Un p’tit concert un samedi soir à quelques kilomètres de chez soi, ça ne se refuse pas ! Surtout lorsqu’il s’agit de monter dans une machine à remonter le temps qui aurait pu être dessinée et conceptualisée par Away, batteur de VOIVOD, l’un des groupes présents à l’affiche. C’était aussi l’occasion pour moi de découvrir le Forum de Vauréal (Val d’Oise) qui, mine de rien, propose régulièrement des plateaux Metal et affiliés, comme récemment LEPROUS ou dans les prochains mois ANVIL ou LOUDNESS, bien souvent pour des dates uniques en France, comme ce fut le cas ce soir-là. Située en plein centre-ville, le Forum est une belle salle au confort et à l’équipement modernes (avec notamment une bonne visibilité, renforcée par l’installation de deux écrans sur les côtés de la scène), avec une jauge maximale de 400 personnes, atteinte en ce samedi 23 novembre 2019, puisque l’évènement affichait sold-out.
Je passerai rapidement sur le « cas »
DOWNCAST COLLISION, groupe néerlandais de Death mélodique (j’ai déjà tellement de mal avec le concept) qui rejoindra sans problème DARK SKY CHOIR dans mon panthéon des groupes à oublier très vite. Bien que je sois arrivée après le début de leur set, alors que le groupe est à l’arrêt suite à des problèmes de matériel, leur Death Metal formaté et insipide m’a laissée complètement de marbre, malgré les efforts de Monica « Demonica » ailes d’ange de plumes noires dans le dos (bouh, j’ai peur !), derrière son micro et à la basse. Sans grand intérêt pour moi, DOWNCAST COLLISION a malgré tout joué son rôle de figurant avec une bonne dose de détermination. La seule bonne nouvelle, c’est que le son me paraît plus que satisfaisant dans cette salle.
La dernière fois que j’ai vu
VOIVOD, c’était en 2015 à Eragny, autre commune du Val d’Oise : le charme intimiste des petites salles de banlieue leur va si bien ! Venir voir VOIVOD en concert, c’est comme retrouver une vieille bande de potes : on sait d’avance que l’on va passer une bonne soirée décontractée, vivre un moment de partage entre musique et franche rigolade. Pour ma part, c’est toujours avec une pointe d’émotion que je croise les Québécois, ils font partie de ma sélective liste de groupes de cœur, de ceux que j’écoute et suis (parfois avec un peu de distance, c’est vrai) depuis pas loin de trente ans. VOIVOD débute son set avec
Post Society et je retrouve immédiatement avec plaisir la gestuelle saccadée d’Away, la bonne humeur communicative d’un Snake en forme vocalement, toujours prompt aux bavardages et aux blagounettes, la finesse et la précision du jeu de Chewy (comme autant d’hommages au regretté Piggy) et le dernier arrivé, Rocky, qui a réussi à trouver sa place au poste de bassiste laissé vacant après le départ de Blacky. Les Québécois vont tâcher de passer en revue l’ensemble de leur discographie, mettant malgré tout en avant des « pièces » (terme québécois utilisé par Snake) plus récentes, notamment issues de
The Wake ou
Post Society, mais je redoublerai de plaisir devant
Psychic Vaccum ou
The Unknown Knows. Comme d’autres personnes présentes j’imagine, je n’aurais pas dit non à un set old-school (allez, un p’tit
Dimension Hatröss en intégralité avec en bonus
Ravenous Medicine que je n’ai jamais vu jouer sur scène !) mais il est bien difficile de contenter tout le monde avec une petite heure de temps de jeu. Malgré une longue et parfois chaotique carrière (35 années d’existence et 14 albums au compteur), faite de hauts mais aussi de bas, l’enthousiasme et la passion de VOIVOD semblent intacts. Les Canadiens dispensent une nouvelle fois une prestation de qualité, mêlant rigueur et décontraction, contaminant le public avec leur bonne humeur, les sautillements de Snake devenant contagieux. Le set, servi de bout en bout avec un son limpide et équilibré, se termine logiquement sur
Voivod, repris en chœur par le public à la moyenne d’âge respectable, conquis par la prestation des Canadiens, longuement acclamés, qui prendront le temps de venir serrer les mains qui se tendent vers eux, d’échanger quelques mots avec leurs fans, un grand sourire aux lèvres. Un petit bémol toutefois : un grand merde aux rageux autour de moi qui n’ont eu de cesse de se plaindre du chant de Snake (ben, quoi ? c’est le sien, il est certes particulier, mais il est inchangé), de la setlist trop Prog ou pas assez Thrash… Messieurs, VOIVOD fait du VOIVOD et rien que du VOIVOD, que ce soit en 1984 ou en 2019, et même s’il est vrai que leur musique a évolué vers des compositions moins abrasives et moins chaotiques, c’était déjà il y a belle lurette et leur univers reste unique et leur œuvre brillamment cohérente !
Neuf ans que les Américains de
GWAR n’avaient pas foulé le sol européen et peut-être bien vingt ans que je n’avais pas écouté ! Qu’à cela ne tienne, il ne faut pas mourir idiot et je n’avais encore jamais assisté à un de leurs spectacles, car oui, on peut bien utiliser ce terme. Depuis trente ans, GWAR se trimballe des costumes de monstres encombrants au possible, use de mise en scène déjantée (comme la torture et la mise à mort – mais dans la joie et la bonne humeur, hein ! - de figurants grimées en personnalités) et arrose généreusement de faux sang son public qui n’attend que ça. La question se posait tout de même : devais-je prendre le risque d’aller dans la fosse ou jouer la sécurité ? Pleine de bon sens ou pleutre, c’est selon, je me suis réfugiée tout au fond de la salle et ai renoncé à me faire asperger par des litres et des litres de fausse hémoglobine. J’ai sans doute loupé quelque chose, tant pis pour moi… Un concert de GWAR c’est l’alliance de la musique entre Hard Rock, Thrash et Punk, de blagues potaches et de saynètes sanguinolentes dont raffole son public et ça ne tarde pas avec cette femme mettant bas à un monstre après une gestation de douze années, puis Blothar faisant gicler à plusieurs mètres de distance le liquide rouge de ses deux pénis, ou encore la marionnette de Trump contraint à une fellation sur ledit Blothar. On ne va pas se mentir, l’œuvre de GWAR est sympatoche, mais ne casse pas trois pattes à un canard musicalement. Rien de bien compliqué : des riffs et des compositions simples, mais des lignes de chant accrocheuses transformant chaque titre en hymne fédérateur. Nous sommes à des années-lumière de la classe et la technique, mais ça reste drôlement efficace. Que disait Gainsbourg ? La connerie, c’est la décontraction de l’intelligence, alors on lâche prise et on s’amuse comme des gamins. Plutôt réservée, il m’a été difficile de ne pas répondre à l’appel de Blothar et de ne pas entonner en chœur les refrains de
Maggots,
Have you seen Me,
Fuck this Place et bien sûr,
Sick of You qui a mis un point final à cette soirée placée sous le signe de la gaîté. A la fin du set, le sol de la salle est recouvert de grandes flaques de liquide rougeâtre, les premiers rangs (en vrai un bon tiers de la salle) ressortent écarlates de plaisir, mais pas que, essorent leur t-shirt, se nettoient comme ils peuvent. D’autres, plus prévoyants, se retrouveront en calbute dehors devant le coffre de leur voiture pour se changer.
Setlist :
. Salaminizer
. Krak Ddown
. I’ll be your Monster
. Bring back the Bomb
. Black and Huge
. I, Bonesnapper
. Maggots
. Have you seen Me
. Metal Metal Land
. Ham on the Bone
. The Sordid Soliloquy of Sawborg Destructo
. Beat you to Death
. Fuck This Place
Encore :
. Gwar Theme
. Sick of You
Deux groupes inclassables musicalement, deux légendes – chacune pour des raisons différentes - pour un très beau plateau qui avait de quoi ravir les nostalgiques, ceux qui ont connu le Metal des années 1980 et 1990, qui ont retrouvé le temps d’une soirée l’insouciance de leur jeunesse au son des classiques de cette glorieuse époque. Pour autant, je ne me permettrais pas d’affirmer que seul le public d’âge respectable était en mesure de l’apprécier : il suffisait de voir les visages souillés, mais réjouis, des plus jeunes lorsqu’ils quittèrent le Forum, dans la joie et la bonne humeur.
3 COMMENTAIRE(S)
25/11/2019 20:24
Ca aurait pu en effet !
25/11/2019 19:24
J'étais persuadé qu'elle était de Coluche cette citation
25/11/2019 16:43