La crise sanitaire et les confinements à répétition ont eu au moins pour effet positif de permettre à la plupart des groupes de dégager du temps (parfois plus qu’il n’en faut) pour se (re)mettre au boulot et travailler sur la suite de leurs aventures. Résultat des courses, l’année 2021 s’est montrée particulièrement chargée en matière de sorties avec d’ailleurs pour certaines formations, quelques retours non pas précipités mais en tout cas inattendus. Ainsi, un tout petit peu plus de deux ans après une première démo plutôt appétissante, les Allemands de Sijjin signent en cette fin d’année leur retour aux affaires avec la parution le mois dernier de leur premier album intitulé
Sumerian Promises.
Paru sous les couleurs de Sepulchral Voice Records, celui-ci laisse tout d’abord perplexe. En effet, hormis ce titre et cette couleur rouge sang, rien n’a changé puisque l’artwork de ce premier album est en effet identique à celui de
Angel Of The Eastern Gate (dont on retrouve d’ailleurs ici le morceau-titre). Alors je veux bien que les thématiques abordées soient effectivement les mêmes mais je trouve néanmoins Sijjin un brin fainéant sur ce coup... Le trio aurait en effet pu se donner la peine de marquer le coup mais a malheureusement préféré opter pour une certaine facilité. Dommage, même si je n’irai pas tourner le dos à ce premier longue durée sur la base de ce seul reproche.
En effet, toujours aussi flagrantes soient ses influences et peu original son contenu,
Sumerian Promises n’en reste pas moins un album particulièrement efficace qui ne sera probablement pas sans ravir les amateurs de Death Metal à l’ancienne, celui de la fin des années 80 marqué comme chacun le sait par des influences Thrash encore relativement évidentes à l’époque. Aussi, à l’instar d’un
Angel Of The Eastern Gate ayant permis de poser il y a deux ans les bases du son de Sijjin, c’est une fois encore du côté d’un certain Morbid Angel que vont aller marcher les Allemands pendant ces trois quarts d’heure. Une influence particulièrement évidente mais suffisamment bien digérée pour que celle-ci ne soit finalement pas trop pesante. Car effectivement, on retrouve également beaucoup de Malte Gericke et donc de Necros Christos dans le Death Metal que nous propose le trio allemand. De ce chant facilement reconnaissable à certaines constructions rythmiques elles aussi sans équivoques (certaines cassures) en passant par ces thématiques et autres introductions, conclusions et interludes aux consonances orientales évidentes, il semble vain de vouloir chercher à faire illusion…
De ce Death Metal thrashisant américain de la fin des années 80, Sijjin a conservé cette approche frontale et relativement simple qui caractérisait à l’époque des formations telles que Possessed, Necrovore, Incubus et bien évidemment Morbid Angel. À la différence d’un Necros Christos dans lequel Malte Gericke a évolué pendant vingt ans, Sijjin prend lui des chemins opposés, déroulant ainsi tout un tas de tempos plus ou moins soutenus pendant le plus clair de ces quarante-cinq minutes. De ces cavalcades thrashisantes ultra-classiques ("Daemon Blessex" à 0:17, "Dagger Of A Thousand Deaths" à 0:09, "Sumerian Promises" à 0:09, "Unchain The Ghost" à 0:33, "Darkness On Saqqara" à 0:20, "White Mantras Bleed From Black Magic" à 0:09...) à ces quelques séances de blasts plutôt brèves mais toujours bienvenues ("Those Who Wait To Enter" à 1:01, par bribes fugaces sur "Sumerian Promises", "Unchain The Ghost" à 3:19, "White Mantras Bleed From Black Magic" à 3:09, "Outer Chambers Of Entity" à 1:34...), c’est effectivement tête dans le guidon qu’est mené ce premier album. Et si le Death Metal de Sijjin ne brille ni par son intensité ni par sa brutalité, on appréciera néanmoins ce parti-pris rétrograde parfaitement assumé résultant en un premier album d’une très grande efficacité. D’ailleurs, notons également que la production du guitariste Ekaitz Garmendia n’y est pas non plus étrangère, celle-ci s’avérant particulièrement dynamique grâce en grande partie à cette batterie naturelle extrêmement entrainante et cette basse au son métallique qui n’a jamais à jouer des coudes pour trouver un semblant de place parmi les autres instruments. Une production sans artifice qui vraisemblablement n’a pas peur du mot "simplicité".
Si ces passages plus ou moins soutenus constituent l’essentiel de
Sumerian Promises et en font ainsi un album extrêmement convaincant d’un seul point de vue dynamique, impossible de passer sous silence l’apport du guitariste Ekaitz Garmendia dans la musique du trio. Outre tous ses riffs inspirés par Morbid Angel (flagrant sur les premières secondes d’un "Condemned By Primal Contact" ne feront) ou un morceau tel que "Hunting The Lizard" qui quant à lui va renvoyer inévitablement à tous ces interludes offerts à l’époque de Necros Christos, on va trouver également tout au long de l’album quantité de solos mélodiques particulièrement bien sentis et inspirés qui, sans nécessairement jouer la carte de l’hystérie à la manière d’un Trey Azagtoth possédé (malgré, il est vrai, un lien de parenté relativement évident), vont amener néanmoins énormément de caractère et de profondeur au Death Metal sinon trop linéaire des Allemands. De "Daemon Blessex" à 2:33 à "Dagger Of A Thousand Deaths" à 1:27 et 2:00 en passant par "Those Who Wait To Enter" à 1:40 et 3:19, "Sumerian Promises" à 1:56 ou
"Angel Of The Eastern Gate" à 1:39 et 4:36, les exemples ne manquent pas et vont permettre d’instaurer ces atmosphères sombres et sournoises qui planent sur ces onze compositions en plus d’amener évidemment ce qu’il faut de relief à des titres qui sans cela auraient sûrement parus beaucoup trop simples et répétitifs...
Dans la continuité d’une première démo agréable mais sans surprise aucune (si ce n’est celle d’entendre la voix de Malte Gericke sur un projet passablement plus énervé),
Sumerian Promises renvoi naturellement à bien des choses entendues depuis des années (et notamment Morbid Angel dès fois que je n’aurai pas été suffisamment clair...). Certes, le trio ne nous offre rien de bien nouveau à nous mettre sous la dent mais sa formule parfaitement rodée offre néanmoins tout ce qu’il faut à l’auditeur pour espérer passer un bon moment. Ainsi, grâce à ces riffs nerveux et efficaces, cette batterie toujours entrainante et variée, ces solos (plus ou moins) chaotico-mélodiques et ces ambiances prenantes,
Sumerian Promises ne devrait pas avoir trop de mal à vous convaincre même s'il faut bien garder en tête que Sijjin, par cette approche rétrograde, toujours très simple et inspirée par quelques grands anciens que je ne citerais plus, est voué quoi qu'il arrive à jouer en seconde division.
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