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A THOUSAND LOST CIVILIZATIONS MARCH MMXIX - JOUR 4

Live report

A THOUSAND LOST CIVILIZATIONS MARCH MMXIX - JOUR 4 Darkspace + Mongolito + Possession + Pseudogod + Ritual Death + Urfaust + Volahn
Le 09 Mars 2019 à Bruxelles, Belgique (Magasin 4)
En ce dernier jour, la question du son me taraude toujours. ATLC a annoncé que cette édition serait l’occasion de dire adieu au Magasin 4 qui devrait fermer ses portes prochainement. Je croise donc les doigts pour que tout se passe bien aujourd'hui car le programme est bien chargé encore. Victime de la logique et de la fiabilité des transports publics bruxellois, j’arrive pile à l’heure pour le début des hostilités.

Hostilités, hostilités… c’est vite dit, car je retrouve Marc De Backer alias MONGOLITO, qui officie chez WOLVENNEST. Une bande son, une guitare, et un homme aux lunettes et au feutre noirs ou l’expression viscérale de la solitude. Comme THE DEAD CREED, ses seuls compagnons seront un chandelier et une coupelle d’encens. C’est reposant, mélancolique à souhait à l’instar d’une Petite ballade en pathétique mineur, c’est juste beau et je n’ai pas envie que ça s’arrête.

Au vu du nombre impressionnant de patchs, backpatchs ou t-shirts d’URFAUST que j’avais croisés depuis trois jours, je me disais bien que les Néerlandais figuraient parmi les artistes les plus attendus du week-end, j’étais moi-même très impatiente de les retrouver. Leur placement dans le running-order et leur temps de jeu n’avaient d’ailleurs pas manqué de m’étonner. Je remarque une petite variante dans la déco : les bougies sont fichées dans les bouteilles de vin que n'ont peut-être pas manqué de s'enfiler nos deux compères. Six titres (ce que ça me paraît court !) pour une setlist ultra classique dont les fabuleux Die kalte Teufelsfaust, Dämmert, gelähmt und mit scheinbar erloschenem Geist ou encore Unter Töchtern der Wüste. Pourtant, ce n’est pas le grand frisson. Je n’ai pas ressenti cette vague d’émotion qui m’avait submergée au NORTH OF THE WALL l’année dernière, alors que je suis vraiment sensible à leur univers si particulier. Le son est loin d’être grandiose, même faible par moments, on perçoit de temps en temps quelques scories, sorte de cliquetis vraiment agaçants. VRDRBR reste presque toujours assis sagement sur son tabouret, descend une ou deux bières et boit même de l’eau. Mais où va le monde ? IX remercie d’un souffle entre chaque morceau et après un court moment de flottement (j’espérais un titre supplémentaire), le set s’achève, sans allégresse, le public tournant rapidement le dos à la scène après de brefs et timides applaudissements. Un URFAUST en petite forme ou en service minimum, je ne sais pas…

C’est parfois compliqué la vie d’un guitariste-chanteur de Black/Death Metal. Ce n’est pas Luctus de RITUAL DEATH (alias Wraath dans DARVAZA) qui me contredira. Le visage dissimulé derrière une sorte de moulage de crâne sous lequel il porte un casque-micro, la tête recouverte d’un capuchon, il n’a eu de cesse de remettre en place son encombrant attirail pendant toute la durée du set. Musicalement, ça le fait bien quand même, avec cette approche toute archgoatienne de la rythmique pour un ensemble assez écrasant, opaque et rugueux, tandis que les nappes de claviers introduisent habilement une atmosphère cérémonielle et occulte. Le son n’est pas trop fort et plutôt correct, les critiques auraient-elles été entendues ? Ce n’est pas le groupe du siècle, mais je passe un assez bon moment avec les Norvégiens.

Ça tombe bien, je viens tout juste de renouveler mon adhésion au Club des Passionnés de Violence, je peux donc sans problème m’en reprendre une dose avec PSEUDOGOD. Dans une débauche de cheveux, avec une hargne démoniaque, les Russes vomissent sans répit les meilleurs titres de Deathwomb Catechesis et autres joyeusetés dans un déchaînement d’agressivité - son remuant chanteur au growl caverneux en tête - particulièrement jouissive. Je n’en attendais pas moins d’eux, de la brutalité et de la malfaisance. De nature assez pessimiste, je m’attendais à un son aussi inaudible qu’est illisible leur logo. Ce fut bien plus subtil et coquinou que ça : on passe d’un instant à l’autre du mauvais (larsens, basse archi dominante) au plus que convenable. Ça aurait pu être pire et les gars ont été plus que convaincants.

Enchaînement de réjouissances lucifériennes avec POSSESSION, qui porte plutôt bien son nom. Le porte-étendard de la scène Black/Death belge a propagé un souffle nauséabond de sauvagerie avec un set super intense, sans temps mort pour nos pauvres cervicales. Les quelques défaillances vocales du chanteur passent relativement inaperçues et sont vite oubliées au vu de la débauche d’énergie dont il fait preuve, avec une excellente occupation de la scène. Les riffs sont percutants, dont certains ne sont pas sans rappeler ceux de leurs compatriotes de SAQRA’S CULT (la millefa, quoi !), le rythme sans relâche. Il est juste regrettable, encore une fois, d’avoir mis l’accent sur la paire basse/batterie, bien trop en avant. Généreux, les Belges vont s’octroyer du temps de jeu supplémentaire, avec des guests, pour le plus grand plaisir du public, qui leur réserve de chaleureuses acclamations.

VOLAHN (Eduardo Ramírez) n’est autre que le batteur de BHL au physique de pilier de rugby fidjien, qui a donné son nom à une autre entité issue du Black Twilight Circle, dont il est la tête pensante. Dès les premières notes, ça sent la catastrophe. Je me remobilise, je me concentre, j’enlève mes bouchons, je les remets, je recule, je me décale, puis finalement, je décroche totalement. Etre devant VOLAHN et ne rien comprendre du moindre riff de guitares (les guitares dans VOLAHN, enfin !), c’est quand même la pire des déconvenues. Même si le Black Twilight Circle a montré le bout de son nez en Europe en ce début d’année, je pense que l’occasion est trop rare pour finalement être massacrée de cette façon. La qualité, l’engagement, la passion, tous ces éléments étaient réunis pour donner naissance à un set qui aurait pu être mémorable. Je suis ressortie de la salle fort marrie, la déception est à la hauteur de mes attentes.

Voir DARKSPACE se produire sur scène, on y prend goût, n’est-ce pas ? Ben, eux aussi, semble-t-il ! Il ne s’est passé que quelques jours depuis l’incroyable concert à Denain (IN THEATRUM DENONIUM), pourtant on dirait bien qu’il s’est produit un déclic chez nos Suisses. Worth, Zhaaral et plus particulièrement Zorgh semblent s’être débarrassés d’un costume de rigidité trop lourd pour leurs épaules. Libérés d’une tension jusque-là palpable et tenace (sans avoir été handicapante pour autant), ils sont plus à l’aise avec leurs corps, prennent un plaisir évident, j’ai même vu Zhaaral sourire imperceptiblement. Le ressenti n’en est que plus savoureux pour le public conquis et attentif. Pour celui qui affectionne leur musique, l’immersion est totale, enveloppante, d’autant que cette fois, le son ne leur fait pas défaut. Les Suisses quittent la scène au bout de quarante minutes. Une interminable attente commence. Quelques conversations reprennent, vite interrompues par d’autoritaires « chut ». Car, oui, ils vont revenir pour prolonger ce fabuleux voyage dans le temps et dans l’espace dont on a du mal à revenir. Je salue la très judicieuse initiative de leur avoir accordé un set de quatre-vingt-dix minutes, format parfaitement adapté au genre, propice à une immersion progressive dans leur univers. Les applaudissements seront chaleureux, les « bravos » fuseront. Moi, je leur dis juste « merci ». Ainsi se termine la première tournée de DARKSPACE, ainsi s’achève cette dernière journée. Le festival ne pouvait pas espérer plus belle clôture.

Setlist :
. 4.19
. 2.8
. 1.2
. 3.12
. 2.9
. 3.15
. 3.16
. 4.20



Pas de pass un jour, une seule scène dans chaque salle permettant de voir l’intégralité des concerts, une affiche alléchante proposant un large panel des différentes sensibilités du Black Metal, une mise en lumière de la jeune garde tout en réservant une place de choix aux valeurs sûres du milieu, des exclu appétissantes, A THOUSAND LOST CIVILZATIONS est un festival organisé par des passionnés, pour des passionnés, attirant d’ailleurs quelques « VIP » comme Daniel Abecassis, présent les quatre jours, ou encore Tomas Lindberg (AT THE GATES) en qualité de simple spectateur.

Ma (relative) déception : le Magasin 4 qui effectivement n’offre pas les meilleures conditions sonores à un genre musical qui en requiert énormément pour être pleinement apprécié. Le problème semble réglé en raison de sa fermeture prochaine. L’idéal serait pour une prochaine édition (?) de se maintenir à l’Atelier 210, salle qui m’a donné presque entière satisfaction.

Mon coup de gueule, même si l’orga n’y peut vraiment rien : ce fléau que constitue l’utilisation à outrance des smartphones pendant les concerts. Du gars qui passe son temps les bras en l’air pour mitrailler la scène (avec flash si possible et coup de coude en prime) à la donzelle qui attend fébrilement le like de tata Monique sur son selfie moisi ou fait défiler, luminosité à fond, son fil d’actu FB en plein milieu de la fosse, il devient difficile d’apprécier un set dans l’obscurité. Je trouve ce comportement totalement irrespectueux envers les artistes et gênant pour les spectateurs.

Mes coups de cœur :
- le running-order équilibré permettant de profiter pleinement de tous les groupes, avec des temps de jeu appréciables et des pauses raisonnables,
- le principe du début de journée consacré, avec un brin d’audace, à l’Ambient et à l’acoustique,
- la présence de quelques groupes atypiques, en marge du Black Metal, comme SATURNALIA TEMPLE dont la prestation restera gravée dans ma mémoire, ou TERRIFIANT pour sa toute première performance.

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