Superbloom - Pollen
Chronique
Superbloom Pollen
L’été est peut-être officiellement terminé depuis quelques jours maintenant mais ce n’est pas une raison valable pour ne plus évoquer ici ce genre d’album un peu plus léger et grand public qui ne devrait pas pour autant manquer de séduire tous ceux ayant grandit comme moi au son des grands noms de Seattle et de cette déferlante Grunge qui s’en est suivie pour le meilleur mais aussi pour le pire...
Formé à New-York en 2017 par quatre jeunes garçons qui n’ont pas connu l’effervescence de cette époque, l’aventure Superbloom a nécessité un peu de temps et de préparation avant de se mettre véritablement en ordre de marche. En effet, paru en juin dernier sur Thirty Something Records (label allemand spécialisé notamment dans la réédition de vieilleries Hardcore, Post Hardcore et Indie Rock telles qu’Orange 9mm, Pole*, Winston, Far, The Appleseed Cast...), Pollen n’est que le premier album du groupe de Brooklyn et au passage sa première sortie tangible puisque celui-ci fait suite à quelques singles disponibles uniquement sur Bandcamp sous forme dématérialisée.
Pour l’illustrer, Superbloom a utilisé un des nombreux collages réalisés par l’artiste américain Patrick Turk pour un résultat sympathique et coloré évoquant à juste titre toutes ces photos et autres superpositions disséminés dans les livrets de groupes tels que Pearl Jam, Nirvana ou The Smashing Pumpkins. Enfin, si le groupe s’est lui même chargé de l’enregistrement de ce premier album il a néanmoins confié le mixage à Joe Reinhart et le mastering à Will Yip, deux individus bien au fait de ce genre de son 90’s abrasif pour avoir notamment collaboré avec des artistes tels que Superheaven, Quicksand, Turnstile ou Nothing.
Maintenant que l’on en a terminé avec les présentations d’usage, intéressons nous quand même à l’essentiel c’est à dire à ces douze titres qui ne devraient pas manquer de fonctionner comme une machine à remonter le temps pour quiconque a déjà vibré au son de Nevermind, In Utero, Siamese Dream, Vs. et autre Foo Fighters. Pour commencer il y a effectivement cette production abrasive et équilibrée dont chaque élément renvoie au meilleur des années 90. De ces guitares rugueuses à cette basse aux rondeurs délicieuses en passant par cette batterie dynamique et naturelle et ce chant mélodique mais néanmoins un brin écorché, on sait où les quatre new-yorkais ont puisé l’essentiel de leur inspiration. D’ailleurs les musiciens de Superbloom ne s’en cachent pas, affirmant ouvertement en interview qu’ils n’ont effectivement rien inventé et que ce groupe n’est qu’un prétexte pour jouer cette musique qui durant l’adolescence et encore aujourd’hui continue de les faire vibrer. Et même si les Américains avait décidé de ne pas jouer franc-jeu, Pollen peut de toute façon difficilement faire illusion avec un premier morceau sobrement intitulé "1994".
Oui, si toutefois je n’avais pas été suffisamment clair, c’est bel et bien au coeur des années 90 que nous plonge Superbloom à travers un Rock Alternatif aux teintes Grunge et Punk pour le moins évidentes. Ainsi, outre cette production impeccable qui nous attrape d’emblée par les sentiments en faisant planer sur ces quarante-cinq minutes un doux parfum de nostalgie, ce sont surtout ces morceaux au feeling Pop évident qui rendent le voyage dans le temps aussi agréable et réussi. Une seule écoute, même distraite, suffit ainsi pour avoir dans la tête ces mélodies ensoleillées ainsi que certains de ces refrains particulièrement accrocheurs. De "1994" à "Hey Old Man", en passant par "Leash", "Nothing Else", "Spill", "Worm" ou "Pollen", difficile de résister à ce genre de tubes particulièrement bien ficelés. Tout y est pour faire chavirer le petit coeur sensible de ces rockers biberonnés aux clips MTV et autres Best Of Trash que l’on prenait plaisir à copier sur VHS... Certes, la formule déroulée par les Américains est d’une simplicité confondante et son manque d’originalité l’est également tout autant mais cela n’a aucune espèce d’importance car Superbloom, en plus d’avoir la tête sur les épaules à ce sujet, possède ce sens de l’efficacité et de la formulation qui rend chaque instant (ou presque) absolument délicieux. Il y a bien en effet quelques compositions un petit peu moins séduisantes comme ce "Mary On A Chain" ou ce "Whatever" aux allures d’hymnes Punk un peu trop "teenagers sautillants" à mon goût mais pour le reste, c’est un sans faute.
Outre tous ce que l’on a déjà pu aborder ici, outre également tous ces riffs abrasifs qui en quelques notes seulement vont réussir à capter l’essence de ce que le Grunge ou plus exactement le Rock Alternatif a pu représenter pour des millions de personnes à cette époque (on sent en effet cette même énergie, cette même intensité, cette même rage et ce sens aiguë de la mélodie imparable dans des titres comme "1994", "Hey Old Man", "Leash", « Nothing Else", "Spill", "Worm" ou "Pollen"), on appréciera chez Superbloom sa capacité à changer de temps à autre de registre grâce à des titres acoustiques particulièrement réussis. C’est le cas de "Muzzle" et "Glass Candy Wrapper" mais également de "Twig" qui par bien des aspects (dernier titre de l’album, composition particulièrement posée dont se dégage une atmosphère fatiguée et désabusée) n’est pas sans évoquer un certain" Something In The Way".
Bref, Pollen est un album qui devrait ravir à n’en point douter toutes les filles et tous les garçons de mon âge ayant vécu une partie de leur adolescence scotchés devant ces clips vidéos gages pour la plupart de découvertes, de bon temps et parfois de déception (cet enregistrement VHS programmé à 3h du matin qui finalement n’est pas passé, ce clip moisi que M6 s’obstine à passer en boucle chaque semaine...). Effectivement, Superbloom n’a rien inventé, effectivement ces quatre garçons sont trop jeunes pour avoir connu cette fameuse époque dont beaucoup semblent nostalgiques, effectivement Nirvana, Soundgarden, Pearl Jam, Alice In Chains ou The Smashing Pumpkins ont fait mieux en leur temps mais à vrai dire on s’en fout un petit peu car malgré tout cela, les quatre new-yorkais font extrêmement plaisir à entendre et perpétuent à leur manière et avec beaucoup de respect un certain héritage qui s’était quelque peu perdu avec le temps.
| AxGxB 27 Septembre 2021 - 1069 lectures |
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