Tardus Mortem - Engulfed In Pestilent Darkness
Chronique
Tardus Mortem Engulfed In Pestilent Darkness
A l’heure actuelle où tout n’est que tape-à-l’œil de mauvais goût, narcissisme exacerbé, autotune insupportable et autres débilités mises en avant pour demeurés mentaux… il est de bon ton de revenir aux sources et vers une simplicité bienvenue qui nous replonge à une époque bénie où les fléaux sociaux ne nous pourrissaient pas la vie, et où nous n’étions pas abreuvés d’informations superficielles et inutiles à longueur de journée. Alors quand on est une jeune formation et qu’on décide pour son premier long-format d’offrir quelque chose d’ultra-primitif et de limite cradingue on ne peut qu’applaudir des deux mains, tant le choix est osé à notre époque où les productions boostées aux amphétamines et au plastique tupperware ont pris le pas sur la chaleur humaine et le rendu naturel des amplis. C’est vers cela que s’est lancé ce jeune quatuor (devenu depuis peu un trio) originaire de Glamsbjerg au Danemark qui nous balance durant cinquante minutes un Death Metal putride et glauquissime qui sent bon la fin des années 80 et le début des 90’s en lorgnant autant du côté de ses voisins Suédois avec NIHILIST et GRAVE, qu’outre-Atlantique avec INCANTATION et AUTOPSY. Car si musicalement on retrouve facilement les ambiances primitives de ces grands noms ce qui marque surtout c’est cet enregistrement à l’ancienne au son presque d’une Démo de l’époque, donnant la sensation d’avoir été mise en boîte en une seule prise et à l’arrache dans le studio de répét’. Ceci va amener de fait un côté amateur pas dégueulasse du tout de par sa maîtrise conjuguée aux nombreux changements de rythmes et aux compositions à rallonge.
Car ne descendant jamais sous les cinq minutes celles-ci vont donner la sensation d’être un mur du son hermétique et désespéré à la noirceur absolue, et au sentiment d’oppression perpétuel. Si tout cela voit aujourd’hui la lumière du jour et des bacs ceci n’était pourtant pas gagné vu que cet opus est sorti originellement il y’a dix-huit mois de cela sur une toute petite structure indépendante Danoise, et que grâce à ses compatriotes d’Emanzipation Records il a aujourd’hui la chance de bénéficier d’une visibilité bien plus importante, et l’on ne peut que saluer le choix du label de l’avoir mis sur son catalogue. Il aurait été dommage en effet que la musique du groupe reste à jamais ou presque coincée dans les limbes de l’underground le plus profond et impénétrable, tant ce qui est proposé ici ne va pas être de tout repos car on va être embarqué vers quelque chose qui ne laissera pas indemne de par ses ambiances opaques et sa furie sonore débridée. Dès la fin de l’introduction où l’on se croirait embarqué dans un vieux film d’horreur typique de cette époque (entre la saga des « Freddy » et « Candyman »), via ses nombreux cris d’effroi en arrière-plan qui mettent en condition l’auditeur, l’ensemble ne va ensuite jamais baisser en intensité vu qu’il maîtrise autant la furia et la vitesse que les passages plus lents et rampants.
Si l’entité sait montrer une facette radicale et débridée sans temps mort via les assez courts et redoutables « Travelling Through The Dimensions Of Darkness » et « As Life Ends » (qui ne débandent pratiquement pas sur la durée), elle prouve néanmoins qu’elle sait jouer sur l’alternance entre les passages plus lourds et étouffants. Ce schéma de varier la rythmique est d’ailleurs présent en permanence de façon plus ou moins importante, notamment lors du démarrage de l’album qui mise lui-aussi sur le grand écart via les excellents « It Comes From The Darkened Obscurity », « Transcending The Human Form Through An Ascending Transmorphism » et « The Conclusion Of Non-Existence (Embracing The Infinite Nothingness) », aussi à rallonge que leurs titres (et d’une facilité incroyable à mémoriser…). Ici les blasts déchaînés et continus s’effacent de manière plus ou moins récurrente afin de laisser la place à de longs passages Doom grassouillets où l’on se surprend à remuer la tête au milieu de cet amas informe d’où il semble impossible de s’échapper, et où se créé un mur du son impossible à déchiffrer… surtout avec cette ambiance brute de décoffrage qui laisse la part belle aux passages instrumentaux. D’ailleurs afin de densifier encore un peu plus leur propos deux des membres amènent leur propre voix, et si elles sont toutes aussi caverneuses les unes que les autres elles possèdent cependant une tessiture différente qui permettent ainsi de créer un autre sentiment de peur au milieu du chaos ambiant, et dont les nombreux leads légèrement mélodiques et joués à l’arrache permettent d’entrevoir un soupçon de lumière. Ce côté où l’opacité s’efface légèrement apparaît sur l’entêtant et dynamique « Engulfed In Pestilent Darkness » où toute la panoplie des nordiques est ici présente, mais où les ténèbres et nuages semblent se fendre doucement pour amener une éclaircie qui hésite cependant à poindre le bout de son nez. D’ailleurs cette dernière sera définitivement absente de la conclusion « Tardum Spiritum Affert Ut Mortem » où entre une partie centrale d’où émerge le chaos total qu’il soit posé ou explosif (les extrémités voient l’apparition d’arpèges doux mais glaciaux), tout comme des zébrures et coupures à travers le ciel afin de signifier le calme avant et après la tempête toute proche.
Du coup même si on pourra reprocher à l’ensemble de se répéter sur la durée et d’être relativement interchangeable au niveau des plans de chaque instrument (dont il est parfois difficile de faire émerger un passage plus qu’un autre), il n’en reste pas moins que ce premier jet est une totale réussite qui suinte la mort par tous les pores (vu que ça parle majoritairement de scènes gores et de zombies… il n’y a donc rien de plus logique) et qui fait preuve d’une démarche à la sincérité absolue, ce qui se fait de plus en plus rare. Alors ça tombe parfois un peu comme un cheveu sur la soupe, ça s’étire sans doute inutilement et ça aurait gagné en accroche en allant plus à l’essentiel, mais il ne faut cependant pas occulter la qualité générale de l’ensemble à l’écriture fluide et sobre, qui ne s’encombre pas de futilités. Comme quoi la nouvelle scène Danoise a encore plus d’un tour dans son sac et voit émerger de partout nombre de jeunes loups prêts à en découdre et qui ont comme ambition principale de perpétuer l’héritage des vétérans, en continuant à le faire vivre de façon intensive et passionnée, et on ne va pas s’en plaindre !
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