Le samedi 1er juin, Paris fait Nuit blanche et célèbre l'art contemporain. Le Cirque Électrique participe aux festivités et réunit danseurs, circassiens, peintres, musiciens et performeurs. Cela s’accompagne d’un événement dans sa partie Anticlub, organisé par smart & confused qui nous propose une affiche très Punk dans l’âme mais surtout éclectique. Ce n’est pas vraiment Métalleux mais je vois du Grindcore au programme alors allons voir ça, surtout que le lieu est très sympa.
KAASK
Le set de ce jeune combo havrais commence par un son strident et tout ce qui s’en suit s’avère relever d’un véritable « OSNI » (Objet sonore non identifié). Bien malin, en effet, sera celui capable de labeliser le style du quartet tant il sonne original, du jamais écouté. Voyons déjà ce que nous avons sur scène : une chanteuse-claviériste, un saxophoniste, un guitariste-chanteur ainsi qu’un batteur. Pas le line-up « classique » vous en conviendrez. Et comment ça sonne tout ça ? Lorsque le clavier est utilisé, c’est plutôt de façon expérimentale, diffusant des sonorités peu habituelles. Le chant féminin (en français) peut être crié et quand il est parlé, cela se rapproche du slam/rap, ils disent
Spoken. Dans ses textes, Claire semble dénoncer les travers de la société (guerre, politique…) et son t-shirt
More women on stage me fait penser que le féminisme pourrait également être un sujet abordé. Fiches à la main (qu’elle jette négligemment une fois lues), elle parodie maintenant un discours électoral, c’est juste dommage que l’on ne comprenne pas tout ce qu’elle déclame comme le gros son des instruments la concurrence. Le chanteur prend quant à lui une voix rauque et son jeu de guitare est varié, allant même parfois me rappeler ce qui peut se faire dans le Metal industriel. Quelques passages calmes se font entendre, contrairement à l’avant-dernier titre saturé qui comporte des cassures de rythme, le batteur est au taquet. C’est le moment où le saxophone aurait pu être davantage mis en avant dans le mixte mais sinon sa contribution s’apprécie aisément. Voilà, quasiment 50 minutes de Spoken Noise dont vous pouvez trouver sur Bandcamp les 2 titres de leur démo sortie en octobre dernier.
VISION 3D
La demi-heure suivante est l’occasion de découvrir un combo de Tournai (Belgique) qui se constitue d’une bassiste-chanteuse, d’un guitariste et d’un batteur. Internet nous apprend que ce « powerpunxtrio » s’est formé en 2017 avec des membres de
THEE MARVIN GAYS (Punk-Rock/Garage) et
MARIA GORETTI QUARTET (Post-Punk), ce qui donne du « postpoppoppingpunk » selon le groupe. Les premières minutes de jeu donnent l’impression de Garage Punk « générique » pour se rendre compte assez rapidement qu’ils ont leur patte, avec des passages instrumentaux et une guitare assez variée au final (je crois entendre un passage Psychobilly sur un morceau). Ils déploient de l’énergie et de la bonne humeur (même quand ils foirent le début de leurs titres, lol). Ça fait plaisir, on passe un bon moment. On nous annonce à présent une chanson sur Saint-Nicolas (« St nic » ?). Je suis curieux de savoir ce que ça raconte mais bien que les textes soient en français, j’avoue que je ne distingue que quelques mots, comme la chanteuse est moins facilement compréhensible en
live que sur enregistrement. Pendant ce concert, elle s’efforce plutôt de communiquer son enthousiasme auprès du public, et cela fonctionne ! Eh oui, ça se bouscule dans la fosse, mais pas trop fort hein, ils ont dû lire la note sur l’interdiction de
pogos violents ;-).
GUMMO
Depuis le temps qu’un prénommé Sébastien fait la promotion des Lillois en portant leur t-shirt aux concerts, il me presse de découvrir
GUMMO, d’autant plus que le Grindcore en
live ne me déçoit jamais. Tiens, on dirait que je ne suis pas le seul à m’être déplacé pour eux car bien que la salle fût correctement remplie jusqu’à présent, elle est devenue clairement pleine pour ce nouveau trio. Tout le monde se tient prêt (gentiment mis dans l’ambiance par
VISION 3D) et dès les première notes lâchées, un
pogo se déclenche ! Il faut dire qu’on a en face de nous du
Play Fast / Strike Hard avec un chanteur qui se déplace beaucoup et qui est secondé par le guitariste, donc ça déménage. On a aussi une jeune femme (Em Stef) qui vient hurler derrière le micro, quelle énergie ! Quelques
mots doux pour la police (
ACAB), de nombreux
slams et on arrive vite en fin de
set. Une belle démonstration de Grindcore/PxV (Power Violence), donc plus orienté Hardcore que Metal, ce qui est bien dans le ton du plateau de ce soir. S’il y a trois mots à utiliser pour caractériser ce show, je dirais « carré », « efficace » et « intense ». Ils sont à voir, et dans l’attente, vous pouvez toujours aller faire un tour sur leurs pages Facebook et Bandcamp.
CHIENS
On délaisse le nord pour les terres de l’est, le temps de la prestation des
CHIENS qui nous viennent de Nancy. Il s’agit d’un collectif formé il y a 15 ans, connu et apprécié chez Thrashocore puisque Sagamore a déjà rédigé trois chroniques les concernant, dont celle de
« 1.8.7. MYSELF », leur dernière production en date (figurant d’ailleurs parmi les meilleurs albums de la rédaction pour l’année 2023). « Une dinguerie, pure et simple » écrivait-il. Eh oui, avec 4 micros sur scène et 2 guitares, on s’en prend plein les oreilles et c’est un vrai bordel que crée le quartet : énormément de slams (en départ du sol et de la scène) et des verres qui volent (j’en connais qui ne récupéreront pas leur consigne…). Ils nous jouent du Grindcore très énervé et tiens, comme je me suis retrouvé au fond de la salle, et que je ne vois quasiment rien d’où je suis avec des grands devant moi, ça m’énerve aussi et je couperais bien des têtes ! De leur côté, c’est à nouveau auprès des forces de l’ordre qu’ils en ont (ça va devenir la thématique de la soirée) et ils y vont de leur petite anecdote. Une foule ultra compacte pour les écouter aujourd’hui, qui se souviendra longtemps de ces aboiements, quelle punition auditive :-) !
JODIE FASTER
Voilà des artistes qui aiment manier les mots, et je constate que les stars féminines du
showbiz américain inspirent. En effet, après
TINA TURNER FRAISEUR que nous avons
live reporté et
interviewé en début d’année, on vous parle cette fois de
JODIE FASTER ! Les jeux de mots continuent puisqu’ils se réclament venir de brookLILLE (ça me rappelle un ancien collègue suisse qui était soi-disant de LAUSANNEgeles). Les paroles sont également travaillées et à titre d’exemple, on nous présente un chanson sur les douaniers (petite variante des policiers), « ces personnes en uniforme qui gardent des frontières imaginaires tracées par des criminels de guerre » ou encore « 6 Years Old Conservatives » pour « Darmanin et Estrosi qui ont un rapport à la réalité comme des enfants 6 ans ». Un mot sur la Palestine également « où des enfants se font massacrer » pour comprendre que les thématiques du quartet sont sociales et revendicatives. Tout cela se met en musique via un Punk Hardcore doté de 4 micros (comme pour
CHIENS), d’une unique guitare, ainsi que d’une section rythmique basse/batterie particulièrement entraînante. Le chanteur expressif vit à fond sa prestation, il bouge sur toute la scène, il est… survolté ! Un gros succès côté fosse comme le démontre le
pogo quasi continu pendant toute la durée de leur performance.
Ils ont sorti un split avec
CORRUPT VISION en novembre, allez y jeter une oreille ou deux en attendant le prochain album.
PRIX LIBRE
Ils prennent leur temps pour s’installer et le reconnaissent : « Désolé, on est chiant » nous adressent-ils. Mais bon, il y a un intérêt à patienter car la communication de l’événement promet que les
PRIX LIBRE « nous feront le plaisir de présenter leur nouveau line-up et leurs nouveaux morceaux ! ». Donc on attend ce second « OSNI » de la soirée (Objet sonore non identifié, pour ceux du fond qui ne suivent pas) et le t-shirt
MANTAR porté par le chanteur annonce du lourd. Effectivement lorsque le commando se lance, c’est pour nous envoyer 40 minutes d’un mélange très bruyant de gros Sludge accompagné de
samples Indus joués très forts. Le chanteur crie beaucoup et ce sont surtout ses aigus qui ressortent ; il est plus largement audible quand il se saisit du micro du guitariste.
Pendant leur session, le
pogo se répand dans toute la moitié de la salle, c’est impressionnant. Et ce ne sont plus des gobelets vides qui se baladent dans les airs, mais de la bière qui vole : attention aux shampooings au jus de céréales !
Je n’ai pas l’habitude de porter des bouchons d’oreilles mais là, j’aurais clairement dû (on se croit en boîte de nuit). Si quelqu’un connaît un gynéco pour oreilles, dîtes-moi car j’ai les conduits auditifs en sang...
Bon, ils nous quittent en partageant la confidence que c'était leur meilleure soirée (affirmation confirmée sur leur Facebook trois jours après, ça doit donc être vrai :-)). Ils avaient sorti un premier EP intitulé « (Mais respectueux) » en 2019 et pour ceux qui voudraient réécouter ou découvrir les nouvelles compos, la démo « (En l’état) » toute fraîche (de fin avril) et non mixée (à par le premier morceau) est disponible sur leur Bandcamp. Enfin, pour les
Thrasho lecteurs qui poseront leurs yeux sur cette chronique dans les temps, sachez que
PRIX LIBRE est à l’affiche d’un concert avec
GUMMO (et les punks de
NIGHT VISION) le 15 juin à Brasserie Spore d’Evreux (Normandie).
Merci à VISION 3D et GUMMO pour les photos.
Wahou, quel spectacle qui nous a tenus jusqu’à 1h20 du matin. Je ne sais pas si c’est le contexte de la Nuit blanche ou la programmation (sans doute les deux) mais c’était plus que sold-out, « archi complet » pour reprendre l’expression de smart & confused, l’organisation. On y a vu du monde, même des membres de groupes qui ne jouaient pas (je pense entre autres à SERPILLERE, PORC ou encore ANSIAX), ce qui est bien cool de leur part. Bref, merci à nouveau aux organisateurs (en plus l’entrée était prix libre), à tous les artistes et au public ! On compte renouveler l’expérience pour la Nuit blanche 2025.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
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Par Keyser
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Par Lestat
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