaté autant à un concert, moi qui évite plutôt les pogos d'habitude. Il faut dire qu'il est difficile de résister à DISMA et son death metal écrasant qui colle. Impossible de ne pas headbanguer violemment quitte à se fracasser le crâne par terre sur les parties mid-tempos groovy ou les séquences doomy ultra pesantes, et de partir en vrille quand le combo accélère sur des parties de blast-beats qui prennent d'autant plus d'ampleur. J'aime beaucoup Towards The Megalith mais je l'avais tout de même trouvé un peu trop doomy pour moi. Ça ne m'a pas gêné ce soir. J'en redemande même! Qu'est-ce que c'était gras, j'ai dû prendre 10 kilos malgré les pogos! Craig Pillard est un monstre au chant et couvre presque la basse! Abyssal! Rayon titres, on a eu le droit à du lourd avec entre autres "Spectral Domination", "Chasm of Oceanus" (les murs du Klub en tremblent encore!), "Unwept In Oblivion", "Chaos Apparition", "Towards The Megalith" (dans le genre écrasant, celui-là vaut aussi son pesant de cacahuètes!) et mon favori "Lost in the Burial Fog" sur lequel j'étais fou entre l'intro bien groovie, les blasts foudroyants qui suivent et la transition jubilatoire vers la fin entre la lourdeur du passage down-tempo dark et les blast-beats dévastateurs. Qui a besoin de Viagra après ça?! Un vrai bonheur que de voir jouer ce death metal à l'ancienne entre la scène américaine qui tâche (Incantation, Autopsy) et la scène scandinave. Craig Pillard et Daryl Kahan ou le duo gagnant (dommage que Funebrarum avec Daryl et Shawn Eldridge à la batterie ne soit pas de la partie d'ailleurs)! Du coup, les 50 minutes de show m'en ont paru 20 à tout casser! Pas de rappel, il est déjà tard. Le temps de faire ma groupie avec Craig Pillard et de lui soutirer une photo puis c'est déjà l'heure de prendre le métro direction la maison. C'est qu'il va falloir être en forme pour demain!
Le warm-up a ainsi tenu toutes ses promesses. Je n'étais pas trop emballé par le choix de la salle et les concerts au sous-sol toujours pénible pour circuler ou même voir quelque chose mais ça ne m'a pas empêché de passer une très bonne soirée sur une affiche old-school underground comme il devrait y en avoir plus souvent dans le coin. DEGIAL a été radical, le groupe le plus evil de la soirée, CONVULSE a balancé son death finlandais redbullisé avec une classe propre aux vétérans, OBLITERATION nous a à la fois malmené et transporté (même si le voyage était parfois trop long) et DISMA a tout écrasé de son death gluant, poisseux et sombre. Ça promet pour le Wolf Throne!
(Keyser)
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