Eclosion Booking et Antikosmos Productions organisent cette mini-tournée sur la partie nord de la France (Caen – Dunkerque – Lille – Paris) dont les trois groupes à l’affiche présentent deux points communs : ils évoluent dans un répertoire Black Metal et partagent tous le même label, Les Acteurs de l'Ombre.
Récit de la date parisienne…
RÄUM
Si vous êtes restés dans les années ’90 car ce que vous aimez dans le Black Metal, c’est l’imagerie « crucifix retournés,
corpse paint, crasse et clous », sautez immédiatement ce paragraphe du live report ! En effet, rien de tout cela chez les Belges qui se présentent en chemise (noire quand même, hein), propres sur eux, à la barbe soigneusement taillée et dont le chanteur Oli porte une casquette (noire quand même, hein). Pas sûr d’avoir déjà vu sur scène un chanteur de Black Metal avec une casquette. Ces observations étant faites et partagées, que nous balancent-ils dans les oreilles ? Trois des quatre titres de leur 1er album « Cursed by the Crown » sorti en mars dernier (seule la piste « Beyond the Black Shades of the Sun » n’est pas jouée), ainsi qu’une nouveauté, baptisée temporairement « Ground ». OK, mais ça sonne comment ? Eh ben, c’est du Black Metal aux accents Post avec – dans la tradition du genre – des morceaux de 10 minutes proposant alternativement de longues mélodies entraînantes, des motifs en boucle et du décrassage de conduits auditifs via de sacrés accélérations (et un Oli qui bouge pas mal, d’ailleurs d’une façon peu « conventionnelle »). Le tout est « froid » et la lumière blanche bleutée qui les éclaire vient renforcer cette sensation. Probablement l’absence de basse également, dont l’éventuelle rondeur qu’elle aurait pu apporter n’est pas compensée par les deux guitares aux sons tranchants & lancinants. Par rapport aux concerts habituels, je note beaucoup de fumée pendant le show, ce qui amène un petit côté mystérieux faisant écho aux textes « qui parlent de leur existence sous toutes ses formes, sans faire de lien direct avec le réel ».
Au final, une bonne session d’une demi-heure pour ce quartet Liégeois formé en 2020 qui a été convaincant ce soir, en témoignent les deux mecs placés derrière moi qui s’exclament « on va aller acheter le CD maintenant » ! A réécouter à la maison, et à guetter la parution d’un 2ème album.
A savoir, pour nos amis wallons en particulier, que
RÄUM jouera le 8 décembre à Engis avec
EREB ALTOR et
ENISUM.
Photo de Kamel Achiri
MIASMES
Pause en attendant la suite du programme mais pas pour tout le monde puisque le batteur de
MIASMES est déjà installé et on le voit s’exercer pendant 10 bonnes minutes. Ses 2 compères finissent par revenir et se mettent en place, dos au public. Quand ils se retournent, des indices vestimentaires nous indiquent que le power trio ne va pas poursuivre dans la veine post-Black Metal de
RÄUM. Effectivement, le pantalon en cuir et t-shirt sans manche du bassiste-chanteur ainsi que le t-shirt « Wrath Of The Tyrant (1ère démo d’
EMPEROR) – qui est possiblement d’époque – du guitariste sont annonciateurs d’un Black Metal
old school. Je dirais même plus « très
old school » car on peut ressentir des airs (Black/)Thrash dans leur son. Ça me rappelle en effet
MARDUK qui reprenait de vieux standards sur leur EP « Glorification » ou encore
ENTHRONED qui rendait hommage à
SODOM avec leur cover de « The Conqueror ». Donc de vieilles influences bruyantes qui font mouche et qui déclenchent du headbang de la part du premier rang. Un costaud portant un chapeau (appelons-le Georges) au 2ème rang n’est pas en reste. Il nous bouscule et cherche à faire remuer ses voisins en demandant à deux reprises « c’est un thé dansant ici ? ». C’est vrai que la musique des Blésois donne envie de bouger, la basse se fait entendre (elle est même parfois très mise en avant) et j’adore les frappes sur la cymbale chinoise très sollicitée.
Voilà, une découverte live de l’opus « Répugnance » joué en quasi intégralité (+ le titre « Vermine » de l’EP), c’est-à-dire trois gros quarts d’heure passés à respirer du bien mauvais air avec ces
MIASMES...
Photo de Kamel Achiri
HYRGAL
22h37 : oh putain, oh putain, oh putain ! Quelle branlée on vient de se prendre !!!
Revenons 50 minutes en arrière pour savoir comment tout cela a commencé.
Tout d’abord, les 3 pieds de micro recouverts d’ossements (dont deux formant une petite croix à l’envers) et de crânes d’animaux préfigurent une certaine ambiance morbide. Ensuite, les tenues du quartet, dont celle d’un guitariste vêtu d’un pantalon treillis militaire avec ceinture cartouchière et t-shirt
CARPATHIAN FOREST – ainsi que son salut « Hail satan » – laissent également présager que ce n’est pas du Heavy prog symphonique qui va venir bercer nos oreilles. Et puis ce tatouage « No shrines of solace to seek » sur un bras du bassiste : pas très joyeux quand l’expression est utilisée pour exprimer l'absence de sens ou de réconfort dans l’existence humaine (on la retrouve d’ailleurs dans les paroles de « With Hearts Toward None I” de
MGŁA). Le réconfort (ou le remontant), on a bien une idée d’où il peut venir car ce même bassiste est venu avec de quoi ne pas mourir de soif (pas réussi à identifier la boisson mais ça n’a pas la couleur de l’eau ;-)), quand le guitariste-chanteur s’autorise une gorgée de sa bouteille de rouge.
Refermons la parenthèse pour parler de leur son incroyable, saturé, rapide, violent… Ils auraient pu prévenir et ajouter « Brutal » sur l’affiche ! Il y a pourtant ce titre avec des accalmies et des ambiances enregistrées (presqu’expérimentales) mais c’est pour mieux augmenter la cadence car ils ont compris que c’est dans les accélérations et pas dans la vitesse en continue que réside toute l’efficacité. Le batteur, qui n’est pas loin de péter ses grosses caisses, est tellement à fond qu’il en finit debout ! Ou un autre morceau déjà très agressif dont le rythme augmente crescendo pour atteindre de l’ultra-rapide, bluffant ! Au point qu’épuisé, le guitariste-chanteur termine quant à lui littéralement à genoux. Dur de se relever. Je crois qu’il cherche sa barre Mars pour repartir, toutefois sa main est malencontreusement retombée sur la bouteille de vin donc une nouvelle petite gorgée et le voilà requinqué pour une dernière bombe : leur reprise de « Dark Endless » de
MARDUK. Ah mince, ça interpelle Georges qui revient devant, on va encore se prendre des coups de coude... Bon, vu la violence de la musique, je comprends que ça lui donne envie d’en découdre car bien que ça « bougeotte » dans la fosse, ce n’est pas non plus un pogo de Hardcore. Quoi qu’il en soit, c’est vraiment top de voir et d’entendre
HYRGAL présenter son répertoire récent, avec 5 chansons de l’EP « Sessions Funéraires Anno MMXXIII » paru en avril dernier et 3 autres issues de leur album éponyme de mai 2022. J’espère qu’ils repasseront prochainement !
Photo de Kamel Achiri
Que de concerts de qualité en ce moment ! Je me souviendrai de celui-ci, d’autant plus que les 3 combos étaient tous très bien, ce qui n’est pas toujours le cas. Cela fait plaisir de savoir (ok, d’avoir confirmation) que la scène Black Metal est bien active et qu’il y a du monde pour donner des concerts et venir y assister.
Et merci encore une fois à Kamel pour ses photos.
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène